La politique est un milieu fascinant, creuset d’ambitions, de pouvoirs, de luttes, de projets, d’orientations sur le futur. Certains y usent de ruses et de patience pour arriver aux postes convoités, d’autres en héritent presque par accident.
Le 28 mai doit être décidée au PS la nomination du candidat de la région. Claude Bartolone a présenté son projet pour les élections régionales mercredi soir lors d’une réunion à Solférino. Il souhaite être le porteur 
d’une action pour le futur en « faisant entrer l’Ile de France dans une nouveau monde », « le garant de la politique sociale » mise en oeuvre et l’initiateur d’un conseil régional » diversifié, de toutes les origines et de toutes les couleurs d’Ile de France ». Candidat « surprise » appuyé par l’Elysée, il obtient le rassemblement des autres candidats du PS, Marie Pierre de la Gontrie et, non sans remous, Jean-Paul Huchon en quelques jours.
Opération d’Etat-Major, face au Huchon-bashing constant de Valérie Précresse, qui aura semble-t’il porté ses fruits auprès des instances du parti socialiste, car celui-ci a reculé la désignation du candidat à plusieurs reprises.
Valérie Précresse s’était en effet invitée dans le débat socialiste depuis de nombreux mois déjà. Dans les rédactions bruissait son analyse inlassablement répétée selon laquelle le candidat Jean Paul Huchon ne pourrait pas être réélu. Valérie Pécresse donna même une conférence de presse en février, à la suite de la candidature interne de Marie-Pierre de la Gontrie, pour délivrer un message et un sondage faisant apparaître un relative coude-à-coude de 18% d’intention de votes pour celle-là et 21% pour Jean-Paul Huchon. De mémoire jamais on n’avait vu un candidat à une élection organiser une conférence de presse pour présenter un sondage valorisant une candidate à la désignation interne d’un parti adverse contre le sortant.
Valérie Pécresse s’est donc invitée à la désignation du candidat, et cela de manière fort adroite, car sa principale difficulté dans cette campagne était Jean-Paul Huchon. Enarque comme elle, travailleur infatigable, en permanence sur le terrain, il connait les dossiers et les gère de manière très habile. Des similitudes, des engagements différents, mais deux personnalités dont les conférences de presse donnaient le sentiment d’assister à des parties de ping-pong. Les attaques et contre-attaques des deux ténors rythmaient la vie politique de la région Ile de France.
Mais, par delà ces joutes, l’enjeu est d’importance car d’une certaine manière c’est la présidence de Jean-Paul Huchon à la région Ile de France qui a permis de consolider, et par là-même de mieux gagner les municipales de Paris pour le PS. En tout cas, aussitôt réussie la candidature de Claude Bartolone, Valérie Pécresse a nettoyé devant les caméras un camp de Roms dans le département de la Seine Saint-Denis, fief de son nouvel adversaire. Claude Bartolone, qui n’a pas souhaité relever le fondement de cette action, a quand même fait remarquer qu’ « à l’UMP on aime nettoyer » et qu’on y laissait » aux hommes le soin de manier le Karcher, et aux femmes celui d’utiliser le balai « . Il n’en demeure pas moins que Valérie Pécresse aligné sagement et proprement les petits sacs blancs devant la presse, que vont-ils devenir ?
Jean Cousin
