Economie, Feature, Interview 04/06/2012

Global Editors Network News World Summit 2012 Etat de l’art de la presse mondial ?

by Rédaction

Après Hong Kong en 2011, le Global Editors Network (GEN) démarre sur un constat un peu sombre: «Les revenus publicitaires sont, comme chacun sait, en net recul dans les media traditionnels, surtout pour les journaux», telles étaient les déclarations de Xavier Vidal-Foch, président du Réseau mondial des rédacteurs en chef, qui ouvrait le News World Summit se tenant dans le cadre des salons d’apparats de l’Hôtel de Ville de Paris. Trois jours de conférences sur l’état de l’art pour la presse, et pour la presse en ligne plus particulièrement.
Mais tout  d’abord qu’est ce le Global Editors Network ? Il s’agit d’un réseau mondial des rédacteurs en chef, comptant  600 membres qui organisent, entre autres, un événement annuel, le  News World Summit. La moitié des rédacteurs en chef sont issus de la presse écrite, surtout des quotidiens, un quart de la radio et de la télé, et le quart restant de nouveaux acteurs (agrégateurs d’info, pure players…). Et afin d’analyser les perspectives de croissance et d’innovations dans  la presse, les pistes explorées aujourd’hui s’appellent crowdsourcing, data journalisme, fact-checking…
Car le paradoxe aujourd’hui, dans la presse d’information, est qu’ il n’y quasiment aucune industrie qui n’a à ce point su transformer ses méthodes de travail et de gestion, faisant preuve d’augmentation de sa productivité et création. Avec toutefois en corollaire un résultat financier proche de  Zéro. Pris en effet par les coûts des forfaits internet et mobile, les utilisateurs d’une part ne peuvent dégager des budgets suffisants pour payer la presse et les annonceurs d’autre part préfèrent diminuer leurs investissements marketing pour augmenter leurs résultats annuels.
Cela est confirmé par les propos de Martha Stone, Directrice exécutive du World Newsmedia Network. Elle a posé le constat suivant: la publicité locale, « en augmentation », représentait une « excellente opportunité », mais elle a était, pour moitié, destinée aux grands acteurs non-médias comme Google, Microsoft ou Facebook. « C’est seulement un quart de la publicité locale qui va aux journaux, et 10% à la t.v. locale. »
Seules des initiatives très pointues, comme les sites Examiner.com, issus du San Francisco Examiner après l’arrêt du papier, ont trouvé un modèle économique et équilibré leurs comptes.
En effet Leonard Brody, le président de Clarity Digital Group, la maison-mère des sites Examiner, affirme:  « Nous avons créé une machine de production de contenus, avec des experts, des gens du coin, des passionnés… Des dizaines de milliers de contributeurs, les Examiners ». Des journalistes amateurs, qui écrivent sur leur ville, sur leur quartier, et qui sont rémunérés au nombre de pages vues. « C’est plus puissant qu’un réseau social traditionnel ! »
Mais, derrière ce bel enthousiasme, on ne peut que constater que tout cela n’est, somme toute qu’un pis-aller, en attendant que la redistribution des revenus en direction de la presse soit effective.
Car l’industrie de l’information est très couteuse en moyens financiers, et ne peut, comme en France, continuer à être financée par l’Etat à hauteur de 1,2 milliards d’euros par an.

Jean Cousin

Forks magazine © Forks 2012

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