Cette exposition au Jeu de Paume couvre l’ensemble des photographies réalisées durant toutes les périodes de la vie du photographe d’André Kertész.
Il naquit en Hongrie à la fin du XIX, fut blessé au front durant la guerre de 14-18, et ce fut à ce moment que sa passion de la photographie put s’exprimer lorsqu’il se trouvait à l’arrière des combats. Il avait d’ailleurs réussi à ce qu’on pût lui faire parvenir le matériel de développement des négatifs nécessaire. Son talent s’exprima alors au travers de portraits de groupe, où d’ailleurs, ‘coquetterie’ grâce au retardateur, il put de nombreuses fois être présent au sein d’instantanés de «guerre». Par la suite en France, de 1925 à 1936 André Kertész commença réellement à exprimer son talent de photographe de façon plus professionnelle en travaillant pour la presse, entre autres au magazine Vu. Il développa un style particulier de reportage photographique caractérisé par un sens photographique plus sensible à l’interprétation subjective et sociale. Ensuite il partit pour New-York, en 1936. Son talent photographique n’y fut pas initialement perçu à sa juste valeur, ce qui le conduisit durant quelques années à une certaine mélancolie. Mais il finit par décider d’y rester après la deuxième guerre mondiale (il acquit la nationalité américaine en 1944). André Kertész dés lors travailla pendant près de trente cinq ans pour le magazine House and Garden, réalisant des prises de vue dont le style ne lui permit pas d’exploiter son réell talent créatif. Toutefois ce fut pour lui une activité rémunératrice et confortable. Par la suite une fois son contrat terminé avec le magazine House and Garden, André Kertész reprit le chemin d’une création plus personnelle. L’exposition présentée au Jeu de Paume est très complète et recouvre la totalité des principales oeuvres créatrices d’André Kertész. Mais ce qui est le plus intéressant si ce n’est le plus important, ces sont les prises de vues réalisées avec la pellicule polaroid. En effet André Kertész, grâce à un accord avec Polaroid Artist Support Program a pu utiliser ce nouveau media, à l’époque le SX70 et sa pellicule à développement instantané. Ces polaroids sont d’une grande modernité et d’une sensibilité extraordinaire reprenant les fondamentaux du travail de création d’ André Kertész, qui sont le jeu permanent avec les déformations et les distorsions. Les fameuses photographies de la série «Distorsion» qu’il a réalisées pour le magazine Sourire en 1933, montrent ces corps de femme pris au travers de miroirs déformants, et en sont devenues l’exemple le plus célèbre.
Ces polaroids, originaux uniques, mettent en avant un objet de verre, qui a eu la particularité de lui rappeler sa femme Elisabeth disparue en 1977. A Ces images méritent à elles seules la visite de l’exposition André Kertész au Jeu de Paume du 28 septembre 2010 au 6 février 2011.
Forks magazine
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