Quand l’art s’invite à table!

by Rédaction

Quand l’art s’invite à table,   (Invito a tavola ou L’invitation à table), c’est la découverte ou la redécouverte d’une thématique riche de réalisations. C’est aussi désormais un titre qui entre dans l’histoire des performances qu’offre Miniartextil. En ce début d’année la nouvelle exposition est présentée par la ville de Montrouge  et Jean-Loup Metton. Le titre rompt avec les récentes thématiques  choisies par l’association Arte&Arte, organisatrice des Miniartextil. Après les grands thèmes cosmogoniques ou philosophiques, même si le sujet semble beaucoup plus prosaïque, c’est sans compter avec l’ imagination et la création tous azimuts des artistes choisis sur toute la scène internationale. Tous se retrouvent invités à table et,  avec générosité, nous convient à un festin de création, d’imagination, de poésie.

Dans la grande salle Nicole Ginoux du Beffroi, la scénographie a disposé oeuvres monumentales et tableaux ou sculptures beaucoup plus réduites. 54 oeuvres nous invitent à table. Les matériaux choisis sont très divers: laine, tissu agricole obscurcissant sur structure, vernis et pigments sur jute, nylon, PVC, feuilles naturelles, jus de fruit, fils en polyester, résine, épingles, pierre, coton, fer, mousse, laine, silicone, papier de riz, et même du thé, des fibres d’ananas ou des graines. La création ne connaît aucune limite.

Le thème de la table se déploie, hyper-réaliste, surréaliste, prosaïque ou imaginaire. Cette table-là croule sous l’invention, chargée de symboles et de métaphores comme l’ a souligné Paola Re. Chaque artiste développe une évocation originale de la table. Ce sont véritablement cinquante-quatre univers proposés au public. Celui de Maria Lai, artiste sarde, révèle un langage métaphorique où la table supporte des livres eux-mêmes récipients d’une nourriture poétique et fonctionne comme l’une des clés de l’exposition et, sur la nappe, la phrase « L’art doit redevenir une nourriture à offrir dans une cantine commune » entre en correspondance avec ce foisonnement créatif. Spectaculaire aussi, la Babylon II de Marco Vido, immense panneau qui évoque des aliments symboliques, les émotions, qui caractérisent l’homme comme être humain.

Toutefois à côté du symbole s’impose des oeuvres d’un esprit plus baroque : Recompositions de l’artiste d’origine iranienne Ferri Garcès,  porcelaines aériennes en tarlatane de Marie Hazard, ou encore baroquisme de la table de l’artiste japonaise Noriko Narahira. Poésie de l’absurde avec la sculpture en fil de chenille Going bananas de Junji Koito, quand  des singes consomment des bananes sur un iceberg l’ hiver sous un soleil tacheté de rouge. L’invitation à table a suggéré de nombreuses évocations, certaines prosaïques, supports de jeux de mots et de jeux artistiques comme le Poisson à la Braque de Françoise Bonnot-Comes, d’autres fantastiques comme L’Oeuf de Dragon d’Anny Ferrario ou encore  sculptures aériennes From the sea de Marie-Hélène Guelton.

De fait nous sommes conviés à des agapes d’illusion. La cuillère d’Antonio Bernardo bourgeonne, la Table elle-même d’Agnat Simoni Mortensen  se dresse sur un trépied de serres grillagées. Inlassablement les matières tissées, tricotées,lacérées, compressées, étirées, torturées, digérées par la boulimie des créateurs traduisent ce que représente pour eux l’ évocation d’un festin: gourmandise, appétit, dégoût.

Décalage de couleurs, de formes. La sensualité naît du regard attiré par ces matériaux  sublimés ou détournés qui établissent une distance ludique avec le monde de la consommation. L’artiste Julia Lopez, médiatrice, a résumé pour nous l’exposition par ces trois noms : « découverte, élasticité, toucher ». Au contraire Simon Cau, gallériste, lui aussi médiateur, a été « sensible à la scénographie, à la vision élargie du thème et à la cohabitation entre le tout petit et le monumental ». L’Invitation à table de Miniartextil, dans sa nouvelle expression, déjoue les apparences, s’amuse avec les apparences, et nous convie à un festin rituel et symbolique. L’ amateur pourra également faire preuve de  » boulimie »  artistique en suivant le parcours hors les murs à la Cité Internationale Universitaire où de nombreuses maisons ont participé pour donner à ce festin une taille pantagruélique. Dominique Grimardia.

L’Invitation à table, exposition internationale d’art textile contemporain, du samedi 6 février au jeudi 3 mars 2016

Le Beffroi, 2, place Émile Cresp. 92 120 Montrouge.

Cité Internationale Universitaire, 17 boulevard Jourdan, 75014 Paris.

Print Friendly, PDF & Email
Leave a comment