De l’être et du paraître, le nouveau Pritker Prize 2012

by Rédaction

Le nouveau Pritker Prize tout nouvellement annoncé est remis à l’architecte chinois Wang Shu. Le choix de ce lauréat illustre bien la problématique de l’architecture moderne, à savoir pourquoi l’on construit. Quel concept directeur, quelle philosophie poursuit l’architecte, ce maître ( parfois relatif) du projet.
S’agit-il de décorer la ville, de créer une spatialité tridimensionnelle dans un espace urbain ou dans un lieu donné,  de se préoccuper du mieux-vivre de ses futurs habitants, ou de gérer la consommation d’énergie ?
Le parti-pris de l’architecte Chinois Wang Shu est en tout cas celui de l’esthétique. La présence du bâti s’impose, chargé de  toute sa force symbolique, au-delà de toute autre considération. D’aucuns pourraient assimiler le choix de ce lauréat à l’évocation du dynamisme chinois en matière de construction. Ce serait peut-être établir un raccourci facilement trompeur et dénier, sous le coup d’un opportunisme  abrupt , la valeur et la symbolique du choix de Wang Shu, premier architecte chinois récompensé. Le président du jury, Lord Palumbo,  nous donne quelques éléments de réponses en déclarant : « Comme dans toute grande architecture, l’œuvre de Wang Shu est capable de transcender le débat entre tradition et modernité, en produisant une architecture qui est hors du temps, profondément ancrée dans son contexte et pourtant universelle. »
« Le fait qu’un architecte chinois soit sélectionné par le jury représente un pas significatif vers la reconnaissance du rôle que joue la Chine dans le développement des idées architecturales, a indiqué le lauréat. Dans les décennies à venir, la réussite de la Chine dans son urbanisation sera importante pour le pays et pour le monde. Là comme ailleurs, elle nécessitera de se faire en harmonie avec la culture locale et les besoins locaux. »
Par le choix de cet architecte le jury a, semble-t’il, réouvert le vieux débat de l’être et du paraître. Mais le jury du Pritzker Prize a surtout consacré la distance entre une architecture qui apparaît  comme une  somptueuse utopie à l’aulne de la réalité politique -au sens propre- dans laquelle elle a pris forme. Avec ce prix renaît tout le foisonnement de la mission de l’architecte, l’un des acteurs au premier plan de l’élaboration de cette cité-état, et dont l’engagement, avec ces résonances platoniciennes  pour les occidentaux, semble souvent bien distant des lieux de vie des citoyens et habitants des mégalopoles du vingt et unième siècle. L’enjeu effectivement, bien qu’associé en cette occasion à la Chine,  n’est alors un défi spécifique ni de ce seul pays, ni du seul continent asiatique.

Forks magazine
© Forks 2012

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