Art & Culture, Movies 20/05/2018

Cannes 2018 Palme d’or à « Une Affaire de famille » d’Hirokazu Kore-eda

by Rédaction

Samedi 19 mai la 71e édition du Festival de Cannes s’est terminée avec la remise des différents prix. Et l’attention se portait plus particulièrement sur la plus prestigieuse récompense du cinéma mondial: la Palme d’or au cinéaste japonais, Hirokazu Kore-eda pour  son film « Une affaire de famille ».
Lors de cette cérémonie de clôture tant attendue par les réalisateurs, acteurs et l’ensemble du monde du cinéma, car les surprises sont toujours au rendez-vous. Il faut imaginer, au fur et à mesure des projections, les spéculation multiples sur le choix de la Palme d’Or. Durant le festival de Cannes les projections et conférences de presse sont en effet l’occasion de permanentes comparaisons et analyses. Et il est toujours difficile de pouvoir cerner ce qui va permettre à un film d’obtenir la consécration apportée par cette distinction.
Cette année donc, le jury présidé par l’actrice Cate Blanchett a attribué la Palme d’or au film d’Hirokazu Kore-eda « Une affaire de famille ». Il avait déjà obtenu en 2013 un prix du jury pour le film « Tel père, tel fils ». Hirokazu Kore-eda a d’ailleurs déclaré en recevant sa récompense: »A chaque fois que je viens ici, que je suis invité au Festival de Cannes, je me dis que c’est vraiment un endroit où l’on reçoit beaucoup de courage ».
Hirokazu Kore-eda a souhaité faire part qu’il souhaitait que son prix soit partagé, en tout cas symboliquement, « avec les deux réalisateurs qui n’ont pas pu être présents ici à Cannes », l’Iranien Jafar Panahi et le Russe Kirill Serebrennikov, tous deux interdits de voyager à l’étranger, et avec « les jeunes réalisateurs qui commencent dans le métier et qui vont nous créer beaucoup de beaux films à l’avenir ».
De bien entendu, durant ce festival, la position vis à vis de Netflix et les éventuelles conséquences sur la venue de certaines compagnies américaines a été évoquée. Il est certain que Netflix apporte des capitaux nouveaux à l’industrie du film, en particulier aux sociétés de production américaine, principales bénéficiaires de cette manne. Mais il n’en demeure pas moins qu’une question reste en suspens, celle du »film projeté en salle ». Netflix et les autres opérateurs du nouveau modèle économique qu’ils préconisent ne fontt en réalité qu’une reprise de ce que font toutes les télévisions du monde entier depuis cinquante ans, la production de produits dédiés à leurs antennes.
La différence se situe par les moyens financiers mis en oeuvre: la création d’équipes de gestion compactes et peu onéreuses, et leur capacité à pouvoir saisir des projets de réalisateurs, parfois très reconnus, qui n’ont pas été ou encore pris en compte par le long et complexe système de mise en oeuvre des projets dans le monde du cinéma. En outre la tarification attrayante au lancement, permet d’écarter les structures en place mais, une fois les concurrents historiques fragilisés, ces structures augmentent régulièrement leurs tarifs.
En ce qui concerne les autres récompenses le Grand Prix a été remis par Benicio Del Toro, acteur et président du jury, à « Un certain regard ». Chang Chen membre du jury des longs-métrages, a décerné le prix au réalisateur Spike Lee pour son film plein d’humour à la limite parfois du réel, « BlacKkKlansman ». Un film sur l’histoire vraie d’un policier afro-américain qui a infiltré le Ku Klux Klan en 1978. Spike Lee n’avait pas participé à la compétition cannoise depuis le film Jungle Fever en 1991.
Le prix du jury a été remis par l’acteur Gary Oldman et l’actrice Léa Seydoux, membre du jury, à Nadine Labaki réalisatrice libanaise du film « Capharnaüm ». Celle-ci a également souhaité partager son prix avec les « enfants de la rue » qui jouent dans son long-métrage, qui  » lui ont ouvert leurs cœurs et raconté leurs souffrances ». Et elle a rappelé que son pays, le Liban, a accueilli un grand nombre de réfugiés, ce qui a donné tout son sens au tournage de son film. De même il lui a semblé utile que, grâce à ce prix du jury, une prise de conscience puisse avoir lieu et qu’il n’est plus possible de « ne plus continuer à tourner le dos et rester aveugle à la souffrance de ces enfants qui se débattent comme ils peuvent dans ce capharnaüm qu’est devenu le monde ».
Une Palme d’or spéciale a été accordée à un réalisateur pour le moins spécial, Jean-Luc Godard, une reconnaissance expressément demandée par le jury à Thierry Frémaux, délégué général du Festival, et à Pierre Lescure, son président, pour son film « Le livre d’image ». Bien évidemment fidèle à son personnage iconoclaste, Jean -Luc Godard n’était pas présent, bien qu’il affirmât dans le même temps regarder la cérémonie sur son portable. Nouvel acte de modernité débridée, après celui de sa conférence de presse sur FaceTime. Selon Cate Blanchett, cette Palme d’or spéciale permet de rappeler que Jean-Luc Godard est un « artiste qui fait avancer le cinéma, qui a repoussé les limites, qui cherche sans arrêt à définir et à redéfinir le cinéma ».

Le prix d’interprétation masculine a été remis par l’acteur Roberto Benigni à l’acteur Marcello Fonte pour son rôle dans le film de Matteo Garrone « Dogman ».
Le prix de la mise en scène a été attribué au réalisateur polonais Pawel Pawlikowksi pour « Cold War ». Ce prix a été remis par le cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako aux côtés de l’actrice Kristen Stewart et du réalisateur Denis Villeneuve, membres du jury. Il s’agit de la première participation de la Pologne à la compétition cannoise.
Le prix d’interprétation féminine a été attribué à l’actrice Kazakhe Samal Yeslyamova pour son rôle d’une réfugiée kirghize poussée aux dernières extrémités pour survivre dans « Avka » , réalisé par le Russe Sergev Dvortsevoy.
Avant de remettre ce prix d’interprétation féminine, l’actrice Asia Argento, accompagnée de la membre du jury Ava DuVernay, est revenue sur le viol qu’elle a subi par le producteur américain Harvey Weinstein. Elle fit en effet partie des premières actrices à l’avoir dénoncé, déclenchant un mouvement de libération de la parole aux conséquences mondiales. Elle a notamment affirmé que le producteur américain ne serait « plus le bienvenu » sur la Croisette.
La Caméra d’or qui récompense un premier film toutes sections confondues a été décernée au film de Lukas Dhont, « Girl ». Il y a avait bien longtemps qu’un film de la Flandre n’avait pas obtenu un prix. Ce long-métrage avait déjà reçu la Queer Palm, et l’acteur principal Victor Polster le prix d’interprétation remis par le jury de la section Un certain regard.
La Palme d’or du court-métrage, décernée par le jury des courts-métrages et de la Cinéfondation, présidé cette année par le réalisateur Bertrand Bonello, a récompensé le film de l’Australien Charles Williams, All These Creatures. Une mention spéciale a été attribuée au court-métrage du Chinois Wei Shujun, Yan bian shao nian (On the Border).

Et voici qu’ainsi se termine cette 71e édition du Festival de Cannes. A l’année prochaine donc pour la 72e édition du Festival de Cannes.

Jean Cousin

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