News, Politique 25/10/2017

Ministère de L’Education Nationale: un modèle obsolète ?

by Rédaction

Le Glasnost n’est pas pour aujourd’hui au Ministère de l’ Education nationale, lorsque l’on constate la stratégie du déni mise en place lors de la mise en oeuvre du système Admission Post-Bac ou APB. Et aujourd’hui, nous sommes bien loin de l’attitude martiale qui a prévalu tant au moment de sa mise en route que lors de la tactique élaborée ensuite pour refuser de fournir les lignes de code sous la pression des décisions de justice.
Que d’éléments de langages, que de silences, et surtout, en fin de compte, un manque flagrant de transparence et d’équité.

Généralisée en 2009, cette procédure informatique par Internet a fait l’objet d’interrogations et de critiques nombreuses au point que dans un exercice de contrition, un rapport d’évaluation de huit inspecteurs généraux de l’Education nationale, remis fin 2012 à la ministre de l’Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, en listait les défaillances et effets pervers.

Dès 2012, grâce à ce logiciel qui oriente chaque année 800 000 jeunes et les envoie dans le « sup », sur les 55% des lycéens qui ont pu s’inscrire dans la formation qu’ils auraient placée en tête de leurs choix, 15%, à l’autre bout de la chaîne, n’ont eu… aucun de leur choix, selon une enquête diligentée par le ministère de l’Enseignement supérieur, lequel prit l’engagement d’améliorer les choses et de favoriser les plus maltraités : les bacheliers technologiques et professionnels. 7 ans plus tard, rien n’avait réellement changé.

20013. Charles Bozonnet, vice-président de la Fédération des Associations générales étudiantes, déclarait: « Ce sont toutes ces zones d’ombre, ces opacités, ces sélections cachées que nous dénonçons ». Les recalés, selon le Rectorat de Paris, dans un grand exercice de transparence, étaient estimés à un         , alors que, dans le même temps, l’ Union nationale des étudiants de France (UNEF) en recensait plusieurs centaines. Son président, William Martinet, constatait alors que « les universités ont tendance à restreindre leur capacité d’accueil et à multiplier les filières sélectives ». Aujourd’hui un chiffre de plus de 1% d’étudiants sans affectation est avancé par le Ministère, malheureusement encore vraisemblablement sous-estimé.

2014. Face à un rapport de l’UNEF qui constatait que 14 établissements du supérieur pratiquaient des frais illégaux et 33 universités une sélection non autorisée par la loi, Geneviève Fioraso, secrétaire d’Etat à l’Enseignement supérieur, vantait les mérites de l’action de l’Education nationale, en affirmant que « l’objectif n’est pas d’augmenter la sélection existante à l’université, dans les IUT, les instituts d’administration des entreprises, les bi-licences…], mais d’amener 50% d’une classe d’âge à un diplôme du supérieur pour favoriser leur insertion professionnelle »

 2015. Bis repetita… Les lycéens mettent en exergue « le manque de transparence », « l’opacité du système ». Au ministère de l’Enseignement supérieur, on tempère en annonçant que les dysfonctionnements du système APB ne sont « pas plus alarmants que les années précédentes, sans être satisfaisants non plus ». Mais L’UNEF, par la voix de William Martinet, constate qu’ « Il faudrait que les candidats puissent choisir non les établissements qu’ils veulent rejoindre, mais la filière qu’ils souhaitent suivre, afin que « les universités ne fassent pas leur choix en privilégiant uniquement les bonnes mentions au détriment des autres élèves compétents ».

2016. Dans un souci de transparence, très rapidement occulté, Thierry Mandon, secrétaire d’Etat chargé de l’Enseignement supérieur annonce: « Nous allons dévoiler l’un des secrets défense les mieux gardés : l’algorithme d’APB ». L’ association Droits des lycéens considère en effet que l’algorithme, « tenu secret est probablement illégal ». Elle entame des procédures en justice, alors que le ministère parle d’un « traitement automatisé » sur lequel repose cet algorithme et dont ses services seuls connaissent les détails techniques.

Le ministère de l’Éducation nationale dans un souci d’opacité n’a pas souhaité divulguer« le code source » de l’algorithme, « qui ne sert à rien sans la base de données sur les élèves, confidentielle, qui va avec ». D’autant plus que « le langage algorithmique est incompréhensible pour les non-initiés », nous assure-t-on. Tout juste une « note de communication détaillée avec des exemples » sera diffusée.

L’opération  ne convainc personne, et certains déclarent qu »Il faut que le ministère et les présidents d’université arrêtent de se cacher derrière un algorithme qui ne travaille pas tout seul ».

Pour « ne pas inquièter » les lycéens qui, tout en préparant le bac, avaient jusqu’au 31 mai pour classer un maximum de 24 vœux sur APB, le ministère de l’Éducation nationale a attendu le 1er juin pour rendre public cet algorithme.

Admission Post-Bac: l’algorithme révèle des failles et surtout témoigne de l’incroyable légèreté du ministère de l’Éducation nationale, qui, année après année, a dissimulé le modus operandi d’une réforme qui n’était pas officielle. Celle de la proéminence du contrôle continu sur le Bac. Or, dans le même temps, aucune formation, aucun cadre général ne sont  dispensés aux enseignants pour cadrer cette mise en oeuvre rampante du contrôle continu. Il a donc fallu créer de toute urgence  des places pour les élèves ayant réussi brillamment au Bac. Effectivement mise en place en 2014, cette procédure permet aux 10 % de bacheliers de chaque lycée qui ont obtenu les meilleurs résultats au bac, mais qui n’ont pas décroché leur premier vœu d’orientation, de pouvoir obtenir justement un accès justement à la filière qui leur était refusée. Ce qui revient à dire que l’APB est un marché de dupes.

Pierre Cusson

 

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