Art & Culture, Théatre 13/05/2025

L’affaire Corneille Molière Fiction ou réalité ?

by Albane Cousin

Issu du Cours Florent, Marc Tourneboeuf, comédien et metteur en scène trentenaire,  met en scène avec brio la controverse Corneille – Molière dans un spectacle dynamique.  Son envie d’écrire,  chevillée au corps, s’exprime pleinement dans un spectacle haut en couleur. Entretien. 

Comment vous est venue l’idée de la pièce L’Affaire Corneille-Molière ?

En regardant une émission de Franck Ferrand sur cette fameuse controverse : Corneille aurait-il écrit les pièces de Molière ? J’ai été frappé par la façon dont certaines vérités, pourtant bien établies, peuvent être remises en cause. Plutôt que d’expliquer l’affaire frontalement, j’ai voulu raconter ceux qui enquêtent dessus. J’ai donc situé l’histoire en 1968, une année emblématique de rupture et de remise en question, qui fait  écho à la nature même du débat.

Quelle a été l’ampleur de vos recherches historiques et littéraires ?

Assez importante. J’ai passé des semaines, voire des mois à lire, croiser les informations, confronter les thèses. Évidemment, toutes les sources n’apparaissent pas dans le texte final : l’objectif n’était pas de faire un cours, mais une pièce vivante. Il y a néanmoins un vrai travail de fond sur les positions défendues par des chercheurs, professeurs, écrivains, et historiens… 

Quelle est la part de réel et de fictif ?

L’histoire principale est romancée, mais tous les éléments liés à l’affaire Corneille-Molière sont tirés de faits historiques. Dans l’intrigue, j’ai imaginé un troisième protagoniste,  mais cette hypothèse s’appuie sur des éléments vérifiables. J’ai brodé autour du réel, sans jamais l’inventer entièrement. Les dates citées sont exactes, tout comme les anecdotes historiques : Racine, par exemple, était effectivement voisin de Jean-Leonor Le Gallois de Grimarest, le premier biographe de Molière.  Je me suis inspiré des cercles jansénistes auxquels appartenait Racine, mais la “Voie du Souvenir” n’existe pas. Il existe bien un mémorial janséniste et des associations encore actives, mais l’organisation secrète évoquée dans la pièce est une invention au service du récit.

Combien de temps vous a-t-il fallu pour écrire la pièce, la finaliser et qu’elle soit prête à être jouée ?

L’écriture a duré quatre ans, avec plusieurs phases de pause. Il y a eu de longues périodes de maturation. Et certaines scènes ont été retravaillées jusqu’à la dernière semaine avant la première. C’est un processus vivant … qui continue parfois jusqu’au plateau.

Quel a été le plus grand défi dans l’écriture et la mise en scène  ?

L’enjeu principal, c’était d’équilibrer  entre l’intrigue contemporaine et la dimension historique. Il fallait que la pièce parle à tout le monde, tout en respectant la complexité du sujet. Il y avait le défi de la mise en scène. Les acteurs devaient pouvoir jouer avec liberté. J’ai donc fait appel à Julien Alliguet, comédien et metteur en scène. Nous avons réfléchi à une scénographie légère, avec peu de costumes, mais des accessoires très parlants. Il fallait pouvoir passer d’une époque à l’autre en un geste, en une lumière. L’espace scénique est pensé comme un terrain de jeu souple, presque cinématographique.

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