Cars News, High tech 15/06/2020

Benoît Jacob de BMW à BYTON

by Rédaction

BYTON (« Byte on wheels »)est un constructeur automobile chinois basé à Nanjing. Fondée il y a un peu plus de quatre ans, la marque a été créée par d’anciens hauts dirigeants du monde automobile. Parmi eux, Carsten Breitfled qui a travaillé sur la conception de la BMW i8. Leur premier modèle, le « Crossover Concept », a  tout d’abord  été présenté au CES Las Vegas, ainsi qu’ un SUV 100 % électrique, le M-Byte.

Benoît Jacob qui aussi travaillé sur le design de la BMW i8, répond à notre interview dans le cadre de son travail avec la marque BYTON.

Pouvez-vous revenir brièvement sur votre parcours et les raisons qui vous ont conduit à rejoindre l’aventure BYTON ?


Mon parcours est un peu atypique. J’ai eu l’opportunité de commencer à travailler, en étant autodidacte, il y a maintenant presque vingt-cinq ans, au design Renault. Puis sponsorisé, j’ai finalement décroché un diplôme. J’y suis resté plusieurs années en contribuant à de nombreux projets, et c’est là que j’ai beaucoup appris. Ensuite au début des années 2000, j’ai passé trois ans chez Volkswagen, avant de rejoindre en 2004 BMW à Munich pour m’occuper entre autres du design des BMW i et des projets avancés. J’y suis resté douze ans.
J’ai rejoint  BYTON pour y découvrir quelque chose de nouveau. Il y avait tout à construire. L’équipe, les processus, l’identité et finalement le design des véhicules, presque tout en même temps. La vision et la liberté de pouvoir agir m’ont convaincu de sortir du cocon des grandes entreprises pour un peu d’aventure. Je ne le regrette pas.

Le M-Byte a été dévoilé récemment. Pouvez-vous nous en dire davantage sur la genèse du design de ce modèle (contexte, personnes impliquées…) ? Quel a été le brief de départ ?


Je me souviens être allé à Hong Kong après avoir quitté BMW pour y rencontrer mes collègues co-fondateurs. Nous étions une douzaine. De retour dans ma chambre d’hôtel, je me suis demandé ce qui m’avait pris et ce que je faisais là ; grosse panique donc. Passé ce moment, de retour à Munich, je me suis acheté un portable d’occasion et me suis mis au travail. J’ai passé mes premiers jours à définir assez précisément ce qui devait se passer pour la première année, l’objectif étant de livrer un concept-car à ce terme. Donc, définir les différentes activités et en gros le budget. Ça allait bien mieux après. Ensuite, il a fallu recruter, et j’ai passé davantage de temps à me faire interviewer par les candidats que moi-même à les questionner sur leur parcours. On sort de nulle part, qui êtes-vous ? que voulez-vous ? etc. C’est normal il fallait l’accepter, mais j’avais la chance d’avoir une relative notoriété dans la profession ce qui a un peu aidé. Ensuite on s’est mis au travail très rapidement, car avec la Chine, on peut négocier pas mal de choses sauf le timing !

Le design extérieur semble être un compromis, pensez-vous que cela soit exact ?


Le design extérieur de la M-Byte reflète notre ambition et notre vision. Il ne doit pas dépendre des modes, ne pas être trop clivant vu nos volumes et nos marchés, mais cependant très moderne, et suggérer le haut niveau d’innovation à travers le traitement très « high tech » de certains détails tels que les éclairages ou les poignées de porte intégrées par exemple. Nous sommes aussi, en tant que marque premium, très attentifs à l’exécution et la qualité des proportions et des surfaces. Là il y a des règles. De plus, nous n’avons pas cherché une esthétique à tout prix « électrique », car je considère ce type de motorisation est en passe de devenir à terme la nouvelle norme, donc pas la peine de forcer le trait et d’être trop littéral.

Le tableau de bord est extrêmement novateur, quel a été le « spirit » de sa création ?


Nous avons conçu l’intérieur tout d’abord à partir de futurs scénarios. À travers les nouvelles technologies, nos trajets quotidiens ne se borneront pas seulement à conduire ou attendre, mais pourront être aussi l’opportunité de se détendre, se divertir ou même travailler. Ce ne sera plus un temps mort. Ainsi, notre interface, caractéristique avec son écran de 48” et ses multiples modalités d’interaction, est conçue pour s’adapter durant tout le cycle de vie à un contexte technologique ou légal que nous ne connaissons pas encore, d’où l’importance des mises à jour telles que nous les connaissons avec nos smartphones. C’est réellement novateur dans la mesure où nous acceptons dès la conception une certaine part d’inconnu, ce que les ingénieurs et les designers normalement détestent. Mais nous avons relevé ce défi, car nous n’avons pas l’héritage et la complexité, à ce jour, des constructeurs automobiles traditionnels. Quant au design intérieur, nous avons dû énormément innover pour intégrer l’interface, tel que l’écran tactile dans le volant, qui lui…ne doit pas tourner ! Le caractère se veut, quant à lui, épuré, mais aussi protecteur et inspirant confiance à travers les matériaux et les harmonies disponibles.

Comment avez-vous géré les contraintes de luminosité sur une surface aussi importante (de midi à Dubaï, à un coucher de soleil à LA, il y a beaucoup de paramètres d’intensité de lumière) ?


Il est possible pour notre écran d’y montrer ce que l’on veut et par conséquent de régler le contraste. Il y a un mode nuit bien évidemment, et nous avons d’ailleurs développé une technologie que l’on appelle « smart dimming » qui permet sur une dalle LED un noir presque aussi profond que les OLED.

Quelles sont les prochaines étapes ?


Je dis souvent que notre principal problème au design est d’avoir plus d’idées que les ressources de l’entreprise. Cependant, nous sommes déjà occupés à définir les futurs produits de BYTON, tout en collaborant de façon intense avec le marketing et la stratégie sur de futurs scénarii de mobilité, car BYTON cherche à aller au-delà du véhicule en lui-même, en développant l’écosystème associé, quelquefois au travers de collaboration avec d’autres entreprises dans un contexte de digitalisation et de services.

La rédaction

Print Friendly, PDF & Email
Leave a comment