News, Politique 04/01/2017

Arnaud Montebourg: « The French New deal »

by Rédaction

Ambiance cosy et branchée au 80 quai de Jemmapes pour le point presse d’Arnaud Montebourg ce mercredi 4 janvier. Son discours, au contraire, fut particulièrement offensif.

La présentation du programme se fit au pas de charge: évocation de la notion de « patriote » économique – un remix du Made in France pourraient dire certains. Mais surtout l’expression d’une volonté d’agir et de ne plus accepter le fatalisme ambiant, le « laissez-faire ». Pour le candidat aux primaires  » lorsque l’on est patriote on ne laisse pas tout faire », et de citer ce qu’il considère comme un scandale: le dossier de la fusion du groupe para-pétrolier français Technip avec l’américain FMC Technologies, une alliance que Bercy n’aurait pas dû accepter, et au cours de laquelle le Ministre des Finances d’alors -précise-t’il- n’était peut-être plus tout à fait aux affaires de la France, car déjà en marche.

Dans ce domaine Arnaud Montebourg peut s’appuyer sur les positions qu’il a défendues lors de son passage au gouvernement, sur sa loi du 14 mai 2014 qui prévoit, entre autres, la possibilité de blocage d’opérations de rachats pouvant à terme porter atteinte aux intérêts économiques de la France. L’ancien ministre du Budget considère  nécessaire et légitime de changer de politique, en poursuivant l’objectif de « transformer concrètement l’économie française ». Pour ce faire une évaluation détaillée a été réalisée afin de chiffrer les mesures proposées et leurs conséquences macro-économiques.

Ces mesures s’appuient sur le travail. Elles prévoient tout d’abord une mesure d’allégement de la CSG sur les bas  salaires allant jusqu’à 1,5 fois le SMIC, afin de redonner du pouvoir d’achat aux Français, ce qui peut représenter selon les prévisions de son équipe jusqu’à un treizième mois de salaire. En sus de l’abrogation de la loi El Khomri, Arnaud Montebourg prône une réorganisation du travail, au travers de la notion de trois contrats: le contrat de travail classique, c’est à dire le contrat de travail que nous connaissons, le contrat de formation, et le contrat d’activité, afin que le salarié, lors de sa vie active, puisse être soutenu dans son parcours professionnel. Les travailleurs indépendants ne sont pas exclus des mesures envisagées, puisqu’une mesure est prévue en leur faveur afin d’éviter un versement de cotisation sociale fixe indépendamment du chiffre d’affaires, et plus particulièrement dans le cas où celui-ci est bas.

Arnaud Montebourg a toutefois fait le choix de ne pas réaliser une présentation par trop chiffrée. Les références littéraires et philosophiques illustrent abondamment son discours, passant de Romain Gary avec « Le nationalisme c’est la haine de l’autre », à Kant et « Il faut universaliser son comportement ». Candidat de « la fin de l’austérité » et, sans la  citer en latin, Arnaud Montebourg s’appuie sur la phrase de Sénèque  « Errare humanum est, perseverare autem diabolicum ». Il considère donc que la politique doit être une politique de croissance, puisque l’orthodoxie financière et l’austérité ont démontré leurs limites compte-tenu de leur incapacité à faire diminuer le chômage.

Pour Arnaud Montebourg, « l’Europe applique des règles ». Son programme de candidat aux primaires s’appuie sur le constat qu’il est « nécessaire d’appliquer une stratégie particulière « à la France, et de quitter une politique « monétariste et archaïque », car keynésienne. Arnaud Montebourg souhaite introduire des mesures audacieuses: un intéressement pour les salariés, en fonction de certains résultats. Il n’hésite pas à évoquer la possibilité, lorsqu’un président de société du CAC 40 obtient une augmentation de salaire, que celle-ci puisse aussi s’appliquer au prorata à l’ensemble de salariés.

Il est certain que, depuis son passage à Bercy, Arnaud Montebourg a su garder une même vision de la politique à mettre en oeuvre pour la France . Celle-ci l’a amené à quitter le gouvernement compte-tenu des désaccords avec François Hollande à propos de la politique économique et industrielle à suivre. Il existe chez lui une constance certaine dans la continuité de la logique économique et du combat politique. Un courage et une constance qu’apparemment, semble-t-il, n’ont eus ni Manuel Valls ni Emmanuel Macron. Le premier donnant le sentiment que le candidat à la primaire s’oppose en de nombreux points à l’action menée par celui qui fut Premier Ministre, il y a moins de trois semaines. Le second donnant l’impression qu’il n’a pas souhaité se battre au sein du gouvernement pour mettre en oeuvre la politique qu’il considère aujourd’hui comme nécessaire et indispensable pour un renouveau politique.

La fidélité à ses idées sera-t-elle un gage de réussite? Nous le saurons dans quelques semaines.

Jean Cousin

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