New Frontier II: Les Etats-Unis en quête de leur identité culturelle

by Rédaction

Poursuivant leur collaboration aux sources de la peinture américaine , le Musée du Louvre, la Terra Foundation for American Art, le High Museum of Art et le Crystal Bridges Museum of American Art proposent une exposition consacrée à la peinture de genre américaine au XIXe siècle.

En rassemblant quatre oeuvres de ces institutions partenaires, New Frontier II permet d’analyser comment la peinture de genre américaine, à travers les activités quotidiennes représentées, transmet un certain nationalisme culturel. De ce dialogue entre les collections du Louvre et ces musées américains se dégage la façon dont la jeune nation américaine, en quête d’elle-même, se construit une identité résolument en rupture avec ses racines anglaises. Pour cela s’instaure un dialogue entre la jeune peinture nationale américaine et l’académisme européen. Faisant fi des scènes mythologiques, sans véritable sens dans la construction de cette nouvelle nation, se développe un intérêt pour de petits tableaux de genre, facilement reproductibles en gravures, qui vont véhiculer une image de l’esprit de la conquête et d’un certain Age d’Or.

Pour cela, pour écrire cette geste du Nouveau Monde, l’exposition nous donne à voir quatre représentants de cette peinture de genre.À la suite du peintre William Sydney Mount (1807-1868) les jeunes peintres abandonnent la voie de la grande peinture historique, et se consacrent à la représentation de leurs concitoyens. Des peintres comme Bingham et Tait évoquent le monde des premiers colons pionniers. Inspirés de la peinture hollandaise, notamment de Jan Steen, Les Joyeux Bateliers de George Caleb Bingham (1811-1879) évoquent une Amérique sereine d’avant la Guerre de Sécession. D’une composition très classique, cette scène de navigation sur le Mississipi transmet une allégresse et témoigne de cet esprit d’entreprise qui doit fédérer la jeune république dans des tonalités douces nimbées d’un halo lumineux. Au contraire Arthur Fitzwilliam Tait (181ç-1905) travaille sur le thème du Far-West et de la légende des derniers trappeurs. La scène de chasse proposée rompt avec les aristocratiques clichés européens des scènes de chasse et montre un corps à corps entre la bête et l’homme singulièrement dramatique.Mais cette peinture de genre américaine n’élude pas les problèmes sociaux et évoque aussi certains faits historiques. Comme William Mulready (1786-1863) en Angleterre, Eastman Johnson (1824-1906) représente les scènes de la vie quotidienne des esclaves noirs du sud des États-Unis. Par-delà une apparence paisible et heureuse l’oeuvre décrit de façon quasi « hyperréaliste » et dénonce l’environnement misérable des esclaves confinés dans leur quartier.

Ainsi cette exposition montre l’évolution, à travers la peinture de genre, de la représentation des premiers temps américains. Peu à peu les préoccupations politiques affleurent parallèlement à la traduction d’un exotisme inquiet.  De nouvelles préoccupations émergent à la veille du séisme de la Guerre entre  Nord et Sud. En trente ans la peinture de genre américaine a abandonné la représentation d’une société américaine héroïque, voire idyllique, au profit d’une prise de conscience beaucoup plus politique.  Par  les oeuvres choisies cette exposition instaure également un dialogue avec les dernières acquisitions du département de peinture américaine du Louvre, notamment celles de David Wilkie et d’Emmanuel Leutze et figure comme un prélude à une série de conférences consacrées à l’Image-Récit dans l’Art américain du 18e au XXe siècle, à partir du 4 février.

New Frontier II: du 19 janvier au 22 avril,  Musée du Louvre, Aile Denon, 1er étage, salle 32

Commissaire de l’exposition: Guillaume Faroult

Dominique Grimardia

Copyright Forks 2013.

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