Le Fashion Helmut Newton

by Rédaction

C’est la première rétrospective Newton, à Paris, bien que Berlin lui eût fait part de la reconnaissance de son talent en ouvrant en 2004 un musée totalement dédié à son travail. Cette exposition  permet de pouvoir voir un grand panorama des images de ce photographe. Que cela soit son travail rédactionnel avec des images de mode des années 60, 70 et 80,  ses photos plus artistiques avec sa série de grands nus, ou bien ses polaroids, ainsi qu’une vidéo réalisée par June. D’autres clichés n’ont pas été choisis, comme les séries réalisées avec un instamatic kodak dans les années 80.

Mais qui était donc Helmut Newton dans les années 80? Tout d’abord une personnalité différente dans le  monde de la mode, à la fois iconoclaste, et en même temps profondément inféodé au système. Il a, à sa manière, révolutionné la photo de mode en y projetant l’image de femmes fortes, conquérantes, loin des clichés de l’époque.

Mais cette femme était paradoxalement présentée dans une sexualité où elle apparaissait à la fois dominante et dominée. Et c’est là qu’apparaît  toute l’esthétique de la contradiction apparente des images et des discours d’Helmut Newton. Il aimait affirmé et prétendu haïr le bon goût et l’art. En réalité il travaillait pour l’un des magazines le plus conservateur et le plus représentatif de ce bon goût, Vogue France.

En ce qui concerne son aversion affirmée de l’Art, il a créé avec sa femme June un musée à Berlin entièrement dédié à son travail. Prétendant ne pas être être un technicien hors-pair, il ne présentait que des photos irréprochables, mais n’utilisait que peu de moyens techniques. Présentant le luxe, il n’hésitait pas à envoyer à son éditeur la facture du tirage de sa photo d’un format 10 sur 12 cm pour illustrer une biographie.

Photographe considéré à juste titre comme un maître de la mode, il était pourtant  le maître du nu.  Il était le photographe des paradoxes et des contradictions, comme ce shooting de Haute Couture réalisé en plein chantier de construction, dans le ballet des pelleteuses.

Pas de retouches, mais ses tirages sont le fruit d’un formidable travail en chambre noire. Helmut Newton faisait refaire et refaire ses tirages, déchirant parfois celui qui ne lui convenait pas, en dépit du fait que cela représentait  des heures de travail acharné pour celui qui faisait ses tirages. Et bien que le terme de « retouche » soit similaire, il ne s’agissait pas d’un travail fait sur Photoshop, mais de masquages réalisés de façon à éclaircir, renforcer ou masquer certaines parties ou zones du tirage, ce qui rend unique chaque tirage argentique, car jamais aucun n’est parfaitement similaire.

Une exposition réellement intéressante.

Jean Cousin

Forks magazine © Forks 2012

Grand Palais

HORAIRES ET TARIFS

Du 24 mars au 17 juin 2012 : Tous les jours, sauf le mardi, de 10h à 22h. Fermé le 1er mai (ouverture les mardis 17 et 24 avril)
Plein tarif : 11 euros
Tarif réduit : 8 euros
(13-25 ans, demandeur d’emploi, famille nombreuse)

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