News, Politique 29/03/2017

Emmanuel Macron face à un ralliement de trop ?

by Rédaction

Quelle était donc la raison de la conférence de presse de mardi après-midi d’Emmanuel Macron à son QG , convoquée dans un délai si court. Ce matin la réponse à la question que l’on pouvait légitiment se poser est tombée: l’annonce que Manuel Valls allait le soutenir. L’ancien premier ministre a en effet déclaré ce matin à l’émission de  Jean-Jacques Bourdin sur BFM-TV      « Oui, je voterai pour Macron »  en expliquant ce choix par sa volonté de « sauver les intérêts de la France ».

Or tout laisse à penser que ce ralliement est de trop. Encombrant certainement, si ce n’est dangereux à cet instant de la campagne pour  Emmanuel Macron qui a donné hier une réponse par anticipation à la prise de position de Manuel Valls.  Après avoir commencé son intervention sur les mots « Le monde d’hier et le siècle nouveau », invoqué  » …une forme de lucidité », affirmé n’être  » ni la droite de 1934, ni la gauche de 1981… , Emacron legislativemmanuel Macron a déclaré viser   » l’ objectif de tourner la page », rappelé les origines  de son mouvement  « En Marche », et les convictions qui doivent emporter l’adhésion des électeurs indécis. De fait pour la première fois Emmanuel Macron, évoque l’indécision de 40% des électeurs.

Emmanuel Macron a ensuite donné un court rappel de principe  sur la constitutionnalité de la V ème République et sur le rôle du premier ministre qui gouverne et assume les conséquences de sa politique et sur celui du président qui le nomme et  l’oriente. Une critique à peine voilée de l’ancien premier ministre qui dans quelques heures va lui accorder son soutien. Pour appuyer son raisonnement le candidat d’ En Marche assène une constatation: « Les concitoyens veulent de l’efficacité » .

 

Emmanuel Macron enchaina sur une clarification sémantique et une affirmation : « Un soutien égale une voix, mais pas une place » .

La question se pose alors du futur de ceux qui le soutiennent aujourd’hui. Ne figureront-ils donc pas dans le gouvernement, ni parmi les députés? C’est en quelque sorte un soutien libre et désintéressé que nous annonce Emmanuel Macron. Toutefois la situation est infiniment plus complexe que semble vouloir la présenter le candidat d’ En Marche ». Il semble par ailleurs très surprenant qu’un homme politique s’oppose à son parti, à son engagement sur l’honneur pour n’être dans le futur qu’une voix sans poste.

On pourrait présumer que l’origine du  message d’Emmanuel Macron, présenté à la presse media mardi après-midi, traduise plutôt  une volonté de rassurer les électeurs qui ont l’intention de voter pour le candidat d’ En Marche, mais  qui – là réside l’un des paradoxes- ne sont  pas certains de ne pas changer d’avis sur ce choix. Message aussi à ceux qui veulent le rejoindre. Si d’aventure ils envisageraient d’obtenir plus que le poids de leur voix, la mise au point  a été faite. Ils n’auront rien.

A l’issue de la manoeuvre, d’aucuns peuvent se retrouver bien seuls. Autre paradoxe: Manuel Valls  se retrouve au milieu du gué, avec son quarteron de députés prêts à changer de camp, tout en ne représentant par ailleurs, en tout et pour tout, que les 800 000 votants de la primaire de la gauche, qui peuvent également  apprécier diversement son ralliement politique. Il a en effet déclaré au micro de BFM ce matin comme fondement de sa décision le fait qu’il ne souhaitait « prendre aucun risque pour la République: » Je prendrai mes responsabilités … ce n’est pas une question de coeur, c’est une question de raison ». Et puis d’ ajouter que sa position était motivée par l’effondrement de la candidature de François Fillon, et la crainte que son camp soit marginalisé!

Dorénavant quelle que soit la position officielle présentée par Emmanuel Macron, le doute est là. Comment un homme politique d’expérience comme l’est Manuel Valls  peut-il, alors que les français, à plus de 40%, n’ont pas défini leur vote, prendre un risque pareil sans aucune contre-partie ? Ni « officiellement  » en cas de victoire de Emmanuel Macron, ni officieusement dans le  cas où celui-ci ne serait pas élu ?

Une campagne présidentielle, qui devait, il y encore quelques mois, être une promenade de santé pour  Alain Juppé, le vainqueur désigné par les sondages depuis avril 2016, s’est transformée en quelques semaines en une situation inextricable où les Français sont confrontés à de multiples désillusions. La disparition de leurs champions dès les primaires. Une confrontation avec des contradictions et dissimulations à répétitions qui font sombrer François Fillon  dans les sondages. Dorénavant, compte tenu du rythme des événements, doit-on s’attendre dans les semaines qui viennent à de nouveaux rebondissements? Et, pour les amateurs de suspens, pourquoi pas un ultime coup du sort qui redistribue, une fois encore, les cartes à la veille du premier tour de scrutin?

Dominique Grimardia, Pierre Cusson

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