« Quand la Chine s’éveillera … le monde tremblera » tel était le titre d’un ouvrage d’Alain Peyrefitte précurseur et apôtre de l’idée selon laquelle la Chine deviendrait la puissance économique que nous connaissons aujourd’hui. En l’occurrence, aujourd’hui, il s’agit de l’Europe qui pourrait être placée comme sujet de cette proposition hypothétique.
« Quand l’Europe s’éveillera le monde tremblera » L’Europe, en tant que puissance économique et sociale, autorise paradoxalement de nombreuses suppositions alors même que la stabilité et l’équilibre de la zone Euro sont remis en question par les « Big Three »,
Jamais en effet le poids de l’Europe ne sera aussi important, si une récession durable doit s’installer en son sein.
Si en effet un marché de quelques cinq cents millions de personnes, échappait à l’économie mondiale, les conséquences en seraient une modification profonde de l’équilibre économique dit global. Car, suivant les secteurs, le marché chinois, même avec une croissance à deux chiffres, ne pourrait être en aucun cas un relais total face à une Europe atone.
On peut remarquer que le secteur automobile, qui offre de très belles croissances à deux chiffres pour beaucoup de marques européennes en Chine, ne pourrait du fait des volumes actuels vendus dans « l’Empire du Milieu » se permettre d’envisager de poursuivre sa croissance globale si le marché européen devait être encore plus profondément affecté qu’il ne l’est actuellement.
Par exemple Audi dont les ventes mondiales s’établissent pour 2011 à 973.200 voitures vendus (chiffre des 9 premiers mois de l’année), la part des ventes sur le marché Chinois représente 226 010 voitures vendus (chiffre des 9 premiers mois de l’année), soit environ 23 %, et une croissance de prés de 20%, une baisse de 10% du marché européen annulerait complètement cette progression.
Or si, comme il est raisonnable d’ extrapoler, la plupart des secteurs économiques européens sont profondément tributaire du marché des 27, Il en résultera, hormise la contraction mécaniques de leurs résultats, la perte de tout espoir de croissance à moyen terme.
Tout aussi mécaniquement, la Chine, en perdant l’un de ses principaux débouchés économiques, verrait sa situation économique à court terme profondément compromise. Et ce modèle chinois, dans lequel la plupart des sociétés investissent des ressources plus que considérables, ne pourra être le relais de croissance de nos champions européens.
La question se pose dorénavant en ces termes: Si l’Europe devait mettre un genou à terre, l’économie mondiale ne serait elle pas entraînée à chuter inexorablement ?
Jean Cousin
Forks magazine
© Forks 2011
