Politique 29/11/2016

Le parti socialiste: arbitre des primaires ?

by Rédaction

La conférence de presse de Jean-Christophe Cambadélis a été l’occasion de mettre  « le cahier des cahiers » du PS, sous le titre « Les Cahiers de la Présidentielle ». Ceux-ci sont d’ailleurs définis par le Premier Secrétaire du PS comme  « le programme de la veille maison ». Indépendamment en effet de l’activité médiatique des candidats des primaires, pour Jean Marc Cambadélis il est un axiome non négociable, celui selon lequel « la synthèse, c’est le Parti Socialiste ». Avec cela, la création d’un slogan « Nous voulons un nouveau « nous » français », et un axe directeur autour de 5 idées fortes et 20 défis à relever, d’après les analyses des hiérarques du parti après les cinq années de redressement du quinquennat.

jean-christophe-cambadelis-29-novembre-2016-forks-magazineIl est certain que, pour reprendre en mains une situation complexe, il est indiscutablement très habile d’affirmer les priorités du PS au sein des débats des primaires, de façon à gérer ce qui semble apparaître, aux yeux de la direction de PS, comme un excès de candidats et concomitamment de programmes. L’exercice est délicat. Il s’agit d’être positif vis-à-vis de la politique menée durant le quinquennat, une politique qui, malgré tout, n’apparaît pas à la majorité  des Français comme de nature à justifier un renouvellement du mandat de François Hollande. Et, fort logiquement, il faut relever que les 20 défis listés dans « Les Cahiers de la Présidentielle » ne sont pas apparus spontanément. Il s’agit plutôt de problèmes récurrents non résolus à ce jour. La nécessité de s’y atteler n’en n’est que plus urgente, mais elle fait aussi apparaître les manquements du gouvernement.

Prenons l’une d’entre elles , la proposition d’un « souverainisme » européen. Un débat nécessaire. Prévoir une homogénéisation des économies européennes sur les plans budgétaires, fiscaux et sociaux, s’avère en effet urgent. Ce n’est toutefois pas un débat nouveau au sujet des instances européennes.  Reconnaissons aussi que ce débat n’aboutit pas, et ce depuis des années. Il fut souvent empêché par des pays qui n’ont parfois qu’une population de quelques centaines de milliers d’habitants, mais dont la prise de position handicape, par contre, des centaines de millions d’Européens. L’actualité a d’ailleurs récemment mis en exergue l’Irlande où un taux d’imposition des sociétés à 12,5%, l’un des plus bas d’Europe, ne semblait pas satisfaire des multinationales, et qui accorda à Apple des taux de l’ordre de 0,005%. In fine ces constatations, certes de bons sens, ne sont-elles pas un peu tardives? Et la question se pose surtout de savoir si ce type de débat est de nature à garantir un report des voix sur l’actuel locataire de l’Élysée.

Le Premier Secrétaire du PS, en déclarant « Je crois que ce sont les électeurs de gauche qui vont le définir et venir aux primaires pour mettre un peu d’ordre », se fait sage et veut surtout, d’ores et déjà, conjurer le chaos qui semble apparaître à l’horizon politique. En déclarant « Le débat est utile, la crise n’est pas nécessaire », c’est une façon pour Jean-Christophe Cambadélis de donner un avertissement aux six candidats déclarés à la primaire ouverte de la gauche, qui sont Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, François de Rugy, Marie-Noëlle Lienemann, Gérard Filoche et Jean-Luc Benhamias, et pour lesquels le carton jaune n’est pas loin d’être mis.

Jean Cousin

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