Le mythe américain, et hollywoodien, de l’outsider qui, contre toute attente et au terme d’un parcours semé d’embuches, parvient à ses fins, trouve dans l’élection du 45 ème Président des Etats-Unis sa parfaite illustration. D’ailleurs Donald Trump, dés le début de sa campagne, a respecté les paradigmes de ce mythe avec ses maladresses permanentes, ses discours brutaux. Depuis le mépris des médias jusqu’à l’abandon par une partie d’une des Républicains de l’appui à sa candidature à quelques semaines du scrutin, le candidat honni menait une quête impossible.
Il est certain que l’attitude d’Hilary Clinton, empêtrée par son goût du secret, les conséquence de l’affaire de la messagerie privée et des emails compromettants, ses relations ambigües avec Wall Street, et ce qui pouvait ressembler à la dissimulation mensongère de son état de santé, n’étaient pas de nature à entrainer l’adhésion des américains hésitants. En outre, paradoxalement, Hilary Clinton a peut être été handicapée par le soutien trop inconditionnel des médias, et celui du Président Obama. Tout cela pouvait être de nature à rassurer l’électorat républicain et, en quelque sorte, si ce candidat entrainait l’hostilité de ce qu’ il ne supportait plus, c’était le Président dont il avait besoin. Et c’est non seulement toute une caste d’experts, de sondeurs, d’analystes et de journalistes, qui a ignoré ce mythe, mais encore, plus illogiquement, la plupart des hiérarques du parti républicain qui n’envisageaient pas non plus la réussite de leur propre candidat.
Mais, concrètement, que pouvons-nous attendre de cette élection? Devant l’affolement médiatique que représenterait « l’inconnu Donald Trump » nous pouvons constater d’ores et déjà un premier paradoxe: les bourses plongent. Or les milieux financiers ont toujours eu tendance à souhaiter que les hommes politiques se concentrent sur la politique, et que les marchés soient laissés à leurs champions que sont les hommes d’affaires.
Or , Donald Trump, est un homme d’affaires parfaitement connu de l’establishment financier. Les seules incertitudes que pourrait engendrer l’élection de Donald Trump se situent au plan politique. Comme la règle aux USA est de remplacer l’administration en cas de changement de majorité, c’est le parti républicain qui va désigner le nouveau personnel des administrations et, en ce cas, rien ne permet de présager que les choses ne se passent pas comme sous les précédentes mandatures. De même les conseillers à la Maison Blanche seront issus du sérail républicain, et nul doute que leur influence sera de nature à ce que les décisions prises par le futur gouvernement soient de nature à respecter les équilibres mis en place depuis fort longtemps.
La conséquence immédiate de cette élection se situe en politique étrangère. Vladimir Poutine, par un télégramme, a félicité Donald Trump pour son élection et « exprimé l’espoir que /soit mené/ un travail mutuel pour sortir les relations entre la Russie et les Etats-Unis de leur situation critique ». Le Kremlin a outre déclaré « être certain qu’un dialogue constructif sera établi entre Moscou et Washington ».
D’ailleurs Donal Trump, dans son premier discours post-élection, a déclaré qu’il était « maintenant temps pour l’Amérique de panser les plaies de la division ». Et d’ajouter: » À tous les républicains, démocrates et indépendants à travers cette nation, je dis qu’il est temps pour nous d’être tous unis. Je promets à chaque citoyen de notre pays que je serai président pour tous les Américains, et ce qui est le plus important pour moi. »
Jean Cousin