Le grand jour est arrivé. Anne Hidalgo annonce ce qui n’est absolument pas une surprise: « sa candidature ». Elle le fait non avec une conférence de presse, mais par le biais d’un article dans Le Parisien. Certains esprits chagrins pourraient considérer qu’elle a choisi le confort en évitant le traditionnel questions/ réponses face aux journalistes.
Un détail de campagne ? Peut-être pas. Cela poursuit ce qui a été son attitude permanente envers la presse: une absence de débat, une absence de réponse aux questions posées.
Anne Hidalgo ne semble pas vouloir présenter un bilan de son mandat. La candidate sortante et son équipe ne semblent regarder que l’avenir de Paris. Elle évoque les Jeux Olympiques. Mais que retenir d’une compétition où il n’y avait qu’une seule candidature, celle de Paris? Que retenir de ce déplacement à Lima au Pérou pour « fêter la décision »? Le coût astronomique, le bilan carbone du voyage en avion d’ une équipe de plus de soixante personnes. Des « vainqueurs » sans adversaire, puisque Los Angeles s’était désistée pour 2028. Selon Médiapart, le niveau de la dépense aurait atteint plus d’un million d’euros.
Les Parisiens seront-ils être enclins à accorder leurs suffrages au porteur d’un événement qui va encore créer plus de pollution, plus de problèmes pour le quotidien. Il y a déjà trop de touristes, avec en corollaire les coûts prohibitifs des commerces, des restaurants, de l’immobilier, boostés par le pouvoir d’achat des touristes les plus fortunés de la planète. Ne serait-ce pas là le « système Hidalgo »? Des éléments de langage, sans possibilité d’obtenir de réponses aux légitimes questions que pose tout projet.
Paris est l’ une des villes les plus peuplées de la planète. Elle compte 2 190 327 habitants, soit une densité de 20781 habitants au km2 selon les chiffres INSEE. Avec le tourisme, c’ est l’équivalent d’une population annuelle supplémentaire de près de 300 000 habitants. Or aucune démarche n’a été mise en oeuvre pour assurer le respect du cadre de vie des Parisiens, ne serait-ce qu’au niveau du bilan carbone de cette activité en croissance constante.
Par contre, pour proposer de nouvelles mesures de nature à rendre le quotidien des Parisiens toujours plus compliqué, plus inconfortable, plus cher, Anne Hidalgo a beaucoup d’imagination, et peu d’intérêt pour les administrés.
Le « Tout Electrique » a été maintes fois présenté dans le cadre de la Mobilité comme la seule voie permettant de résoudre les problèmes de déplacements individuels. On peut légitimement douter de cette volonté écologiste. Il s’agirait ni plus ni moins que d’imposer le « Tout Transport en Commun ». Mais en matière de transport le discours est double.
Il y a la volonté politique de supprimer la quasi totalité des possibilités de déplacements par des moyens individuels. On prévoit 60 hectares de places de stationnement en moins pour les transformer en piste cyclable. Toutefois favoriser ce type déplacement est un leurre. Cela implique, en corollaire de cette annonce, que toutes les possibilités de stationnement sont supprimées. Et elles le sont pour tous les véhicules: voitures, motos, scooters, vélos, qu’ils soient électriques ou pas.
Quel que soit le moyen de transport, ce que tout parisien peut constater, c’est qu’il n’y a pas de places de parking suffisantes pour aucun des moyens de transports individuels. Anne Hidalgo ne présente pas de solution d’avenir, ni universelle, ni écologique, mais la solution réductrice de sa vision de l’activité au sein d’une cité.
Anne Hidalgo a toujours poursuivi une gestion hasardeuse, coûteuse, ouverte à l’urbanisation à outrance. Le projet Triangle de la Porte de Versailles en est un exemple. Les services de l’urbanisme sont peu regardants, et plutôt enclins à régler les problèmes personnels de quelques uns. Quid de l’éthique?
Anne Hidalgo rassure le PS par sa capacité à réunir. En réalité elle incarne une politique de clientélisme réalisée sans ambition. De façon purement discriminatoire il s’agit de favoriser certains parisiens au détriment d’autres, en accordant avantages et passe-droit, sans se préoccuper du Droit. Un système où l’administré qui n’est pas adoubé par un politique est le Parisien qui n’a droit ni au confort, ni à la bienveillance.
De même, lors de ses voeux à la presse en 2019, Anne Hidalgo s’interrogeait sur le fait que la population des Parisiens n’’était en fin de compte qu’un agrégat de jeunes adultes qui vivaient quelques années à Paris, puis allaient fonder une famille ailleurs. Anne Hidalgo ne s’interroge pas sur les conditions de vie de ces mêmes jeunes Parisiens au quotidien. Des familles se retrouvent sans possibilité de se déplacer, avec des enfants en bas âge, sans habitat confortable, sans crèche, et doivent composer avec des coûts de la vie sans commune mesure avec leurs revenus.
On peut donc s’interroger sur le parcours d’Anne Hidalgo, toujours adoubée sans réel combat politique. Est-elle en mesure de se battre pour sa réélection. A-t-elle un sens de la stratégie politique dans le cadre d’élections ?
On pourrait en douter. Dans le dernier grand combat électoral, celui des élections régionales de 2016, Anne Hidalgo aurait adoubé Marie-Pierre de la Gontrie, vice-présidente de la région, qui s’est ensuite frontalement opposée à Jean-Paul Huchon dans la course à l’investiture. L’imbroglio qui s’en est suivi a écarté à la fois Marie-Pierre de la Gontrie et Jean-Paul Huchon. Et le PS a choisi in fine Claude Bartolone comme candidat. Dans cette situation politique, l’initiative maladroite de la maire de Paris semble avoir été un facteur non négligeable de la perte de la région Ile de France par le PS.
Ces erreurs politiques rendent Anne Hidalgo fragile en tant que candidate sortante. Pour preuve, les derniers sondages ne lui donnent que 22,5% d’intentions de vote. Pour un candidat sortant cela augure un combat difficile pour convaincre les Parisiens du bien-fondé d’un bilan que certains considèrent comme plus qu’en demi-teinte.
Et une politique de communication qui ne s’appuie que sur des projets est un pari plus qu’audacieux.
Marie Combes