Politique 11/12/2015

Les convictions de Julien Dray

by Rédaction

Comment voyez-vous le déroulement de cette campagne des régionales ?

En tant que Vice-Président défendre le bilan me tient  à coeur dans cette campagne. Il n’est pas toujours facile de défendre son bilan. Je me rappelle les élections législatives, avec des bilans pour le moins difficiles  à défendre, notamment celle de 93. Mais là, franchement, je ferai la même remarque que tout à l’heure, c’est une campagne où je suis à l’aise et fier des réalisations accomplies. Je suis fier de les défendre. Je sais bien que certaines petites choses sont sujettes à critiques, mais il est plus agréable de faire une campagne quand on a un bon dossier, un bon bilan et des bonnes réalisations plébiscitées par nos concitoyens, que quand vous ne recevez que des critiques et êtes  déçu par ce que vous avez réalisé. Les réussites de mon bilan me placent dans un état d’esprit différent, moi qui suis un militant. Quand je m’investis dans des actions qui renvoient à mon être profond, c’est-à-dire me battre pour une idée, pour mes convictions, je me sens plus à l’aise

Revenons à un sujet beaucoup plus politique, votre bilan culture.

J’en suis fier. Mon bilan culture se résume en un chiffre: plus 18% d’augmentation des budgets de la culture en Île de France. Aucune collectivité locale, régionale ne présente un tel bilan. Et voilà, je l’ai fait grâce à Jean-Paul Huchon qui a accepté le terme que j’avais employé « sanctuariser le budget culture », ne pas le réduire, ne pas le diminuer , mais au contraire, à chaque étape, voir comment on pouvait essayer de le faire progresser, ce qui fait qu’aujourd’hui il y a des réalisations pour tous les Franciliens en matière culturelle. Nous l’avons réalisé dans un état d’esprit dont d’autres, peut-être, pourraient s’inspirer. La culture est un supplément d’âme, mais la culture  peut aussi être une action d’envergure économique. Nous avons démontré qu’en matière de cinéma, de production télé, chaque fois qu’un euro est posé sur la table pour favoriser la production d’un film, cela génère le retour de 7 euros en région Île de France. 100 000 emplois à la clé. Cela fut l’argument qui a permis de convaincre beaucoup d’ amis et camarades. La culture ce n’est pas de l’argent dépensé pour rien, c’est de l’argent efficace à double titre: celle crée de la convivialité, elle crée de l’émancipation, elle crée de l’intelligence, elle crée de la sensibilité, et en même temps c’est efficace.

Auriez-vous 3 ou 4 réalisations dont vous êtes particulièrement fier ou qui vous semblent particulièrement symbolique de votre action?

Il y a d’abord le Musée Passager, destiné à faire connaître l’art contemporain dans toute l’Ile de France. parce qu’il ne faut pas que la culture se résume à un privilège destiné aux Parisiens qui bénéficient des galeries. Nous avons créé un musée d’art contemporain qui se déplace en banlieue, un musée éphémère qui a été un énorme succès, notamment chez les enseignants des lycées. Ils nous disaient que c’était pour eux un élément très important d’animation de la réflexion de la vie culturelle dans l’établissement. Le second point c’est l’ensemble des dispositifs mis en place dans les collèges et lycées avec les médiateurs culturels. Ceux-ci visent à créer de l’animation dans les lycées, création dans les lycées de ces fameux ciné-clubs, de théâtres, de salles de répétition. Je crois que cela a été quelque chose d’important.  Cela s’est fait sur mon initiative: je voulais qu’on élargisse la culture à tous les publics, et notamment aux jeunes et lycéens. Lorsque je l’ai fait, tout le monde m’a dit « C’est vieux, c’est dépassé ». Aujourd’hui près de 80 ciné-clubs fonctionnent dans les lycées et ils fonctionnent bien.
Une autre réalisation me tient beaucoup à coeur, c’est le Prix Littéraire du Livre Lycéen, qui a lieu au moment du Salon du Livre, ce qui fait que pendant plusieurs mois, dans toutes les écoles, dans tous les lycées un certain nombre de livres sont choisis, lus, et évalués. Et chaque remise de prix au Salon est un moment d’émotion. Les lycéens et les professeurs sont réunis, certaines déclarations sont très émouvantes. de nombreux jeunes viennent nous voir, nous disent qu’ils n’aiment pas la lecture, n’aimaient pas lire et que nous leur avons fait découvrir quelque chose. Ils ont appris et découvert, c’est quand même quelque chose d’important.
Il y a aussi tout le travail dans la production et la réalisation cinématographiques. Celui-ci s’est traduit par des résultats. Au Festival de Cannes Vincent Lindon a déclaré: » Je n’aurais jamais pu réaliser La Loi du marché, si je n’avais pas eu l’aide de la région Île de France.

Lorsque je suis arrivé à la culture, les acteurs culturels se sont demandés ce que je venais y faire, peut-être raboter les coûts. Je n’étais pas considéré comme un homme de culture, ni comme un référent, et je trouvais cette attitude particulièrement infondée. Mon travail a été de leur expliquer ce qu’ avoir un responsable politique représente, et pas seulement une personne du monde de la culture, quelqu’ un qui s’occupe activement des actions culturelles. En résumé je ne fais peut-être pas toutes les inaugurations, ni toutes les avant-premières, mais mon action s’appuie sur quelque chose d’essentiel: les budgets, et du moment que je les obtiens, il n’est pas nécessaire d’aller s’afficher.

Vous êtes en relation forte avec le cinéma, d’après ce que j’ai pu entendre.

Oui, mais en relation humaine, et même à Cannes je suis extrêmement discret. Même si nous avons eu beaucoup de succès avec les films que nous avons soutenus lors du dernier Festival de Cannes, je monte les marches le dernier jour parce que ce n’est pas mon truc.

Et comme projet à mettre en place pour la prochaine mandature?

Je souhaiterais que l’on mette en place une agence régionale de Street -Art, et je regarde notamment en direction  du Val de Marne. Je pense que le Street-Art peut acquérir une dimension nouvelle si on lui accorde un statut. Sans cela, il reste comme une agression, alors qu’il y a des choses extraordinaires qui y sont réalisées. On a énormément de talents. L’idée est de recenser l’ensemble des artistes de Street-Art, de grapheurs en Ile de France, de faire un catalogue. A partir de là l’agence contacte l’ensemble des bailleurs sociaux des grandes entreprises pour offrir des murs. Ce que l’on voit, c’est qu’à chaque fois que l’on donne aux tagueurs, aux grapheurs la possibilité de s’exprimer sur des murs, on  accorde la liberté. Je pense donc qu’une agence régionale permettrait de créer une symbiose avec les artistes.

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