Politique 08/12/2015

Le PS cavalier seul face au Fn pour un échec et mat

by Rédaction

 Au parti socialiste, le choc consécutif de la perte d’une grande partie des régions gagnées en 2010  ne pouvait qu’être depuis longtemps intégré dans sa stratégie politique. Les sondages avaient confirmé mois après mois, qu’il ne pouvait pas obtenir les scores des élections régionales de 2010. Les résultats  de dimanche ne furent donc pas une surprise, pas plus que la montée du Front National. L’annonce faite peu après 20H par Nicolas Sarkosy que Les Républicains n’envisageraient ni retrait ni fusion pour le second tour était aussi  une option envisageable depuis quelques jours.

C’est donc dans une situation contrôlée et analysée de longue date que Jean-Christophe Cambadélis a annoncé dimanche soir dans sa déclaration que « le Parti Socialiste décide de faire le barrage républicain  au FN » en particulier pour les régions Provence Alpes Côte d’Azur et Nord Pas de Calais.

Il est certain que cette position est particulièrement habile de la part du parti socialiste. Il adopte une attitude vertueuse, une image de protecteur de la démocratie, conforme aux valeurs et au symbole historique de la gauche française. Cette position est de nature à créer et conforter le rassemblement républicain voulu pour le second tour.

En échange de deux régions qu’il était impossible de gagner, le parti socialiste peut démontrer aux électeurs qu’il est un parti d’idées, de conviction et d’humanité. Les résultats du second tour indiqueront si cette attitude portera ses fruits, en particulier pour les scrutins des régions où il existe des opportunités de finir en tête des suffrages exprimés.

Cette décision permet aussi de délivrer un message clair aux électeurs  pour les présidentielles de 2017. Face à une droite fragmentée, où aucun leadership clair  n’est à cet instant assuré, au sein de leur propre parti parmi les principaux possibles candidats aux présidentielles, le parti socialiste devient le seul recours. Jean-Christophe Cambadélis a insisté sur les résultats qui font apparaître un total gauche de 35% à 37%, alors que le total droite et  FN est ramené à quasi égalité autour de 30% pour chacun.

Face à cette situation politique inédite de tripartisme, et à la position du parti socialiste de faire barrage au FN, on peut aussi songer à la tentative de François Bayrou, lors du second tour des présidentielles de 2012, appelant ses électeurs à apporter leurs suffrages à François Hollande.

La phrase prononcée par Jean Christophe Cambadélis lors de sa déclaration « Nul doute que l’exemple de la rectitude dans la conviction » explique peut être ce refus de prise en compte du geste politique de François Bayrou, mais la conviction n’empêche pas l’habileté politique qui  aurait pu  permettre ainsi au parti socialiste d’avoir une image beaucoup plus universelle tout en affaiblissant durablement la droite.

Jean Cousin

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