Economie 15/02/2023

Les zoonoses, objet de toutes les attentions

by Rédaction

   Le pangolin et la chauve-souris ont propulsé les zoonoses sur le devant de la scène mondiale. Maladies ou infections transmises des animaux vertébrés à l’homme, et inversement, leurs pathogènes peuvent être des virus, des bactéries, des parasites, des champignons ou des prions,  La transmission se fait directement par contact, indirectement par voie alimentaire, ou via un vecteur qui peut être la piqure d’un insecte. En Europe leur surveillance  fait l’objet de programmes coordonnés de surveillance dans le cadre de la lutte contre les menaces transfrontières graves sur la santé, avec la coopération de plusieurs autorités compétentes et le maillage de délégations régionales.

Les zoonoses sur le terrain

   Regard bleu persan, blouse blanche, gants en latex ; Karim Daoud, Directeur du Laboratoire régional du suivi de la faune sauvage (LRSF), situé à Bondy, en Seine-Saint-Denis, scrute les entrailles d’un cygne blanc qu’il a reçu la veille pour autopsie. Après avoir scanné le code barre de l’animal qui permet de l’identification de l’animal, Karim Daoud étend le palmipède sur la table en inox. Après lui avoir cassé la machoire, il introduit dans sa gorge un écouvillon afin de réaliser un test PCR de détection de la grippe aviaire, qu’il complète par un autre dans le cloaque. Malgré le sang et l’odeur de poulet décongelé, pas de stress dans la salle, l’atmosphère est détendue et sereine. Une incision est ensuite réalisée du bec à l’intestin. Il manie adroitement le scalpel tout en vidant l’animal de ses boyaux. Des prélèvements sont fait au niveau de l’estomac pour ensuite être analysé au microscope. Après avoir mis les derniers échantillons au congélateur le cygne est emballé dans un sac plastique pour être incinéré.

Surveiller la faune sauvage

 

   Il existe plusieurs acteurs dans la surveillance des maladies animales transmissible à l’homme. En France, un maillage de 75 laboratoires départementaux d’analyse (LDA) sont présent dans toutes les régions excepté en île de France. Le seul laboratoire qui remplie cette fonction est le Laboratoire Régional de Suivi de la Faune Sauvage (LRSFS) de Bondy. « L’expertise du laboratoire permet de prévenir de potentiels cas d’épidémies mais aussi d’en diagnostiquer de nouvelles » explique Karim Daoud. « Nous avons un rôle de sentinelle, de veille et d’alerte» renchérit George de Noni, président de l’IRDF. Tous les animaux morts trouvés dans la nature leurs sont envoyé de temps en temps par les particuliers et plus souvent par les chasseurs qui font partie du réseau SAGIR. Celui-ci effectue la surveillance épidémiologique des oiseaux et mammifères sauvages terrestres en France. C’est un partenariat entre les Fédérations des chasseurs et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage. En Île de France le réseau SAGIR est constitué de la fédérations des chasseurs du 77 (FDC 77) et de la fédération des chasseurs des Yvelines (FICIF) et de l’OFB ( Office Français de la Biodiversité). On attribue à chaque animal mort un numéro qui permet de l’inclure dans le réseau SAGIR. Il est envoyé avec une fiche qui sera remplie suite à l’autopsie et renvoyé à ce réseau. Il travaille en collaboration avec l’Anses ( Agence Nationale Sécurité Sanitaire Alimentaire Nationale). Grâce à la communication de ces acteurs la plateforme ESA ( Epidémiosurveillance santé animale) est tenu à jour et permet d’avoir un état de la situation sanitaire nationale.

Un enjeu mondial

 

   De nombreuses épidémies sont issues de maladies transmises aux hommes par les animaux, appelées zoonoses. Selon l’Organisation mondiale de la santé ( OMS), cinq nouvelles inféctions apparaissent chaque année, et «75% des maladies animales émergentes peuvent se transmettre à l’homme » rappel Christophe Aubel, directeur général de l’agence française pour la biodiversité, lors du colloque d’avril 2019. La pandémie de la COVID-19 illustre ce phénomène et met en lumière l’importance de la surveillance animale. À ce titre les vétérinaires et les laboratoires régionales sont les acteurs qui jouent le rôle de sentinelle.Grâce à leur veille, ils lance l’alerte lorsqu’ils détectent un risque épidémique avéré, comme la grippe aviaire, mais aussi de potentielles zoonoses. Pourtant au moment d’une pandémie, les soutiens financiers publics apparaissent insuffisants.

Albane Cousin

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