Les 1001 détails de l’élégance militaire, ou « Les canons de l’élégance »

by Rédaction

Pour cet automne-hiver 2019 le Musée de l’Armée présente à l’ Hôtel national des Invalides l’ exposition « Les Canons de l’Elégance ». C’est en s’appuyant à la fois sur les immenses ressources des propres collections de l’Hôtel des Invalides et sur des prêts consentis par d’autres institutions ou des particuliers que cette exposition décline toutes les facettes de l’élégance militaire, et plus encore.

La découverte des canons de cette élégance est structurée selon un parcours thématique en 9 étapes: l’autorité des armes, la grandeur du pouvoir, affirmer son rang, les symboles d’autorité, honorer, s’identifier, se distinguer, le prestige du troupier, et l’inversion du prestige. De fait le ton de cette nouvelle exposition est donnée dès le titre. Elle joue sur la polysémie du nom « canon » qui désigne au sens propre une arme et, dans un emploi strictement pluriel, les lois et les règles qui régissent une organisation.

De fait la tenue militaire condense dans toutes ses composantes un ensemble complexe d’observance de règles mises en place au cours des siècles pour assurer une efficacité dans l’action, et définir simultanément les rapports hiérarchiques entre toutes les strates de l’autorité. Eléments indissociables de la pérennité du pouvoir au cours de nombreux siècles, il arrive que les codes militaires s’ échappent de la stricte sphère de l’armée, et essaiment dans bien des domaines de la vie publique et culturelle.

Parcourir l’exposition permet de découvrir les ressources mises en oeuvre bien au-delà des fonctions premières de l’uniforme. L’élégance se niche dans tous les détails de l’habillement et au-delà: vestes, chemises, bottes évidemment, mais aussi cantines et vaisselles de campagne. Les éléments du costume militaire ont été repris dans la vie civile et culturelle  jusqu’à inspirer avec humour la tenue des académiciens.  Ce sont au total 240 objets ou ensembles, de la renaissance au XXI ème siècle, exposés grâce à une scénographie dynamisée par l’ abandon d’imposantes vitrines en verre au profit d’un tulle tendu qui joue l’invisibilité.

Tous ces objets démontrent combien les militaires ont été attachés à la mise en valeur de leur engagement. Le parcours de l’exposition expose au visiteur des pièces d’armurerie, d’arquebuserie, le raffinement d’objets d’orfèvrerie, voire même des chefs d’oeuvre de sellerie ou de broderie, mais aussi des objets plus modestes, à valeur fortement symbolique comme les bulletins de conscription, un bâton de policeman du XIX ème siècle, ou des médaillons de vétérance réservés aux hommes du rang.

Au nombre des pièces d’exception figurent des pièces royales: l’armure du dauphin qui deviendra Henri II, ou des éléments de l’épée de Louis XVI récemment redécouverte dans les collections et qu’il ne porta qu’une seule fois, lors de l’ouverture des Etats généraux, le 5 mai 1789 à Versailles. Le harnachement d’un mamelouk, entièrement rehaussé de cabochons de lapis-lazuli et de corail semés dans une résille de métal doré, avec sa selle aux ornements en or ciselé, grenat et émail bleu illustre les trophées recueillis lors des guerres post-révolutionnaires, et annonce les fastes des conquêtes du Premier Empire.

Au cours de l’exposition l’idée même d’ « uniforme » s’estompe pour faire place aux nombreuses façons d’exprimer sa singularité au sein même de corps unifiés, établir sa différence selon son grade, afficher sa singularité par l’étoffe et la coupe de sa tenue, se démarquer par la qualité du travail de la poignée de son arme. Ici le képi avec monocle intégré de Liautey, , là un Tam O Shanter , plus loin un habit de cavalerie légère en astrakan, ailleurs des coins, celui d’un officier de la Légion étrangère, un autre de la CIA, ou encore celui d’un commando de parachutistes.

Mais les « Canons de l’élégance » transmettent plus que la complexité des codes qui régissent l’état guerrier, des codes diplomatiques ou des marques de reconnaissance de la valeur. L’ attention portée à la désignation de chaque objet introduit à un lexique fascinant. Il y a bien évidemment l’épée, le glaive ou le baudrier, mais l’amateur de mots retiendra l’armet, la pertuisane, la bourguignotte ou la rondache et d’autres encore. Et chaque objet de révéler aussi la maîtrise de savoir-faire artisanaux éclectiques sur des matériaux variés comme le cuir, la soie, l’or, l’argent, l’ivoire, les pierres précieuses ou les fourrures, une maîtrise ancienne qui se perpétue dans les ateliers de restauration du musée.

Les  canons de l’élégance », introduit à une façon inattendue d’assumer un destin de « fashion victim ». Une exposition très riche pour petits et bien plus grands, à compléter par des visites privilèges, des concerts, des projections cinéma et des conférences.
Dominique Grimardia

Les Canons de l’Elégance, Musée de l’Armée, Hôtel national des Invalides, 129 rue de Grenelle 75007 Paris, jusqu’au 26 janvier 2020

 

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