News, Politique 10/05/2017

Dure journée pour Jean-Christophe Cambadélis

by Rédaction

Dure journée pour le PS, après l’annonce par Emmanuel Valls, au micro de RTL, de sa volonté d’être candidat aux législatives sous la bannière de « La République en Marche » , et  quelques propos peu amènes pour son ancien parti. Le  PS semble avoir choisi la voie  du « Wait and See » car les divergences sont profondes tant au sein du Bureau national réuni mardi, qu’avec le programme présenté par Emmanuel  Macron lors de la campagne présidentielle.
En effet, comme le soulignait Alexis Bachelay à sa sortie  du Bureau national ,  les retraites par points, la baisse de 120 000 fonctionnaires, le traitement de l’assurance chômage ne sont pas compatibles avec les valeurs du PS. Mais « dans le même temps » certains caciques socialistes semblent souhaiter une approche plus positive envers « En Marche », si ce n’est intégrer son gouvernement.

Bien que Jean-Christophe Cambadélis ait fait, à la suite du Bureau national, une conférence de presse toute en rondeur, l’exercice d’équilibriste sembla atteindre ses limites pour plusieurs raisons.

La principale était l’impossibilité pour le PS de réaliser le « deuil » de la politique mise en oeuvre sous le quinquennat de François Hollande. Et d’établir clairement auprès des Français le postulat qu’il y avait un avant, mais que désormais il y a un après.
Car si, de bien entendu, il serait totalement infondé de prétendre que tout, durant ce quinquennat,  ne fut que mauvaise politique, ce qui compte, à la veille de ces élections législatives, c’est le ressenti des Français et l’expression de celui-ci a été sans appel. Et ce, par deux fois. L’une lors de la primaire de la Belle-Alliance où Manuel Valls fut rejeté,  la seconde lorsque, malgré le programme de Benoit Hamon qui offrait de spectaculaires avancées sociales, celui-ci ne fut même pas perçu. Apparemment les électeurs ne souhaitaient par renouveler leur confiance à un candidat issu du PS.

On ne sait si Jean-Christophe Cambadélis est partisan de cette analyse, mais pour le moment il navigue pour le moins à vue.  Tout d’abord  les résultats des votes au premier et second tour ne placent pas Emmanuel Macron dans une dynamique électorale telle qu’il faille composer outre mesure. Par ailleurs dans l’attente de la divulgation jeudi et de la liste des candidats aux législatives du mouvement « La République en marche » rien ne permet  pour le  PS d’analyser finement la situation et les éventuelles les pertes de circonscriptions.

Dans cette attente le secrétaire général du PS annonce qu’il y aura 400 candidats, qu’il est  nécessaire de « faire un barrage au FN », que ‘le PS sera dans une opposition constructive », avec un concept  » une gauche sans frontière ».   » Nous ne pensons pas – précise-t’il- que nous luttons contre la fragmentation dans notre pays » (…) ce n’est pas avec un parti unique que l’on réglera les problèmes des Français (…) Nous pensons qu’il y a un immense besoin de dialogue et d’écoute ».
Pour ce faire un renouvellement avec 60% de nouveaux candidats, une parité exemplaire. Pour Jean-Christophe Cambadélis la fragmentation des votes entre quatre candidats aux résultats au coude à coude implique que « l’offre politique sature l’espace politique ».  Le secrétaire général souhaite en outre que tout se fasse avec  » un esprit d’équipe » car « ‘c’est ce qui n’a pas été fait durant la campagne présidentielle’, tout en soulignant  que « les socialistes sont toujours durs à réunir » .

Mais, si nous résumons la journée, il semble que pendant un temps les membres du bureau politique ne sachent toujours pas vers quelle solution  s’orienter après la sidérante annonce de Manuel Valls ce matin à RTL.  Les avis divergent. La difficile négociation pour parvenir à une synthèse en est d’ailleurs le signe. De fait pour l’image du  PS la défection de Manuel Valls  est-elle une bonne ou une mauvaise nouvelle? Un départ du PS de l’ancien Premier ministre pourrait représenter une clarification par rapport à la politique menée dont une grande majorité des Français ne voulait plus.
Mais la question restant en suspens est celle-ci: les dirigeants du PS ont-ils réellement perçu une certaine hostilité de beaucoup de Français au mot PS ? Comme l’expliquait une militante à la sortie du bureau national. N’hésitant pas à faire part des difficultés rencontrées lors son action militante, elle a pu constater, lors de la campagne présidentielle, que des citoyens « claquaient la porte au mot PS ». Et d’exprimer « in fine » son sentiment que, somme toute, certains responsables politiques du PS étaient »hors sol ».

Par conséquent si certains semblent considérer que la mauvaise perception politique du quinquennat est uniquement due à la présence de « frondeurs »,  leur analyse n’est-elle pas un peu courte? Ont-ils réellement pris en compte que  souvent les Français ont été amenés à manifester durant ce quinquennat, et que la plupart  ont eu le sentiment, au mieux, de ne pas avoir été écoutés, au pire d’être rejetés. Est-il raisonnable, dans ces conditions, d’attribuer aux seuls « frondeurs » la perception des Français sur les politiques menées par les ministres Marisol Touraine, Najat Vallaud-Belkacem, Myriam Le Khomri. Le soutien inconditionnel à ces politiques et les recours au 49-3 par Manuel Valls, ont laissé des traces profondes au sein de l’électorat .
A la veille des législatives,  pour le PS, l’heure n’est peut-être plus  à l’élaboration d’une synthèse qui puisse inverser la tendance,   mais plutôt à un nécessaire traitement-choc.

Jean Cousin

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