Politique 18/10/2018

Un remaniement attendu, mais sans éclat

by Rédaction

Le remaniement apparemment  à la marge du gouvernement est,  hormis pour le poste de Ministre de l’Intérieur, beaucoup plus important qu’il n’y paraît. En effet le choix de Christophe Castaner comme  ministre de l’Intérieur est stratégique à plus d’un titre. Il échoit tout d’abord à un « transfuge » du Parti Socialiste. Désigné sous l’égide du secrétaire général du PS d’alors, Jean-Christophe Cambadélis, Christophe Castaner fut élu en tête de liste aux élections régionales de la région Provence Côte d’Azur.

Elu délégué général des LREM, il fait en quelque sorte figure d’ étoile montante du parti au pouvoir. En effet la révision de la Constitution souhaitée par Emmanuel Macron comporte un volet essentiel: le re-découpage des circonscriptions, compte-tenu de la plus forte diminution du nombre d’élue(e)s envisagée depuis le Directoire. Depuis 1876 il n’ a jamais eu moins de 482 députés. Et
cette mission essentielle pour concrétiser la stratégie du Président de la République qui cherche à établir un pouvoir stable dans le temps nécessite le loyauté sans faille de son ministre de l’Intérieur.

Les autres modifications de postes témoignent d’ un savant équilibrage entre les partis.

Pour le Modem Marc Fesneau, président du groupe à l’Assemblée nationale, succède à Christophe Castaner au poste de ministre chargé des Relations avec le Parlement auprès du Premier ministre. De même Jacqueline Gourault, proche de François Bayrou,  devient ministre de la Cohésion des Territoires et des Relations avec les Collectivités Territoriales. Sébastien Lecornu, lui, est chargé des Collectivités territoriales, et Julien Denormandie de la Ville et du Logement.

Didier Guillaume, ancien Président du groupe PS au Sénat, remplace Stéphane Travert comme ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation.  Franck Riester,  qui avait suivi Thierry Soler lors de la création du groupe dissident des LR, Agir aujourd’hui, coprésident du groupe UDI-Agir, devient ministre de la Culture, et remplace ainsi Françoise Nyssen. Son éviction du gouvernement devenait inéluctable en raison des différentes révélations liées au peu de respect des normes d’urbanisme par sa maison d’édition Actes-Sud .

Emmanuelle Wargon devient secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Transition Ecologique et Solidaire, aux côtés de l’ancien Président de l’Assemblée Nationale François de Rugy. Quant à Christelle Dubos, elle devient secrétaire d’Etat auprès de la ministre des Solidarités et de la Santé. Mounir Mahjoubi devient secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie et des Finances et du ministre de l’action et des comptes publics. Agnès Pannier-Runacher est nommée secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie et des Finances, et Gabriel Attal secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse.
Par ailleurs Benjamin Griveaux, secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre  et porte-parole du gouvernement, n’a pas obtenu de maroquin suite à ce remaniement ministériel, mais c’est peut-être un pas de plus vers une candidature LREM à la Mairie de Paris.

Emmanuel Macron a de nouveau bousculé  les usages de la V ème République, qui voulaient qu’un nouveau gouvernement soit  nommé dans un délai extrêmement court. Pour certains, l’attente aura été longue. Le nouveau temps politique voulu par le Président de la République s’est donc arrêté ce mardi 16 octobre à 9h30.  Près de 15 jours d’attente s’étaient écoulés lorsque l’Elysée annonça le nouveau gouvernement par communiqué.

Avec dorénavant 35 membres, y compris le Premier ministre, ce gouvernement se tient loin des engagements de campagne d’Emmanuel Macron qui avait décidé d’inscrire son action dans le cadre d’un exécutif « resserré ». La Présidence a souhaité appuyer le sens de  ces nominations en déclarant « Cette équipe gouvernementale va inscrire son action dans la continuité de la politique menée par le gouvernement et du calendrier des réformes pour les mois à venir ».  Est-ce là, suite à la formation de ce gouvernement,  anticiper une plus forte adhésion des Français à la politique du Président ? Pour l’instant, rien ne permet de discerner une quelconque liesse dans les rues.

Marie Combe
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