Que dire du film de Li Hongqi ? Une esthétique certaine, mais surtout une structure narrative faite de silence, de réflexion, un no man’s land de l’action. Dans un village de Chine du Nord les vacances s’achèvent. Quatre adolescents, emblématiques de tous les adolescents qui hantent les rues de ce village et ce film, cultivent encore le désoeuvrement. C’est le moment des grandes décisions pour certains, des analyses de ce que pourra être leur futur immédiat ou lointain. Sur ce fond d’indécision existentielle liée à ce moment de passage entre l’oisiveté de la fin de l’adolescence et l’entrée dans cet état d’adulte soumis à des obligations beaucoup plus pragmatiques se développent des réflexions sur des conséquence à-venir de l’évolution du communisme.
Li Hongqi en est à son troisième long métrage , après «So Much Nice» en 2005 et «Routine Holiday» en 2008.
C’est donc son deuxième film dont le titre et le sujet reprennent la notion de vacances. Mais ces «Holiday», ne sont pas exclusivement des moments de détente, ce sont aussi des prétextes à des réflexions, d’analyse et des moments d’introspection.
Bien que le réalisateur s’en défende ( voir l’interview qui suit), le spectateur ressent le sentiment que Li Honqqi met en valeur de morceaux de vie choisis, anodins au départ, presqu’ennuyeux par moment, mais déterminants pour le futur qu’ils engageant. Le lieu, ce petit village de province, est le lieu où seule la réalité des mots et des actions futures et incertaines tisse un déterminisme quotidien. Et le travail de mise en scène de la trame narrative condense le passé poétique et pictural de ce réalisateur. L’image s’impose par des plans très cadrés et une mise en place des acteurs quasiment théâtrale. Les symboles développés par leur positionnement dans l’espace monotone de ce lieu enneigé et paradoxalement vide se rapprochent par leur itération d’une démarche de recherche poétique du pouvoir dire sans cependant succomber à un narratif trop évenementiel.
Ce film original, particulier, mais correspondant à une nouvelle esthétique narrative, developpe une nouvelle sensibilité, une «nouvelle vague chinoise» serait-on tenté de dire.
Interview de Li Honqqi :
Le film semble avoir une forte dimension autobiographique: d’où naît cette impression? Pourquoi?
«Vacances d’hiver» contient en fait très peu d’éléments autobiographiques à l’intérieur, mais il y a ma vision, ma propre compréhension de la croissance, plutôt que des enregistrements de la la croissance.
Est-ce que le dialogue entre les adolescents et les dialogues entre les deux enfants constituent une transcription d’une véritable expérience de vie?
C’est ce que je comprends de la vie.
Pourquoi associez-vous l’avenir au fait d’échapper?
Pas échapper, mais combattre, puis surmonter. La vie est sans issue réelle, mais l’homme vivant
cherche une série d’excuses pour oublier les faits de la vie. Je ne crois pas dans la vie, de sorte que ne pas s’engager dans la vie, pour moi, c’est juste une question, comme mon corps et l’esprit. J’ai plein d’amour et de haine pour le monde et moi-même. Ces choses me sont très confuses, mais en même temps me remplissent de force.
Quel est votre projet de film suivant?
Pendant deux ou trois ans, je vais me consacrer au tournage des documentaires comme un travail préliminaire, et concomitant à la préparation également d’un nouveau script de film. Le film sera tourné dans l’ été 2014, et devrait être achevé dans l’hiver de la même année.
Forks magazine © Forks 2011