News, Politique 10/03/2017

La campagne présidentielle « A la recherche du second souffle »

by Rédaction

En boxe, lors d’un match, le mythe du second souffle, supposé ou réel, est une constante onirique de l’affrontement sur ring. Or, à cet instant de la campagne 2017, après deux primaires, leurs conséquences en terme de scissions, défections, retournements ont épuisé les états-majors. Les stratégies mises en place s’essoufflent, ne se concrétisent pas.

Les sondages, jadis baromètre respecté des campagnes, ne sont plus que des ombres dont les prédictions donnent parfois le sentiment qu’ils reflètent plus les espoirs de ceux qui les ont commandés qu’un reflet réel des opinions du corps électoral. Le débat sur le fond, sur les programmes, est devenu, semble-t-il, inaudible pour les Français qui assistent, impuissants, à des batailles d’ambitions personnelles. Et le sentiment général assimile plutôt les prises de position à des tentatives de survie politique qu’à une recherche de l’intérêt général.

François Fillon, confronté depuis plusieurs semaines aux conséquences d’une présentation inexacte du rôle important qu’a et que joue sa femme à ses côtés, a permis de constater en quelques jours le départ et dorénavant le retour de plus de 200 parlementaires, élus, ténors, caciques et soutiens de campagne. Le succès du meeting du Trocadéro, dimanche, lui a permis de stopper net les tentatives entreprises pour l’évincer, mais non de reprendre l’offensive de la course à la présidentielle.

Benoît Hamon s’était égaré jusqu’à dimanche dernier dans la recherche d’une unité de la gauche en essayant d’obtenir l’accord de toutes les gauches par le désistement en sa faveur de Jean-Luc Melenchon. Cette seule solution pouvait lui garantir le ralliement sans condition de l’aile droite du gouvernement et du PS, mais cette manoeuvre a échoué. Dorénavant priment meetings et déplacements prévus en Martinique, Guadeloupe, à La Réunion, en complément de ceux qu’il effectue régulièrement dans toute la France, et surtout des émissions politiques, tribunes pour la présentation de son programme.
Sa conférence de presse, ce vendredi à la Maison de l’Europe avait pour sujet…l’Europe.
Le candidat Benoit Hamon a décidé de frapper fort. Considérant la politique d’austérité européenne comme un « échec » et « une impasse », il affirme que « le statut quo est devenu impossible », que la Banque centrale européenne, la direction du Trésor française et son homologue allemande « seraient à l’origine de la problématique » de l’absence de croissance.
Il serait en outre nécessaire de créer une nouvelle gouvernance européenne avec 105 député(e)s « en proportion à la population des pays ». Cela revient peu ou prou à un schéma comparable à l’ex-Europe des Six, avec Cinq pays cette fois, l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne, qui représentent plus de 50% de la population européenne.
Le volet Défense fut aussi évoqué bien qu’il s’agît plutôt d’un assaut pour la reconnaissance et la prise en compte budgétaire du « parapluie nucléaire français », des capacités de projection des armées françaises et de la nécessaire mise en oeuvre de la coopération européenne en matière de défense pour pallier le futur abandon de l’Otan présenté dans le programme de Donald Trump.

Pour Jean-Luc Melenchon, à cet instant, le sentiment qui domine est qu’il ne dispose pas des moyens financiers nécessaires à la recherche d’un second souffle. Il avait brillamment innové avec son meeting par hologramme pour la présentation de son programme sur You Tube. L’échec des négociations avec Benoît Hamon semble avoir laissé groggy son équipe. Plus de point de presse, des déclarations inaudibles. Seules les intentions de vote lui assurent un socle de résistance à cette situation, et pour samedi un déplacement à Rome. Faut-il y voir un symbole?

Emmanuel Macron, jeudi à en croire la matinale présentation enthousiaste d’un sondage par le site web grand quotidien qui le gratifie d’une augmentation record des intentions de vote de 20 à 25%, bénéficierait-il d’un second souffle purement « sondagier »? Hormise sa conférence de presse de jeudi dernier, rien ne justifie un tel et soudain engouement, si ce ne sont les ralliements réguliers. Parmi ceux-ci, le dernier en date est celui de Bertrand  Delanoë, ancien maire de Paris. Toutefois l’ambiguïté et la diversité de ces ralliements posent question. Comment Emmanuel Macron  pourra-t’il gouverner avec des soutiens que la vie politique des vingt dernières années a souvent fait s’opposer frontalement? De là à ce que d’aucuns assimilent même le mouvement « En Marche » à une auberge espagnole…

Miracle, second souffle pour d’autres, la campagne 2017 est loin d’être terminée en terme de rebondissements.

Jean Cousin, Marie Combes, Dominique Grimardia

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