Le tout dernier buzz est lié à l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, quand une aussi phénoménale quantité d’informations partisanes, de contre-vérités est colportée au sein du réseau social, la question est de savoir si n’apparaît pas alors l’autre face du résau. Et surgit ce questionnement soudain: Plus qu’une « découverte » du média,
La déclaration spontanée de Marc Zuckerberg, à la suite des articles parus en ce sens, présente toutes les conventions du genre. Celui-ci affirme en effet « qu’une toute petite partie des contenus ait influencé la présidentielle est une idée assez dingue ». Cela revient donc à dire que les annonceurs qui investissent de quelques centaines à plusieurs centaines de milliers d’euros sont assez dingues pour croire que leur publicité, qui représente une partie infinitésimale dans la masse totale, puisse avoir une quelconque influence sur qui que ce soit.
D’ailleurs les réponses de Facebook aux accusations lancées par les médias américains ne manquent pas d’humour – noir à tout le moins- . Qui peut en effet croire que Facebook, dont le modèle économique est basé sur sa capacité à se présenter aux publicitaires comme un influenceur, et donc un vecteur de communication sans pareil, puisse soudainement devenir un acteur neutre, qui ne véhicule que peu d’informations politiques.
Et il est vraiment « dingue » qu’ à chaque grand événement , le débat revienne sur la perception des événements par les internautes à travers le prisme des réseaux sociaux (Facebook, Twitter) capables de modifier leurs votes. Les réponses données à ces critiques sont tout aussi régulièrement vides de sens. Elle s’articulent toujours sur le principe de la bonne volonté de Facebook, de la volonté de l’entreprise de faire mieux, et d’expliquer que, dépassée par son succès, tout n’est pas encore parfait.
En réalité, que croire? Son discours marketing, selon lequel les publicités sont si parfaitement ciblées qu’elles parviennent à un panel d’une finesse et d’une précision telles que chaque vision entraine un achat immédiat? Ou celui, en simultané, qui prétend que Facebook est incapable d’imaginer ce qui peut se passer sur son réseau.
En réalité Facebook suggère en permanence qu’il est parfaitement à même de connaître ce qui se passe sur ses réseaux, et donc de réaliser les arbitrages afin de se positionner au mieux de ses intérêts. Le simple fait de créer une polémique sur la possibilité que Facebook est capable de faire l’élection d’un Président des Etats-Unis est une manière de montrer la capacité du réseau social à peser sur un scrutin.
La problématique est une remise en cause des usages de la démocratie pour les futurs présidentielles françaises existe, car si les algorithmes « neutres » de Facebook préconisent un candidat, sera-t-il élu, même si tous les pronostics sont en faveur de son concurrent. Les futurs candidats devront-ils investir massivement en publicité? Devront-ils investir dans une armée d’influenceurs pour modifier la perception des électeurs? Devront-ils encourager ceux qui sont acquis à leurs idées à promouvoir des messages en « sponsorisant » les liens Facebook et par là même détourner les règles qui régissent le financement des partis et les plafonds prévus des élections présidentielles ?
Face à ces questions, les contradictions des affirmations de la communication du réseau social Facebook, entretiennent un sentiment d’ambiguïté, plus que celui de la transparence.
Jean Cousin