Politique 08/07/2019

Gestion d’Etat ou charge de cavalerie du ministre Jean-Michel Blanquer ?

by Rédaction

Calendrier extrêmement serré, pas de concertation, résultats du bac le vendredi après-midi et premiers oraux de rattrapage le lundi matin, possible annulation des inscriptions Parcours-sup déjà validées, doutes sur la sincérité des corrections, protestations des personnels des syndicats: voici en quelques mots le paysage à la suite des décisions du ministre afin d’obtenir une victoire totale sur un possible retard des résultats du Bac.

La victoire est donc là pour le ministre, mais quelle en sera son prix politique? Quelle sera l’image donnée aux jeunes générations des résultats du bac 2019? Certes le Ministère de l’Education nationale souhaitait la disparition du bac, pour le remplacer par un système basé sur une évaluation continue. Mais fallait-il agir ainsi ?

Alors que Parcours-sup 2019 fonctionnait plutôt bien, avec très peu de remise en cause, ce qui a évité au ministère de l’ Education nationale les dénégations martiales faites pendant des années pour APB, et qui ont abouti à sa remise en cause lors de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron, le bac 2019, lui, a atteint son point de rupture.

Il suffisait d’ être présent ce matin à la Maison des examens d’ Arcueil pour constater le désarroi des parents face à des situations humaines qui ne sont ni à la gloire de l’esprit républicain ni -semble-t’il – la récompense des efforts fournis par les élèves durant l’année.

Copie sans annotations, absence du nom du correcteur, de celui du président du jury, témoignages de toutes parts du personnel de l’Education nationale qui constate que le strict respect des instructions a conduit au strict irrespect des règles régissant les épreuves du Bac.

La logique d’égalité des chances est bafouée. En effet, si certains candidats ont pu obtenir des rattrapages, les dysfonctionnements sont légion. Hélène, par exemple, a été confrontée au refus d’obtenir la communication de certaines copies. En maths elle a obtenu un zéro , malgré trois pages de réponses, et le fait qu’apparemment son jury était en grève. Bilan: une moyenne de 7,22 alors qu’ elle a obtenu une inscription en Sciences sociales à Nanterre. Pour Béatrice , il semblerait que les notes ne soient pas en corrélation avec les notes obtenues pendant l’année, puisqu’ elle a obtenu par concours l’ ISA, une école de marketing qu’elle ne peut rejoindre sans bac. Pour Anne une moyenne de 15 en maths, la note de 2 retenue pour le bac, elle est désespérée. De même pour le prix des doubles des copies que les candidats demandent aux centres, les prix varient de 1 à 2,5 euros.

Le ministère de l’Education nationale que nous contacté pour avoir leur position sur les dysfonctionnements qui nous ont été rapportés et la position politique du ministre Jean-Michel Blanquer dans ce contexte n’a pas souhaité répondre.

Politiquement Les Insoumis ont lancé Comment est votre Blanquer? avec un site www. commentestvotreblanquer.fr, cherchant à se rapprocher de leur électorat qui est globalement plutôt jeune, le tout avec un look rappelant OSS117. La charge là aussi est lourde, mais impossible de joindre le service presse des Insoumis. Toutefois force est de constater qu’à cet instant aucun démenti n’a été donné par le ministère de l’Education nationale aux témoignages parus sur le site, et qui sont loin d’être anodins.

L’une des clés de voute de la République est en effet le principe d’Egalité devant le Service public. C’est un principe constitutionnel, fondamental dans la hiérarchie des normes. Et Jean-Michel Blanquer l’a surement appris à ses étudiants, lui qui fut professeur de Droit public et enseigna à la faculté de Droit de Lille 2.

Le Président de la République a souhaité faire part de son attachement au respect de l’institution « bac », une façon de soutenir son ministre de l’Education nationale, mais pourra-t-il demain continuer à le soutenir?

Jean Cousin, Marie Combes

Les prénoms ont été changés.

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