Avec force et lenteur le film Corpo Cesleste se développe et prend de l’ampleur. Celui-ci commence de façon anodine par la présentation d’une série d’actes quotidiens, pour peu à peu se rapprocher du sacré. L’environnement est âpre, rugueux, c’est celui d’une banlieue simple, avec sa musique braillante, qui s’oppose au monde de l’adolescente.
Le quotidien de Marta, 13 ans et personnage principal, est fait de questions, de rapports à son être. Elle lutte dans la redécouverte des usages et habitudes du sud de l’Italie après avoir passé dix ans en Suisse. Avec un visage tourmenté, les yeux brillants, elle observe la ville et ses rites, prête attention à ses sons et à ses odeurs, mais donne le sentiment d’y être étrangère. Nous suivons Marta faire sa confirmation, suivre des cours de catéchisme. Nous la voyons confrontée à la morale de la communauté catholique locale. De l’expérience des règles à la décision symbolique de se couper les cheveux, Marta commence, pour la première fois depuis son retour en Italie, à se construire une nouvelle identité.
Mêlant fiction et documentaire , Corpo Celeste est le premier film de la réalisatrice Alice Rohrwacher, 29 ans. Par la force de son regard, elle porte un regard bienveillant sur une église catholique qui se trouve face à ses défis, ses lenteurs, ses convictions et ses habitudes. Mettre ainsi ce quotidien de la religion à nu, ce quotidien constiué certes de petites choses, mais semblant loin des rêves de toute puissance d’une jeune adolescente. met en scène avec délicatesse et sensibilité, la fragilité et les contradictions de celle-ci.
JC
Forks magazine
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