Interview, Politique 04/12/2015

La Prédictivité Mythe ou Réalité en cette période électorale

by Rédaction

En cette période électorale, et à la veille des deux scrutins pour les régionales, les sondages réalisé par les grands instituts donne des résultats que l’expérience récente, nous amène à considérer avec un certain scepticisme. Mais l’influence d’un sondage par contre n’est pas neutre sur l’électorat et peu même induire des réactions contradictoires. Isabelle This Saint Jean a réalisé un important travail de recherche sur ce thème dans sa thèse tout d’abord dont le sujet était « Anticipations et croyances autoréalisatrices. Indétermination ou prise en compte des « facteurs psychologiques » en économie ». Suivi d’analyse au travers d’articles comme « Des prophéties auto-réalisatrices de Merton au concept général d’auto-réalisation ou « Autoréalisation et communication en économie »

Comment définir  » La croyance auto-réalisatrice » et son champ d’application ?

La croyance auto-réalisatrice est un concept très vieux dans la l’histoire de la pensée.Cette terminologie en tout cas, et le développement de cette théorie se retrouve sous la plume d’un sociologue, Merton comme un concept  opérationnel pour les sciences humaines et social. Notamment pour se saisir des situations de discrimination et racisme.Il s’appuie sur ce concept opérationnel notamment pour se saisir des situations de ségrégation. Il donne comme exemple les procédures d’embauche aux Etats-Unis entre les deux guerres. En fait, à cette époque-là, certaines organisations syndicales, travaillées par des préjugés racistes, avaient la main sur le recrutement. Elles n’ embauchaient pas la population noire sur la croyance que les noirs sont des briseurs de grève. Cela mettait la population noire dans une situation telle que, forcément, au moment des grèves et des conflits sociaux, les noirs se trouvaient dans une situation où ils ne pouvaient pas éviter d’être  » des briseurs de gréve ». Cela auto-entretenait une situation de fait.

C’est un concept qui est extrêmement opérant et, par la suite, il a été réintroduit en économie. Il est extrêmement courant, notamment sur les marchés financiers où une grande partie de leur évolution, dans leur dimension spéculative, repose sur des convictions auto-réalisatrices. J’attends, par exemple, que telle ou telle entreprise fasse telle action. J’annonce que telle ou telle action va dans un sens. Ma parole génère des effets auto-réalisateurs ou, au contraire, auto-destructeurs. En tout cas il y a un effet de la parole, d’un discours scientifique sur la réalité, dont on est sensé rendre compte.
Moi, je m’interrogeais au point de vue épystémologique, car cela pose une question particulière sur la différence entre le discours théorique et les faits dont on est censé rendre compte, puisqu’on génère, par son discours théorique, soit la confirmation de son discours théorique soit son invalidation. Mais dans tous les cas on ne peut pas valider empiriquement un discoure théorique comme dans d’autres disciplines. Cela pose donc des questions sur ce que est la scientificité dans les sciences sociales. On le trouve en économie, en sociologie, en sciences politiques avec les sondages. La dimension auto-réalisatrice des sondages, l’annonce d’ un sondage peut générer des contradictions.  vous allez voter contre le sondage si au contraire cela vous entraine vous allez voter pour c’est pour cela que dans certains pays une interdiction de la diffusion des sondages est établis dans les derniers jours qui précédent les suffrages. Et la question qui m’intéressaient c’est au-delà du caractère opérationnel en économie pour ce saisir d’un certain nombre de réalités économiques, ce que cela introduit de rapport par rapport au fait et la question epystémoliogique

– L’appliquez-vous en politique?

Je ne l’applique pas en politique. Il est sûr, c’est clair, que la parole joue un rôle, et que la crédibilité de la parole politique est essentielle. Mais en même temps, derrière la parole il faut qu’il y ait toujours des actes, et que les paroles soient suivies d’effet. Je ne me limite donc pas à être dans le processus d’auto-réalisation ou d’auto-destruction. En politique j’essaye de porter un certain nombre de valeurs, un certain nombre de convictions qui se déclinent avec de grandes priorités politiques sur le secteur de la recherche et de l’enseignement supérieur -ce qui se voit facilement-, et de les concrétiser dans des actions assez précises. Donc, non! Je ne crois pas que je mobilise l’auto-réalisation en politique, j’essaye de faire simple. Je pense que nous sommes dans une époque où la situation est tellement grave que nous devons essayer de faire simple. Il est beaucoup plus facile d’être cynique dans le décalage aujourd’hui que d’être dans l’action engagée. J’essaye de porter avec la plus grande simplicité possible mes convictions, mes valeurs, afin que cela se traduise par des actions précises, et de trouver des solutions à des problèmes dans un secteur majeur qui est celui de la recherche et de l’enseignement supérieur.

Jean Cousin

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