Ambiance enthousiasme pour ce dernier Conseil National des Républicains à La Mutualité à Paris. On peut même, sans trop s’avancer, supposer que beaucoup les militants du parti considèrent la victoire à portée de main avec
un candidat issu des primaires, qui a gagné haut la main, et une équipe de campagne qui a pris sous sa coupe les ténors de tout bords.
Le parti a été repris en mains par François Fillon dés les résultats des primaires connus, car, conformément au règlement des primaires, il est devenu automatiquement à l’instant de sa victoire Président des Républicains. Ce conseil national, le premier à ce poste est aussi une victoire pour François Fillon, car il lui avait échappé en 2012, après une succession de coups de théâtre, révélations diverses et manoeuvres pour le moins surprenantes.
Et François Fillon préside ce Conseil National des Républicains, avec une évidence qui doit s’impose: « c’est carré ». Pas une voix discordante à la tribune, des discours des caciques du parti sans fausse note. Le message est clair, tout le parti est derrière son candidat avec enthousiasme, abnégation, et certitude. Bien qu’en off certains de ces mêmes caciques aient évoqué des dissensions internes, celles-ci ne transparurent officiellement que lors de quelques coups de fleuret moucheté assené par François Fillon lorsqu’il évoqua, entre autres, le « microcosme ». Allusion aux médias et instituts de sondages de toutes natures qui l’avaient prématurément remisé au rang de décorum des primaires de la droite.
Certes par tradition, pourrait-on presque dire, et ce en souvenir des joutes des barons gaullistes à l’UDR dont les LR sont les héritiers. Il est raisonnable d’imaginer qu’il est difficile pour certains caciques du parti, qui ont fait partie des équipes dont les candidats furent pendant tant de mois en têtes des sondages, d’être dorénavant obligés de prendre conscience que les investitures qu’ils avaient souhaité obtenir pour leur entourage ne sont plus envisageables. Peut-être avaient-ils envisagé une sorte de martingale « à qui perd gagne », au nom de l’unité lors de l’annonce de la victoire de François Fillon.
Mais la marge de manoeuvre de ceux qui cherchent à garder leur influence est particulièrement étroite, si ce n’est inexistante. A trois mois des élections présidentielles, que peuvent-ils faire ? S’opposer frontalement ? Les conséquences sur la campagne présidentielle et vraisemblablement les législatives seraient désastreuses.
Quitter le parti ? Trop court. Trop tard. De toute façon François Fillon sait que, pour gouverner comme il le souhaite, il lui faut une majorité de députés qui lui soit personnellement attachée.
Or, à cet instant les équilibres politiques ne sont pas d’actualité. La détermination sans faille du parti doit’être sans faille. Constatons le réel, les tribuns du parti, pendant prés de deux heures, exprimèrent devant les militants leur foi en François Fillon et en son programme sans sourciller. Valérie Pécresse qui avait eu l’opportune maladresse de se déclarer en faveur d’Alain Juppé quelques jours avant sa défaite, ne put que rappeler que ce qui faisait, pour elle, le ciment qui la liait à François Fillon était leur combat lors des élections régionales d’Ile de France. Et devant un François Fillon impavide, elle mena une véritable charge sur tout le spectre politique, de Macron aux candidats de la Primaire Citoyenne de la gauche qu’elle épingle un à un: Manuel Valls champion du 49-3, Benoit Hamon qui n’a jamais fait une seule rentrée scolaire. Elle n’oublia pas non plus les « problèmes » de famille du Front National, dont-elle fustigea les affaires de familles.
Laurent Wauquiez, pour sa part, considère qu’« il faut des paroles fortes, pas des courtisans », allusion non dénuée de bon sens, à l’appui de son souhait d’être attentif à un électorat qui peut être déstabilisé par les mesures touchant les fonctionnaires, le système social d’aides ou bien celles remettant en cause la Sécurité Sociale. Mais tout semble tendre vers le fait, qu’il n’a pas été entendu.
Il est certain que les mesures présentées par François Fillon sont pour certaines de nature à ne pas être en mesure de convaincre des pans entiers de l’électorat, mais l’essentiel, stratégiquement, étant d’être présent au second tour.
Bruno Retailleau, quant à lui, est d’avis que le » FN et le PS sont des faux jumeaux ».
Le discours de François Fillon clôtura le Conseil National. Les maîtres-mots en furent « unité et engagement total pour la victoire », un rappel d’un passé proche avec « Laissez les scénarios aux scénaristes, laissez les sondages aux sondeurs, ne nous laissons ni enivrer par les bonnes nouvelles, ni abattre par les moins bonnes : une présidentielle réclame sang-froid et ardeur ».
François Filon poursuivit en déclarant que « Les Français en ont plus qu’assez des demi-mesures », que « son projet va être enrichi, expliqué ». Il affirme qu’il n’a pas l’intention de changer de programme ou d’objectif. » Nous n’avons pas d’autres choix que d’aller à fond ». La décision souveraine du vainqueur des primaires est de ne modifier ni sa ligne politique , ni son programme. En effet pour la candidat à l’élection présidentielle « il faut travailler plus pour produire plus » augmenter le temps de travail , et introduire la négociation en entreprise, formule magique, paradigme intangible.
Sur le plan économique François Fillon affirme « je veux casser cette spirale infernale. Je veux la casser non par l’austérité et la déflation, mais par la production et la reflation ». Il est certain qu’une augmentation de la production pourrait être logiquement envisagée, mais elle est étroitement dépendante de la croissance mondiale, et la reflation n’est pas envisageable raisonnablement alors que nous sommes dépendants de l’Euro, et qu’il n’est possible de se désolidariser de la politique de la Banque Européenne. Pour François Fillon son programme se fonde sur l’efficace, le leitmotiv de son programme.
Plus direct et real-politik pour la politique internationale, François Filon affirme sans ambages: « Quel que soit celui qui dirige le Kremlin à Moscou, et quel que soit celui qui dirige la Maison-Blanche, l’amitié n’a rien à faire quand on défend la place de la France dans le monde et la sécurité des Français ». Serait-ce une légère inflexion vis-à-vis des affirmations initiales de la campagne des primaires, et le rapprochement avec la Russie, tel qu’il fut présenté initialement lors des débats des primaires, semble se nuancer.
En fin d’intervention François Fillon fit par de son attachement à la parité homme-femme et annonça, pour la semaine à venir, des réajustements nécessaires pour s’en rapprocher, et qu’il n’envisage pas de revenir sur la loi des non-cumuls.
De l’intervention du Président des LR en clôture de Conseil National il ressort que sa ligne directrice ferme prévaut sur toutes autres considérations. Une ligne directrice que certains pourraient qualifier de dure. S’agit-il d’une option ferme et sans retour, ou de la nécessité d’impulser une orientation au parti? les débats télévisés et interviews des dernières semaines de campagne pourront y apporter une réponse.
Quoi qu’il en soit le vrai départ de la campagne présidentielle ne sera donné que lorsque le candidat du Parti Socialiste sera connu, c’est à dire dans moins de deux semaines.
Jean Cousin, Pierre Cusson, Emilie Teboul