EL QUANTA Une dimension graphique ?

by Rédaction

Entretien avec Alberto Serra

Qu’est-ce qui fait la force du film ?


La foi. Pas religieuse, mais la foi dans le film. L’intuition qu’il y a là quelque chose de poétique. Il n’y a pourtant rien derrière les images. Ce n’est pas la spiritualité, la métaphysique de l’art abstrait. C’est aller encore plus loin. Un lyrisme très moderne, je crois.

AlbertOn pense à la lecture du film à la peinture médiévale, d’avant la Renaissance, où tout ce que l’on voit n’est là que pour témoigner de la foi.


C’est vrai, c’est pourquoi il n’y a pas de perspective, ni au niveau du drame, ni au niveau visuel. Pas de volume spatial ou psychologique. Comme un retable médiéval. Les plans sont posés l’un à côté de l’autre, comme témoins d’une foi, mais sans que cette foi. S’effectue dans une construction, une perspective. Je crois que c’est un vrai film religieux, le premier depuis longtemps.

crew_desertDes personnages les moins définis possibles ?


Oui, ils sont complètement vagues. J’ai fait quelques recherches avant d’écrire, mais très peu, juste pour quelques détails. J’ai écrit le scénario en un jour et demi, le dernier d’un séjour à Mexico et pendant le vol de retour pour Barcelone. J’ai compris avec Honor que le scénario ne servait qu’à obtenir des financements, mais qu’il me servait très peu au tournage. Pour celui-là il n’y a que des idées esthétiques, quelques fantaisies auxquelles je tenais. Dans le scénario, j’écrivais toujours : un roi dit ça, ou fait ça. Un roi, sans dire lequel, sans jamais le nommer ou le caractériser psychologiquement. Parce que cette dramatisation ne m’intéressait pas.

Jean Cousin

Editor in Chief

Forks magazine

© Forks

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