Du Chaos au Quai Branly

by Rédaction

Le Quai Branly, très orthodoxe dans sa gestion de l’ordre, se lance dans l’antithèse, en présentant une exposition intitulé « Les Maîtres du Désordres », titre un rien provocateur pour un établissement au choix si policé.  Donc, fi des préceptes de hiérarchie et d’ordre pour cette exposition réalisée sous la férule de Jean de Loisy! Celui-ci la définit d’ailleurs comme « inhabituellement subjective », pour certains elle apparaîtra inhabituellement subversive. Le parcours de l’exposition se porte aux confins de l’Art Moderne avec une peinture de Basquiat représentant Exo, figure mythique apparue au Brésil et en Afrique sous le nom d’Eshu, ou bien sosu.  Sous un autre angle surgit la recherche des « paradis perdus » au travers d’une sculpture dénommée « Le Jardin d’Addiction » de Berdaguer & Péjus, où les fioles, situées aux extrémités de la tentation, contiennent de puissants psychotropes. L’exposition amène à des rivages de puissances divines, qu’il faut amener à plus « d’ordre », grâce à des intercesseurs,  pôles « incontournables » de la négociation nécessaire avec les figures du désordre.  Ce sont alors les passeurs, les intermédiaires à l’image d’Orphée, les archétypes de la fine, si ce n’est de l’ imperceptible limite entre le monde des vivants et un monde aux contours flous et mystérieux où la raison n’a plus tout à fait droit de cité. Ce sont donc ces thèmes forts que cette exposition au Quai Branly a pour ambition de nous faire parcourir; Et là, au-delà des objets, des rites et des mythes,  apparaît la question philosophique de s’interroger sur la limite où se trouve réellement la notion d’ordre et de désordre. La peur de ces « esprits » n’est pas la peur de l’homme vis à vis de lui même. Cette exposition souhaite aussi montrer que les phénomènes du hasard ne peuvent être maîtrisés malgré tous les efforts de rationalité que  suppose un monde fait d’ordre lié cette fois aux religions non païennes. La voie divine est omniprésente, dans toutes ces tentatives pour rentrer dans l’ordre au milieu des désordres, et  se concilier, si ce n’est un dieu, à tout le moins ce qui peut sembler une protection suprahumaine.

Donc une exposition à aller voir et à analyser au-delà de son apparence .

Musée du Quai Branly, du 11 avril au 29 juillet 2012.

Forks magazine © Forks 2012

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