Interview, Politique 06/03/2016

L’analyse de Corinne Lepage pour les présidentielles de 2017

by Rédaction

Après avoir apporté votre soutien dès le premier tour à François Hollande, quels ont été les atouts au niveau politique de ce positionnement pour les dernières élections ?

Dans le cadre de notre action politique nous sommes des gens plutôt loyaux, mais notre loyauté comprend dans le contrat initial une certaine indépendance, nous sommes sur ces bases-là.
Pour les régionales nous avons fait des accords parce que nous ne pouvions pas faire autrement, mais par contre pour les départementales nous avons des élus qui ont été élus « avec leur petit bras ». Nous avons six conseillers départementaux élus directement. Certes nous essayons d’être dans une alliance, dans la mesure où nous avions choisi François Hollande et même avant le premier tour. Il est clair qu’ensuite il y avait une logique.

Depuis de nombreuses années vous vous battez et ce dans des conditions délicates car tout le système privilégie le bipartisme, quelles sont donc les raisons qui vous motivent en politique?

Je dirai qu’à partir du moment où vous avez des convictions, et que vous apercevez que ce que vous avez pu dire il y a vingt ans, il y a trente ans, était justifié, c’est une motivation forte. Même si, à l’époque, on vous avait dit que vos propositions étaient du grand n’importe quoi.
En réalité, le grand n’importe quoi à l’époque n’était pas du coté où l’on pouvait l’imaginer. Il faut continuer, pas forcément de la même manière, et l’évolution de Cap 21 est le reflet de ces mutations.

Nous sommes partis d’un mouvement qui pourrait être qualifié d’écolo-centriste, et nous avons essayé d’imaginer une autre forme d’organisation politique. L’organisation que nous avons mis en place pour Cap 21 est extrêmement originale puisque nous sommes, à ma connaissance, la seule organisation politique de forme coopérative dans laquelle il existe deux collèges: un collège politique et un collège société civile. Ces deux collèges ont exactement le même pouvoir et par-dessus le marché fonctionnement selon un système de partenariat qui fait que nous pouvons travailler avec d’autres mouvements ou avec des personnes physiques appartenant à d’autres partis politiques, sans qu’ils entrent dans l’organisation politique elle-même. Par conséquent cela nous donne une grande facilité de travail, et cela est statutaire.

Comme voyez-vous le futur pour la prochaine élection présidentielle ?

Il faudrait que l’on arrive à faire émerger une candidature société civile. Pourquoi devrions-nous y arriver? Parce que beaucoup de nos concitoyens ne votent plus ou votent extrême-droite , parce qu’ils ont sentiment que droite/gauche c’est pareil, et qu’il leur faut essayer autre chose.
Ce que je voudrais leur dire c’est d’essayer eux-mêmes, de travailler à ce que des mouvements de la société civile travaillent ce qu’il y ait des débats, et à faire émerger des gens que les autres partis ne feront pas sortir, que les autres ne mettront pas sur la place publique et c’est l’idée qui a été lancée à Angers en septembre 2014, il y a un an et demi. Nous avions invité pour débattre de ce sujet citoyen, Nouvelle Donne, les Zèbres, le Pacte Civique, On passe à l’acte, des hommes et femmes politiques, et des intervenants de la société civile. Nous avions dit « Vous défendez tous une place de la société civile, dans la politique. Ne peut-on pas essayer de trouver une plate-forme commune ? A la suite de cela, d’autres initiatives furent prises à partir de la même idée. Le travail qu’il faut maintenant accomplir est de les rassembler. Maintenant nous devons voir si nous pouvons faire fonctionner cela. Personnellement je pense que cela aurait du sens. Je ne crois pas à une candidature écolo en 2017, non pas parce que le sujet n’est pas majeur, je pense qu’il n’a jamais été aussi important, mais parce que le contexte géopolitique est tel q’il n’y pas de place pour un candidat qui n’aurait que ce programme. Je pense qu’en passant par la société civile on peut arriver à relier un certain nombre de sujets dans lequel le modèle de développement économique et le mariage de l’économie-écologie jouent un rôle important, mais le candidat ne doit pas nécessairement  être estampillé écolo.

Cela vous semble-t’il envisageable, car votre expérience politique de plusieurs campagnes présidentielles vous a fait apparaître la nécessité des importants financements dont à ce jour seules les deux principales formations du pays bénéficient ?

Effectivement, j’en ai pleinement conscience puisque j’ai fait trois campagnes présidentielles. Plus exactement deux et demi, puisque lors des  dernières présidentielles, j’ai obtenu par mon travail de terrain 485 signatures. Je pense qu’il faut un peu d’argent pour gérer toute la pré-campagne. Mais pour moi, le problème majeur ce sont les médias, beaucoup plus que l’argent. Le problème est que vous avez des médias qui ne jouent absolument pas le jeu, un Csa qui ne fait pas travail de maintien du pluralisme, vous avez donc tout de suite, dès le début de la campagne, des grands candidats, des petits candidats. En tant que petit candidat vous n’avez aucune place, et c’est cela qui me gène. Car l’argent, lui, il vient si vous avez une visibilité.

En vue des présidentielles de 2017, il y a déjà les candidatures annoncées de plusieurs ténors du parti les républicains dont deux anciens Premier Ministre, au nom de l’unité du Ps de Hollande celle semble s’imposer et  Marine LePen pour le FN, la pré-campagne est déjà fortement encombrée par de nombreux candidats ?

Je pense que si on a quelque chose de profondément différent, il y a une place. En revanche pour ce qui sera traditionnel, que ce soit centre gauche, extrême gauche, ou l’écolo ils seront absorbés. Il n’y a qu’une candidature vraiment différente qui peut changer la donne. Et cela ne sera possible que s’ il y a une véritable coalition qui se mette en place.

Jean Cousin

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