Nous assistons actuellement à une évolution du monde de la mode: à la périphérie de la mode parisienne des talents apparaissent et s’imposent dans toute l’Europe au travers des Fashion-Weeks qui ont désormais lieu dans la plupart des capitales culturelles.
Parmi celles-ci, la fashion-week de Copenhague que nous avons décidé de couvrir afin de donner un éclairage sur les nouvelles tendances et marques en Europe. Nous avons réalisé le premier focus sur la designer Barbara I Gongini, une marque nordique créée au Danemark. Le parcours de sa designer, Barbara I Gongini, commence par des études à l’Institut of Unica Design suivi d’un Diplôme du Denmark Designskole. Le « Brand » développe une création basée sur une approche 
conceptuelle, minimaliste et épurée. Sa vision forte , l’élaboration d’une philosophie a permis à sa marque d’obtenir le prix en 2008 de l’Agence danoise des Arts, et du ministère danois de la Culture. En effet, ses collections ont un vecteur fort et personnel qui s’appuie sur une élégance gothique et mélancolique.
Agnieszka : Barbara, vos collections ne sont pas seulement d’une conception complexe, minimaliste et très nordique. Vous y avez ajouté de la valeur en suivant des règles éthiques et des principes durables . Vous avez en effet été nominée en 2010 pour l’ Ethical Award par le Fashion Award Committe Danois. Comment cela se reflète-t-il dans vos produits ?
Barbara : C’est un petit peu égocentrique. Nous essayons d’être derrière le projet, qui est une partie des activités de l’Institut de
la mode de Copenhague. En tant que marque, nous sommes très actif dans le débat pour faire comprendre que l’industrie a aussi une longue histoire dans l’élaboration écologique, ce qui est en fait un cas de gaspillage de ressources car les matériaux ont besoin de beaucoup de travail pour les nettoyer de leurs impuretés. Nous avons donc profondément réfléchi pour tout recycler et offrir une seconde vie aux produits. Nous avons finalement trouvé un fournisseur japonais, Kodyagi, qui est vraiment un maître dans la recherche pour le recyclage des matières plastiques et des matériaux déjà existants afin de les transformer en produits très raffinés.
Ici, vous pouvez trouver des Rolls Royce fabriquées en textiles. Ils ont développé le plus incroyable des matériaux et c’est cela
que nous essayons de soutenir en ce moment. Nous travaillons également avec du cuir et de la fourrure, mais nous faisons vraiment en sorte que ces agneaux, chèvres, vaches ou n’importe quel animal ne souffre pas de la captivité. Lorsque nous entrons en relation avec le fournisseur, nous approfondissons et discutons pour vérifier que la fourrure disponible soit conforme à notre éthique. Donc il s’agit vraiment d’une question importante pour nous.
A : Votre collection AW12 n’était pas de nature saisonnière. Je prends même le risque de dire que SS13 avec le singulier jaune citron se détache du reste des tenues. Décririez-vous ce show comme étant la référence de la saison ? Ou avez- vous une autre analyse ?
B : L’été j’aime mettre de la couleur, mais la façon dont je travaille c’est l’exercice de la forme. Donc l’ajout d’une couleur, l’impression, etc, c’est un autre défi. La forme m’intéresse plus particulièrement , donc je mets la couleur de côté. Le printemps et l’été, je me sens d’humeur pour quelque chose de plus exubérant, donc c’est du bleu, du jaune qui apparaissent dans la collection.
A : Les collections que vous créez ont un ADN personnel fort, avec un caractère cool, brumeux, très brut. Je dirais qu’elles sont plus chic que tendance, mais dans un sens très frais. Comment reliez-vous ces références opposées?
B. : Nous sommes réellement attachés à agir sur la scène d’avant-garde classique, qui existe depuis de nombreuses années. Il y a quelques principes dans l’avant-garde. Les Japonais par exemple étaient très bon dans ce domaine dans les années 80 et la fin des années 90. Je viens d’un endroit très environnemental. Le Nord est vraiment agréable, c’est un endroit très froid,
gris avec de la pluie tout le temps. Et l’île toute entière est une sorte de passage de rochers où tout est dense.
C’est vraiment au milieu de nulle part. Et je pense que j’ai assimilé cette ambiance en moi, en interprétant tout. Voilà donc comment je suis. Cela vient du nord avec un type particulier de mélancolie, pas dans le sens destructeur, mais dans un sens très familier – une bonne mélancolie.
A: J’ai vu que vous aviez trois principaux canaux de distribution comme les showrooms scandinaves, à Paris et à Milan. Avez-vous prévu d’augmenter la diffusion de votre travail pour bientôt?
B : Nous avons Marcona 3 en Italie qui est notre distributeur mondial. Cela nous permet de gagner de nouvelles destinations. En Scandinavie, nous nous gérons par nous-mêmes.
A: Barbara, je vous remercie pour le temps que vous m’avez accordé, malgré le rush des coulisses.
B: Tout le plaisir fut pour moi.
Interview: Agnieszka Polkowska
Photos: Katarzyna Bartoszewicz
Traduction Dominique Grimardia
Forks magazine © Forks 2013
