News, Politique 26/04/2019

Une nouvelle stratégie Présidentielle ?

by Rédaction

Ce jeudi 25 avril a eu lieu, in fine, la conférence de presse du Président de la République qui devait initialement avoir lieu trois jours après son allocution du 15 avril. L’incendie de Notre-Dame ayant bouleversé les plans de communication de la Présidence, ce qui devait être considéré comme un élément de l’intervention est devenu, ni plus ni moins, un moment fort face à la presse, un moment re-fondateur du quinquennat d’ Emmanuel Macron.

Et cette conférence de presse s’est plus en réalité présentée comme un exercice de politique intérieure structuré autour d’une série de thèmes. Les explications, éclaircissements, souhaits ou décisions se sont égrenés suivant une thématique essentiellement structurée sur un « Point d’étape » largement développé, auquel furent annexés des éléments sur le « Programme » que le Président de la République compte mettre en oeuvre, un mélange de mesures présentées lors de la campagne présidentielle, et d’annonces faites sous couvert de fuites ou d’avis de ministres.

En ce qui concerne le « Bilan des 2 ans de pouvoirs », il apparaît que M. Macron a choisi de ne pas être prolixe sur le sujet: quelques satisfecit sur le chômage et l’ampleur de la rénovation politique engagée.

Au contraire les points présentés lors des discours du Président de la République que nous avons réunis sous la thématique « En campagne  » constituent une part importante de l’intervention d’ Emmanuel Macron, ne serait-ce que par la longueur du développement accordée à ces points.

A l’inverse les points « Ambition pour le prochain quinquennat » et «  Correction du programme du candidat et des premières mesures gouvernementales » furent plus évoqués qu’approfondis, peut- être est-ce plutôt lié à l’absence de résultats concrets.

Les thèmes « Exit ambitions mondiales et européennes au plan politique » ont été peu étayés du fait des difficultés tout à fait compréhensibles des relations avec les super-puissances chinoise ou américaine. Des thèmes que le candidat Emmanuel Macron avait définis lors de sa campagne comme étant des axes importants de sa future action de Président de la République

« Point d’étape

Alors qu’a dit ce mouvement et qu’est-ce que j’ai saisi de ce Grand débat ? D’abord, on l’a tous entendu, un profond sentiment d’injustice : injustice fiscale, injustice territoriale, injustice sociale. Ce sentiment est là, il est installé, il faut lui apporter une réponse. Ensuite un sentiment de manque de considération : beaucoup de nos concitoyens qui ne se sentent pas respectés dans leur quotidien, dans ce qu’ils vivent par nos institutions, parfois notre organisation collective, nos manières de décider, de faire ; un manque de confiance aussi dans les élites, toutes les élites, votre serviteur au premier chef mais l’ensemble de ceux qui sont élus, exercent des responsabilités, représentent, parfois même cherchent à décrypter l’actualité. Il est difficile de construire quelque chose lorsque la confiance n’est pas rétablie à l’égard de celles et ceux qui doivent être des tiers de confiance ou qui décident dans la société. Un sentiment d’abandon. Sentiment d’abandon qui se nourrit que du fait que de plus en plus de vies de nos concitoyens sont comme oubliées ou inadaptées à l’organisation du monde tel qu’il est, tel qu’il s’est fait.

Alors ce nouveau temps, de cette mandature et de notre République, je veux lui assigner un objectif simple : redonner une espérance de progrès à chacun, en demandant à chacun le meilleur de lui-même,

La première orientation c’est de changer, beaucoup plus en profondeur et rapidement, notre démocratie, notre organisation, notre administration. Au fond le sentiment de beaucoup de nos concitoyens, c’est comme ça que je l’ai entendu, c’est de dire “vous nous avez demandé des changements à nous mais vous avez très peu changé. Vous vous êtes toujours avec les mêmes organisés de la même manière, on n’a rien vu bouger. Ce n’est pas faux.

Alors, on peut avoir des projets dont aucun ne nous plaît totalement à une élection mais on doit choisir parfois le moindre mal ou le mieux possible et ce choix est important parce que dans les moments difficiles de la démocratie, il faut prendre des options et il faut choisir et je sais une chose : c’est quand on vit une période difficile, blanc ça ne décide pas. Blanc c’est l’agrégation des rejets, des refus. C’est trop facile. Moi, je veux bien être le candidat du blanc. On a toutes les voies dans la période que nous vivons mais Blanc ne résoudra aucun problème. Monsieur X, Mme Y oui ! Qu’on soit d’accord ou pas.

Enfin je souhaite que cette place de nos concitoyens dans notre démocratie ainsi revitalisée puisse aussi se faire par la réforme que nous devons conduire du Conseil économique social et environnemental. Ce Conseil existe depuis la Constitution de 1958 c’est une présence qui a des antériorités pour représenter la société civile. Nous en réduirons le nombre mais à côté des grandes forces vives économiques sociales associatives qui y sont présentes et qui portent les grands sujets.
Quand je regarde nos décentralisations passées, elles sont tout sauf claires. Et elles n’ont pas permis, ni de faire de véritables économies ni d’avoir une culture de la responsabilité démocratique. On a souvent transféré des bouts de compétences avec une partie des financements qui allaient avec. L’État a gardé une partie de ses compétences ce qui crée un imbroglio absolument terrible mais surtout on n’a jamais transféré la responsabilité démocratique qui va avec jamais. Et donc on a parfois transféré des compétences mais quand les ennuis sont là c’est toujours l’état ce qui est un peu simple. Et donc une vraie république décentralisée c’est des compétences claires que l’on transfère totalement en supprimant les doublons on transfère clairement les financements et on transfère clairement la responsabilité démocratique et la question que nous devons nous poser c’est à quelle élection on vote pour quoi

La deuxième orientation que je souhaite poursuivre pour les prochaines années, c’est de remettre l’humain et la justice au cœur du projet national. Nous l’avons tous entendu et je l’évoquais, il y a un sentiment d’injustice et d’abord d’injustice fiscale qui est là. Alors, il s’est exprimé face à l’évasion fiscale qui est une réalité ou l’optimisation fiscale excessive et cette réalité d’évasion de l’impôt mine l’adhésion à l’impôt

Enfin, cette transformation de ce que nous sommes de notre organisation suppose une réforme de notre haute fonction publique. J’ai vu que des rumeurs ces derniers temps avaient beaucoup animés les discussions sur ce sujet. Il ne s’agit pas de supprimer telle ou telle chose pour en faire des symboles. Non. Le gouvernement s’est engagé dans une réforme profonde des règles de la fonction publique pour le bien des fonctionnaires, c’est une très bonne chose. Mais notre haute fonction publique pourrait être tenue à l’écart d’une modernisation indispensable. Nous lui devons beaucoup. Elle a bâti ce que nous sommes, elle a pris beaucoup de responsabilités et je suis profondément attaché au modèle méritocratique, un élitisme républicain qui fait qu’on attire dans l’Etat les meilleurs pour pouvoir régler les problèmes les plus complexes. Néanmoins, des changements sont à faire.

Programme

J’ai aussi entendu combien la réforme de l’impôt sur la fortune menée au début du quinquennat était perçue comme un cadeau fait aux plus fortunés et comme une vraie injustice fiscale. C’est vrai, c’est exprimé partout et largement. Je veux d’abord dire que cette réforme n’a pas été la suppression de l’impôt sur la fortune, elle a conduit à créer un impôt sur le patrimoine immobilier qui continue, au même taux, à taxer les détentions immobilières de nos concitoyens mais elle a supprimé la partie du patrimoine qui était investie dans l’économie. Pour faire quoi ? Pour encourager l’investissement en direction de l’économie réelle, de la recherche, des usines, de la production. Parce que s’il n’y a pas d’investissement national, il n’y a pas d’économie ou alors il y a une économie qui se vend aux investisseurs étrangers et notre pays ô combien sensible. Cette partie de la réforme, je juge de mon devoir de la défendre. Et elle relève du simple pragmatisme mais comme une réforme pragmatique elle sera évaluée en 2020 et nous regarderons son efficacité, si elle n’est pas efficace, nous la corrigerons, si elle est trop large qu’elle a des effets pervers, ils seront corrigés. Mais je le dis très clairement : c’est une réforme pour produire, pas un cadeau pour les plus fortunés

Bilan des 2 ans de pouvoirs
Cet investissement dans l’école, dans l’université, dans le savoir c’est la première politique de lutte contre les injustices dans notre pays. La deuxième c’est le travail, le travail et le mérite. Là aussi beaucoup de choses ont été faites, je n’y reviendrai pas. Des réformes essentielles dès le début du quinquennat, un investissement massif à l’endroit des jeunes décrocheurs comme des demandeurs d’emploi peu qualifiés, 15 milliards d’euros avec des premiers résultats, comme je l’évoquais à l’instant, une politique résolue d’aide aux entreprises pour les pousser à investir et à embaucher, de simplification avec encore une loi récente.

Depuis deux ans énormément de choses ont été faites : pour notre agriculture après des états généraux nourris et pour avoir une stratégie alimentaire et agricole ; pour définir notre ambition en matière numérique ou d’intelligence artificielle ; pour réindustrialiser notre pays. Mais parfois ces stratégies parce qu’elles se multiplient sont devenues illisibles pour beaucoup de nos concitoyens, nos artisans, nos agriculteurs, nos industriels, nos entrepreneurs ont besoin d’y voir clair et l’esprit français a besoin que tout ça soit ramassé dans une forme de stratégie collective de la nation.

Voilà, Mesdames et Messieurs, ce que je voulais ici d’abord vous dire. Je crois que nous devons absolument continuer de transformer le pays car les résultats sont là.

En campagne ?
Je souhaite que les partenaires sociaux, les associations les élus puissent travailler ensemble avec le gouvernement sous l’autorité du Premier ministre et puissent proposer d’ici à septembre des solutions concrètes. Le Premier ministre réunira dans les prochains jours l’ensemble de ses parties prenantes pour cette mobilisation générale pour le travail, l’emploi et ses grandes transitions. Et bien entendu, il faut aussi si on veut corriger ces injustices que le travail paye. C’est ce qui est attendu et nous l’avons beaucoup entendu. Là-dessus, nous avons aussi fait beaucoup : les baisses de cotisations, la défiscalisation des heures supplémentaires, la prime d’activité largement augmentée. Il nous faut aller plus loin avec les baisses d’impôt sur le revenu que j’évoquais à l’instant, avec aussi une meilleure association des salariés aux résultats de l’entreprise par la réforme de l’intéressement et de la participation qui vient d’être conduite, par la répétition cette année de la prime exceptionnelle sans charges ni impôts décidée l’année dernière dans le cadre de l’intéressement des entreprises si elle décide d’apporter 1000 euros de plus. C’est aussi par le revenu universel d’activité que nous devons créer dans les prochains mois pour tourner vraiment nos prestations sociales vers l’incitation à la reprise d’un emploi. Puis dire que le travail paye c’est aussi dire que le travail qui a été fait doit payer. Et là-dessus je dois dire que les décisions que nous avons prises à l’automne non seulement ont été mal comprises, elles ont été bien comprises mais mal vécues, elles ont été vues comme injustes et elles doivent donc être corrigées.

La première de ces transitions, la plus urgente, la plus impérieuse c’est évidemment le climat. Le climat doit être au cœur du projet national et européen. L’état d’urgence climatique il est là, notre jeunesse nous le dit à chaque instant et nos concitoyens veulent agir. Ils agissent déjà au quotidien, ils veulent qu’on les aide à aller plus loin, qu’on les accompagne, qu’on les aide à trouver des solutions concrètes mais il y a une conscience citoyenne sur ces sujets qui s’est profondément transformée ces dernières années et qui va beaucoup plus vite que nombre de politiques publiques. Alors beaucoup a été fait ces deux dernières années,

Et puis le deuxième changement de méthode c’est que je veux que nous mettions en place un Conseil de défense écologique qui réunira le Premier ministre, les principaux ministres chargés de cette transition, les grands opérateurs de l’Etat que je présiderai de manière régulière pour à la fois prendre les choix stratégiques et mettre au cœur de toutes nos politiques cette urgence climatique et m’assurer du suivi dans tous les changements ministériels lorsqu’une orientation est prise.

Mais au-delà du sujet climatique, sur toutes les grandes transformations que j’évoquais au fond il nous faut bâtir – et c’est la tâche que j’assigne au gouvernement – un agenda 2025 pour donner de la visibilité à chacun.

Face au vieillissement nous devons rebâtir un système de retraite juste par point. C’est l’engagement que j’ai pris pendant la campagne présidentielle, c’est ce à quoi travaille, auprès de la Ministre des Solidarités et de la Santé, Jean-Paul DELEVOYE depuis le début du quinquennat. Cette refondation profonde elle sera présentée à l’été, elle se fera sur plusieurs années mais c’est une transformation radicale qui doit remettre de la confiance, de la justice, de l’efficacité dans notre système de retraite
Je veux que dans les prochains temps nous puissions redéfinir une véritable ambition et la force d’une politique familiale pour accompagner nos familles qui se sont profondément transformées ces dernières années – ce n’est pas le visage des familles françaises d’il y a 20 ans – mais qu’on doit accompagner pour retrouver une dynamique de notre natalité qui commençait à baisser ces derniers temps et aussi pour accompagner bien mieux qu’on ne le fait des situations familiales particulières.

Ensuite je veux ici parler des aidants familiaux parce qu’il y a des millions de nos concitoyens qui sont là aussi comme oubliés, ce sont celles et ceux – et là aussi ce sont souvent les femmes – qui ont mis entre parenthèses ou sacrifié leur vie professionnelle pour s’occuper d’un enfant en situation de handicap, d’un proche, une personne de la famille devenue dépendante. Nous devons d’abord les reconnaître, les nommer mais aussi dans nos politiques publiques leur bâtir une place, dans notre réforme des retraites leur construire des droits, c’est indispensable. Ensuite une des permanences à laquelle je crois très profondément et qu’il faut même raviver c’est l’engagement. Nous ne sommes pas nous Français une société d’individus, nous sommes une nation de citoyens.

Mais la nouvelle étape, le nouvel acte passe à mes yeux par les 4 orientations que je viens d’évoquer. Et c’est cela ce que je demande au gouvernement, aux assemblées, aux partenaires sociaux, aux élus : de replacer l’humain au centre, de rebâtir une nation de citoyens libres dans une Europe plus forte parce que je crois que c’est ainsi que nous pourrons véritablement retrouver cet art si particulier d’être Français auquel nous sommes attachés. Je vais maintenant répondre à toutes vos questions.

Correction du programme du candidat et des premières mesures gouvernemental

C’est pourquoi au 1er janvier prochain je souhaite que nous réindexions les retraites de moins de 2000 euros et qu’il n’y ait plus de sous indexation de quelque retraite que ce soit à partir de l’année 2021. Je pense qu’il faut rebâtir cette clarté, cette lisibilité pour nos retraités.

Ambition pour le prochain quinquennat ?

Et nous avons besoin, je crois, de bâtir une ambition à 2025 où on se donne des objectifs clairs et on mobilise en fonction de ces moyens.
Aussi finaliserons-nous pour cet automne une stratégie c’est-à-dire la définition des moyens publics qu’on met pour financer ce nouveau risque, de la réorganisation d’une filière qui va permettre de créer des emplois peu qualifiés et qualifiés, de toute une filière industrielle qui va avec et de la réduction du reste à charge pour les familles avec une ambition qu’on doit se donner et qui montera progressivement en charge pour qu’à horizon 2025 cette politique soit pleinement déployée.
Et face au numérique, au changement climatique, tout ce qu’on a commencé à faire, on a besoin de bâtir un pacte productif permettant de viser en 2025 le plein emploi. C’est à notre portée, complètement, et pour cela il nous faut un plan clair : produire, se déplacer, se nourrir, se soigner avec des objectifs en matière d’investissements dans notre recherche publique et privée, des priorités technologiques claires au niveau français comme au niveau européen

Exit ambition s mondial et européennes au plan politique ?

L’Europe à laquelle je crois, l’Europe souveraine forte, c’est une Europe qui repense une ambition de coopération de développement à l’égard de l’Afrique et de toutes celles et ceux qui en ont besoin pour éviter l’émigration subie mais c’est aussi une Europe qui tient ses frontières, qui les protège. C’est une Europe qui a un droit d’asile refondé et commun et où la responsabilité va avec la solidarité. C’est sur ces bases qu’on doit refonder Schengen quitte à ce que ce soit un Schengen avec moins d’Etat. Je ne veux plus avoir dans l’espace Schengen des États qui vous disent j’en suis quand c’est pour la liberté de circulation mais moi je ne veux pas en être quand il s’agit de répartir la charge. »

Au vu des différents points du discours présidentiel que nous avons réunis il apparaît que Monsieur Macron a du mal à échapper au triptyque de la situation dans lequel il cerne son action politique: le statut d’éternel candidat, le choix d’une position jupitérienne où rien n’est négociable , et un acte de mea culpa ou de contrition à fin de mieux affirmer ses positions.

Dominique Grimardia, Pierre Cusson, Marie Combe

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