Le Conseil National du Ps pour l’investiture de Benoit Hamon le 5 février débuta par l’intervention d’Anne Hidalgo fervente supportrice de Vincent Peillon intervient la première. A sa suite Thomas Clay annonce des résultats définitifs de la primaire. Sans surprise il confirme l’élection de Benoit Hamon, mais rappelle aussi que les suffrages exprimés pour le second tour ont dépassé les 2 millions de votants.
L’intervention de Jean-Christpohe Cambadélis confirme son message et sa volonté inlassablement répétée de préserver l’unité nécessaire au sein du PS. A 11 semaines du premier tour, Jean Christophe Cambadélis a réussi le tour de force de remettre sur rails une primaire en fâcheuse posture. Il a assuré l’effacement de François Hollande, annoncé la non-élection de Manuel Valls au second tour et, lors de ce Conseil National, il présente médiatiquement un parti uni, et un candidat aux présidentielles: Benoit Hamon.
Le parti socialiste, considéré il y a encore quelques semaines par certains dans les cordes, à bout de souffle, se retrouve en effet aujourd’hui avec des primaires qui ont permis d’enrayer cette chute. Une chute et un désintérêt que l’on peut attribuer au retrait de François Hollande, car les primaires de la Belle Alliance avaient été conçues sur mesure pour la réélection du Président de la République. La victoire aux primaires de Benoit Hamon ne résout certes pas tous les problèmes , mais celle-ci a le mérite de clarifier le débat, et de confirmer le rejet de la politique menée par Manuel Valls. Ce choix de gouverner ou le plus exactement le choix politique d’une orientation ressentie par certains comme étant de centre droit n’a pas permis une percée significative auprès de l’électorat de centre droit, et a surtout été rejetée par l’électorat de gauche.
Arrivé en compagnie de François Kalfon, Arnaud Montebourg apparaît dynamisé à l’idée de participer au combat des présidentielles, bien qu’il n’ait pu accéder au second tour des primaires. Il est longuement acclamé de même que l’intervention de Christine Taubira. Il s’agit donc bien du retour de ceux qui, pour des raisons diverses, ont quitté le gouvernement depuis 2014, se sont opposés à la politique de Manuel Valls et ont acquis une légitimité de poids, les faits leur ayant donné raison.
Tout n’est cependant pas rose car Benoit Hamon a présenté durant les primaires un programme extrêmement fouillé. En tant que candidat à la présidence de la République, son programme définitif de campagne ne l’est pas encore. C’est une période d’incertitude politique compte-tenu des éventuels ralliements en faveur de Pierre Laurent du PCF, Yannick Jadot, et surtout l’insaisissable Jean-Luc Mélenchon .
Mais à cet instant, cette présidentielle à rebondissements a réussi à réunir dans la même salle Vincent Peillon, Arnaud Montebourg, et Benoit Hamon, eux qui furent à l’origine du NPS en 2002. Retournement de situation, et peut-être occasion, si l’élection présidentielle est favorable à Benoit Hamon, de mettre en œuvre ce renouveau plus de quinze ans après qu’il fut tenté. La politique est parfois un long chemin. Le slogan « La gauche de retour » trace le chemin suivi pour ce Conseil National. A cet instant seul Emmanuel Macron pourrait être un obstacle à la présence de la gauche au second tour.
Le discours de Benoit Hamon, à 12h21, conclut ce conseil national du PS. Après un démarrage calme, presque timide, Benoît Hamon conscient des enjeux, exprime avec retenue sa volonté de réussir. Il rend ensuite hommage à Jean-Christophe Cambadélis, rappelle que sa réussite à ces primaires a déjoué tout pronostic. Puis le rythme s’accélère. Plus offensif, Benoit Hamon attaque les candidats de la droite et le candidat hybride, évoque ensuite en quelques mots le bilan du quinquennat sur lequel il est « nécessaire de s’appuyer ».
Après avoir fait part de son analyse du ressenti des Français sur le monde anxiogène et menaçant qui les entoure, Benoit Hamon insiste sur le fait qu’il n’est pas l’homme providentiel. Il croit au contraire en l’intelligence collective, et cite Mendes France: « Choisir un homme, fut-il le meilleur, en place d’une politique, c’est abdiquer ». Et Benoît Hamon d’affirmer: « C’est ce que je propose, une politique. »
Ses analyses tournoient dans l’amphithéâtre de la Mutualité à un rythme incessant. » Nous sommes à un tournant la conclusion d’un cycle et le début d’un autre. Et même si la croissance revient nous ne disposons pas des outils pour la gérer. »
Du pragmatisme écologique, quand il s’engage à arrêter la mise en circulation des véhicules diesel pour 2025, il revient sur le social. « Je propose deux voies: le revenu universel c’est une partie des questions, mais ce qui me frappe ce sont les nouvelles conditions de travail des jeunes générations, contrat court, pas de droit à des protections ».
La politique étrangère, Benoit Hamon l’aborde selon plusieurs axes. « Le premier c’est la défense européenne, car la France est le seul pays européen qui dispose d’un système de défensif complet ». Il propose de créer des partenariats pour une politique de défense commune face aux remises en cause liée aux positions de politique étrangère de Donald Trump. Le second est basé sur une politique extérieure indépendante, une souveraineté énergétique du continent européen. Pour cela il compte « s’appuyer sur le fait que 40% des brevets énergétiques sont déposés par des entreprises françaises », et met en avant « la sécurité de notre approvisionnement basé sur une transition énergétique européenne ». Pour le troisième axe, il déclare « j’aspire à un nouveau traité du social Européen », et ouvre une réflexions « ce que nous voulons développer, ce que nous voulons protéger ». Le social toujours et encore: « Nous mettrons en oeuvre le 49.3 citoyens », et avec la création d’une loi participative,
Au programme figure aussi les préoccupations liées à notre Constitution. « Cela fait 70 ans que nous vivons avec la V ème République (…) Elle a été pensée par le Général de Gaulle pour lui.(…) Il est temps maintenant d’organiser une nouvelle ère politique et démocratique.(…) Je ferai des propositions « pour la mise en œuvre d’une VI République. J’en prends l’engagement ».
Pour conclure Benoit Hamon cite cette phrase d’Albert Camus qu’il a faite sienne dans sa réflexion et son combat politique: « Au milieu de l’hiver, je découvris qu’il subsistait en moi un invincible été ». Et c’est par ces mots choisis à l’attention des militants socialistes « Croyez en cet été qui vient, et alors nous serons invincibles » que Benoît Hamon termine son discours.
Dominique Grimardia, Jean Cousin