News, Politique 05/04/2017

Le débat télévisé de 4 heures à 40 millions d’euros pour les présidentielles

by Rédaction

Quarante millions d’euros c’est à peu de choses près ce que va rembourser l’état aux candidat(e)s qui  auront dépassé les 5% de suffrages exprimés en leur faveur lors du premier tour des Présidentielles.

Un débat exceptionnel par sa durée, près de 4 heures. Un débat destiné à permettre aux onze candidats qui ont obtenu les 500 parrainages nécessaires de débattre sur leur programme.

Un débat pourtant réducteur par son format, puisqu’il doit être fort logiquement égalitaire par le temps de parole et les questions abordées. Limités en temps, les candidats se retrouvent pris au piège des raccourcis, des formules-chocs, ce qui a pour effet de les conduire à trop synthétiser et, par là même, à dénaturer le contenu de leurs programmes.

Et surtout un débat qui n’a pas donné la possibilité aux électeurs de prendre connaissance du très important travail réalisé par les équipes et différentes commissions qui ont participé à l’élaboration des programmes des candidats. Cela est dommageable pour la qualité du débat démocratique, car il y aurait une réelle utilité à rendre compte de la densité des différentes propositions.

Le résultat de ce débat à 11 candidats n’a peut-être abouti qu’à une érosion des intentions de vote pour les cinq candidats placés en tête, car il apparaît que les grands vainqueurs de ce débat sont les six candidats ne bénéficiant ni des moyens ni de l’appareil d’un parti qui leur permettent d’avoir eu une présence médiatique forte.

Il est certain que Philippe Poutou ou Nathalie Artaud ont pu attirer l’attention d’électeurs, et vraisemblablement conduit un certain nombre d’entre eux à envisager une réorientation de leur vote en leur faveur. Cela a pour effet, pour le candidat le plus proche de leurs sensibilités, et fort logiquement, de diminuer les intentions de vote pour Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon n’étant somme toute que marginalement concerné.

Nicolas Dupont-Aignan, proche des 5%, a bien évidement cherché à capitaliser au maximum ce débat. Il a placé les candidats François Fillon et Marine Le Pen face à un certain nombre des contradictions qui peuvent apparaître dans leurs programmes. De même François Asselineau et Jacques Cheminade, par leurs positions, ont déstabilisé Marine Le Pen,

Mais ce qui prévaut surtout c’est la difficulté pour les instituts de sondage de pouvoir présenter une situation claire, car un nombre important de sondés n’a pas encore déterminé de manière définitive son choix. Par contrecoup, alors que les résultats présentés lors des précédentes élections dictaient de façon quasi prédicative l’opportunité de la participation aux débats de tel ou tel candidat, pour ces élections présidentielles 2017, fait nouveau, un débat avec 11 participants.

Les sondages actuels semblent effectivement toujours manquer curieusement d’à-propos. Il est particulièrement étonnant que la solution politique de quitter l’Europe proposée par Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, un point crucial de leur programme, ne soit pas plus débattue. De surcroît la décision du Royaume-Uni de ne plus faire partie de l’Union européenne n’a pas été prise en compte dans les raisonnements et propositions de ces deux candidats. Quid de leur réactivité? Mais s’il faut en croire la lecture des résultats des sondages, tout ceci semble totalement échapper à leurs électeurs.

De même quid du corps électoral le plus important en France, celui des fonctionnaires, évalué à plus de six millions de votants, avec François Fillon qui propose 500 000 fonctionnaires en moins, et Emmanuel Macron 150 000? L’impact de ces mesures, qui représente pour le moins une charge de travail supplémentaire, n’a -semble-t-il- aucune influence sur les intentions de vote. Apparemment toujours, les mesures d’intérêt général prennent le pas sur les intérêts catégoriels.

Ce débat de mardi soir n’a malheureusement pas permis de privilégier l’analyse des points forts et des faiblesses des programmes des candidats. Somme toute il ne semble pas avoir permis non plus aux indécis de progresser dans leur prise de décision.

Marie Combes, Pierre Cusson

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