Feature, News 15/11/2013

36, Quai des Orfèvres, un centenaire, une légende.

by Rédaction

36, Quai des Orfèvres, plus qu’une adresse, un centenaire, une légende. Quand  la Police Judiciaire de Paris « ouvre ses portes » via l’ exposition 1913/2013: 100 ans de La Police Judiciaire de Paris, le 36 Quai des Orfèvres laisse entrevoir comment s’est construite sa légende,Le 36 Quai des Orfèvres fête son centenaire. Créée par le décret du 1 er août 1913 et l’arrêt préfectoral du 3 août de la même année  par le préfet Célestin Hennion pour la répression des crimes et des délits, la Police Judiciaire de Paris, sise au 36, Quai des Orfèvres eut comme premier directeur un magistrat, Henry Mouton.

De fait la répression des crimes et des délits, ne devint pas  une priorité en 1913, le  » 36 Quai des Orfèvres » perpétue une tradition déjà centenaire, mais l’histoire de la Police Judiciaire s’est construite à Paris sur des adresses. En 1888 la Sureté avait quitté le 7, Quai de l’Horloge pour le » 36″,  après l’incendie de la Préfecture de Police par la Commune. Dès sa création la Police Judiciaire s’inscrit dans une tradition d’efficience  puisqu’elle est l’émanation des fameuses Brigades du Tigre. Dès sa création aussi elle s’impose en rivale de la Sureté Générale. L’actualité consacra cette dynamique, et lui conféra cette aura légendaire.

Les affaires traitées par cette institution et ses brigades émaillent le siècle et l’histoire de Paris et des 3 départements périphériques qui dépendent de sa juridiction (75, 92, 93, 94) . Du « retour » de la Joconde, de Raoul Villain, assassin de Jean Jaurès à Guy Georges, en passant par Mestorino, Landru, Petiot, Violette Nozière, les frères Chaumet, Madame Claude, Mesrine, Valéry Subra ou le Gang des Postiches… suivre les enquêtes de la PJP c’est un siècle de petite et de grande histoire qui défile avec le Front Populaire et la Cagoule, le paradoxe de l’Occupation qui promut ceux-là mêmes que cette institution avait poursuivis, Buisson, Loutrel, Danios, Petiot. A travers ses investigations revit une fresque sociologique de Paris et de sa banlieue qui permet de cerner l’ampleur  de son rayon d’ action.

Car, par delà les affaires devenues célèbres et même légendaires, apparaît la complexité de cette institution dont les acteurs principaux sont voués à une nécessaire mais discrète efficacité. Leur anonymat, a contrario, participe pour beaucoup à l’ aura mystérieuse de cette Police Judiciaire  connue le plus souvent par des sigles ( BC, BRI, BSP, BPM, BEDJ  ) ou des abréviations d’autant plus évocatrices ( la Crim’, les Stups, l’Antigang). Les brigades elles-mêmes suivent une évolution institutionnelle constante. La Brigade Criminelle remplace la Brigade Spéciale, la Brigade Financière est créée, puis la Section de Recherche et d’Intervention. La  » Mondaine » laisse la place à la Brigade des Stupéfiants et du Proxénétisme, Création d’une Section Anti-Terroriste, d’un Groupe d’Intervention Régional, Brigade Anti-Gang, mais aussi  services scientifiques de pointe pour traquer la criminalité jusque dans ses métamorphoses les plus technologiques.L’évolution effective des procédures de traque et de recherche met en perspective les racines mais aussi les mutations de cette institution en un siècle.

Et en effet son champ d’action et ses moyens d’actions par leur technicité entretiennent aussi cette aura de légende et de mystère: analyses ADN, fichier génétique, recherches d’empreintes, traces papillaires, étude de photographies anthropométriques montrent l’évolution de cette lutte contre la grande délinquance, le banditisme spécialisé et organisé, mais aussi les délits économiques, financiers et la cybercriminalité..

Dès lors  le réel semble encore plus complexe que les oeuvres littéraires et cinématographiques qu’elle n’a cessé d’inspirer. C’est Georges Simenon qui « s’initie » auprès du Commissaire Guillaume et crée le Commissaire Maigret. Ce sont les films de Clouzot, Chabrol, Marchal. C’est le film Polisse qui reçut le Prix du Jury au Festival de Cannes en 2011. Et, à la veille du déménagement du 36 Quai des Orfèvres pour la ZAC des Batignoles,, l’exposition 1913/2013: 100 ans de Police Judiciaire de Paris, en retraçant son histoire sur le mode interactif conforte la renommée de cette institution.

Dominique Grimardia, Copyright Forksmagazine  novembre 2013.

1913/2013: 100 ans de La Police Judiciaire de Paris, 9 novembre au 8 décembre, sur une scénographie d’Olivier Ferracci, Champ de Mars, Ecole Militaire, 75007 Paris.

 

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