Politique 27/07/2018

Gérard Larcher devient’il le Maître du Jeu pour la révision constitutionnelle

by Rédaction

Gérard Larcher, Président du Sénat, a annoncé ce matin que les travaux de la commission parlementaire d’enquête dureront 6 mois.

En effet le dossier que certains appellent « l’affaire Benalla » ouvre pour Gérard Larcher la possibilité de pouvoir s’opposer à la « Blitz Krieg » d’Emmanuel Macron sur la révision de la Constitution et, en particulier, sur la diminution du nombre de parlementaires. Cette diminution est loin d’être anodine puisque, sous couvert de « simplification » et « d’efficacité », se profile en réalité le plus important redécoupage des circonscriptions de la V ème République.

Les mesures actuellement proposées dans le cadre de cette révision de la Constitution par le gouvernement ne sont peut-être pas toutes destinées à être adoptées, mais elles sont de nature à modifier totalement le fonctionnement des parlements et, par là-même, les institutions de la République. Le gouvernement a effectivement fait Le choix de distinguer les mesures qui peuvent être adoptées par le parlement, et les mesures qui doivent être adoptées en Congrès exceptionnel à Versailles. Cette politique habile ne laisse donc par là-même qu’une marge de manoeuvre étroite et délicate pour le Président du sénat.

L’affaire Benalla tombe donc à point nommé. Elle ouvre à Gerard Larcher un éventail de nouvelles possibilités pour préserver la Constitution au plus prés de son schéma actuel. Même si celle-ci présente – ce qui est d’ailleurs tout avait naturel- des défauts, elle n’en demeure pas moins le fruit de prés de soixante-dix années de travail parlementaire, de règles et d’usages acquis. Ce qui permet à la France de disposer d’un cadre juridique institutionnel stable.

Les Français attendaient des changements, certes nécessaires, mais qui présentent des résultats concrets dans leur rapport avec l’administration, et dans leur vie quotidienne. A cet instant, il ne semble pas qu’ils puissent percevoir les contours des-dits changements de manière franche et positive.

La tribune ouverte pour l’opposition à l’Assemblée nationale, de Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen en passant par le PS et le LR, dénonce les tentatives d’obstruction de la commission parlementaire. Cette situation est donc de nature à bloquer le projet d’Emmanuel Macron. D’aucuns prétendent même, en particulier au sein des LREM, qu’il s’agit d’une agitation excessive au regard des actes de Benalla.

Il n’en demeure pas moins que le PS dans un communiqué de presse dénonce: » Sur injonction de l’exécutif, la commission d’enquête qui avait pour mission de faire la lumière sur « l’affaire Benalla » a été sabordée par la majorité présidentielle dans un mépris assumé du travail parlementaire. Cette entrave n’est qu’une manifestation de plus de la concentration des pouvoirs voulue par Emmanuel Macron ».

« Alors que les premières auditions laissent apparaître un mensonge d’Etat, la commission des lois constituée en commission d’enquête s’est vue refuser toute possibilité d’auditionner les collaborateurs d’Emmanuel Macron auprès desquels officiait pourtant M. Alexandre Benalla. Le Parti socialiste s’élève contre le traitement réservé à l’opposition comme la stigmatisation de la presse sans laquelle le comportement de M. Benalla n’aurait jamais été jugé « inacceptable ». Ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est le rapport de confiance nécessaire qui doit être maintenu entre les Français et ceux qui les dirigent. La République ne peut reposer sur le mensonge.. »

Dans le même temps Christophe Castaner adresse un message aux adhérent-e-s d’En Marche en ces termes; « Car, au final, c’est cela la République exemplaire. Une République exemplaire n’est pas une République où ne se commettent ni erreur ni faute, mais une République qui les regarde en face, qui en accepte les conséquences et qui les corrige. Ce système de contrôle doit être prompt, libre et juste. Démocratique et transparent. » Et le Délégué général de La République En Marche! conclut par « Nous n’oublions pas pourquoi nous sommes là : pour transformer, ensemble, notre pays en profondeur. Alors, nous restons au travail. En Marchex! »

Or justement parmi les transformations à venir pour 2019 figure celle du prélèvement à la source pour 2019. Cette réforme s’annonce d’ores et déjà comme une opération difficile pour le gouvernement en termes politiques et en terme d’image. En effet, il apparaît de plus en plus que cette réforme génèrera de grandes difficultés pour Français . Ils devront en effet continuer à gérer leurs factures au quotidien, et ce avec l’ amputation d’une partie de leur revenu.

De même, la réforme de la SNCF, dont le régime était de toute façon destiné à disparaître, a entraîné une perte de plus de 700 millions d’euros à la SNCF, des mois de difficultés pour les usagers. Toutes ces mesures ont un résultat politique négatif immédiat alors que leur impact ne pourra être tangible que dans 5 à 10 ans. Autant de possibilités pour le Président du Sénat de mettre en avant l’opportunité de garder en état le système parlementaire actuel.

En l’état la campagne pour l’élection présidentielle d’Emmanuel Macron a permis de discerner la volonté des Français de voir leur quotidien s’améliorer. Il est aussi certain que les mesures radicales présentées par François Fillon qui souhaitait, entre autres, supprimer 500 000 postes de fonctionnaires, une grande partie des aides sociales, auraient risqué de créer une déflagration sans améliorations immédiates pour la majeure partie des citoyens.

Mais il n’en demeure pas moins que les résultats concrets de la politique mise en oeuvre par le gouvernement semblent pour l’instant maigres et peu perceptibles. Et la modification de la Constitution présente toutes les caractéristiques d’une mesure dont le sens échappe aux Français qui, eux, souhaitent une politique « ici et maintenant ».

Jean Cousin

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