Ambiance speed pour la présentation du programme de Benoit Hamon pour l’Education Nationale et la culture en son QG de la tour Montparnasse. Il traverse une première fois, en bras de chemise, la pièce où est réunie la presse, réapparaît, retraverse une seconde fois, s’en retourne à son bureau, pendant que le conseiller explique qu’il revient des Landes et repart pour Montpellier, une fois terminée la conférence de presse qui sera minutée en direct par un conseiller.
Tout d’abord une surprise pour un candidat que tout portait à faire croire, à l’image de sa position sur le cannabis, comme celui de la rupture. Ses premiers mots furent ceux d’un satisfecit pour l’action du Ministère de l’Éducation Nationale, la mise en oeuvre de la réforme des collèges, et l’action de la ministre Najat Vallaud-Belkacem, alors que nul n’ignore que celle-ci ne fut point accueillie avec enthousiasme, ni des parents, ni des élèves, en passant par les enseignants et les collectivités locales.
Benoit Hamon, nous fit part ensuite d’une longue liste de mesures et de souhaits sur la politique qu’il souhaitait mettre en oeuvre. Un inventaire à la Prévert, pourraient considérer certains esprits chagrins, mais le débat des primaires est aussi l’opportunité de faire valoir des positions plus audacieuses que celles qu’un candidat désigné par son parti ne peut faire.
Benoit Hamon lut son programme Benoit Hamon à un rythme effréné. Les propositions s’enchainèrent. Par exemple celles en faveur d’une limitation à 25 du nombre d’élèves en CP1 et CP2, en valeur absolue toutefois ( c’est-à-dire qu’aucune classe ne pourrait dépasser cet objectif, et non pas une moyenne calculée sur la totalité des classes ), avec même un objectif de 20 élèves pour certaines zones et territoires ruraux. Création d’un indice social dans chaque établissement, afin de pouvoir mieux cibler les moyens à mettre en oeuvre. Mais aussi des objectifs généraux avec la valorisation du travail des enseignants, et la volonté d’investir dans la formation de ceux-ci. Préoccupation soudaine et surprenante pour un ancien ministre de l’Éducation Nationale qui n’a, lors de son passage à cette fonction, fait aucune proposition en ce sens, bien que ce point soit depuis des décennies un problème récurrent, et que nul ne pût ignorer l’absence chronique de toute formation durant la carrière d’un enseignant, par manque chronique de budget, moyens et surtout de volonté.
Un conseiller, après la conférence de presse, a, en aparté,s explicité cette mesure liée aux résultats calamiteux de la France aux tests Pisa. Une comparaison réalisée par l’OCDE pointe les élèves français, trentièmes au classement, en particulier pour les mathématiques. Shanghai, première par les résultats, accorde une centaine d’heures de formation par an à ses enseignants. Faut-il attendre d’être en situation d’échec pour courir à la pêche aux solutions plutôt que d’anticiper et d’appliquer les règles de formation commune à la fonction publique ?
Une autre préoccupation du candidat est la mixité sociale au sein des établissements scolaires qu’il considère comme déficiente. A cette fin Benoit Hamon préconise de revoir l’ensemble du dispositif de la sectorisation des établissements mis en place, en passant par l’affectation des élèves (bien que l’on assiste depuis des années et de façon récurrente à la mise en place de nouvelles mesures sans pour autant améliorer sensiblement la situation). De même il propose la création d’un service public d’aide aux élèves, avec un effort singulier à ce titre, et pour finir l’intégration dans le processus de décision de l’Éducation nationale d’un système d’analyse en temps réel de « ce qui marche ou ne marche pas ». Ces mesures s’accompagneraient d’une première création de postes de 37 000 fonctionnaires, avec un objectif final d’environ 40 000 recrutements. Pour l’enseignement supérieur la création d’un conseil de l’orientation pour le supérieur est prévue avec une prise en compte de bac -3 à + 3 afin de fluidifier et réformer le premier cycle du supérieur.
De surcroît Benoit Hamon plaide pour une analyse des résultats des réformes sur le long terme, soit un temps supérieur à 5 ans. Dans le domaine de la culture la mesure phare est la suppression de la publicité sur les chaînes publiques.
Ce programme orienté sur l’éducation et la culture n’est pas réellement constitué d’annonces novatrices, il s’agit plutôt d’un mixte entre les souhaits du ministère de l’Education nationale et ceux des électeurs de la circonscription de Benoit Hamon.
Jean Cousin, Marie Combes