Une avant première innovante a inauguré la fashion-week de septembre 2013. Sous le patronage de l’IFF, cinq créateurs issus d’Indonésie, de Palestine, du Maroc, ou de Malaisie, apparaissent comme les porte-parole privilégiés de leur culture et permettent de découvrir une mode qui ne s’affirme pas comme occidentale. Originaires d’une sphère culturelle particulièrement complexe, ces 5 créateurs construisent l’une des références visuelles possibles d’une mode qui relie le monde moderne à des textiles millénaires. Alliant dans leur travail des techniques ancestrales et la volonté d’ habiller une femme actuelle, ils s’attachent à unir modernité et tradition. De l’un à l’autre reviennent des thèmes que chacun, à sa manière, se réapproprie: motifs architecturaux, médaillons, palmes de Kashmir, travail de broderie, brocarts ou batiks sont repris, agrandis, superposés, mixés. Les motifs traditionnels, par le jeu des surimpressions et superpositions, sont soumis à de savants jeux de couleurs, tantôt complémentaires, tantôt déclinés en camaïeux. La somptuosité des matières, lourdes soieries damassées parfois, enrichie de motifs ethniques accompagne une silhouette mouvante.
Parmi ces créateurs certains ont choisi de s’installer à Paris. C’est le cas d’Indu Mahdi,, ou de Jonathan Liang. porte-paroles d’un design eurasiatique. D’autres travaillent dans leur pays comme Ghea Panggabean qui renouvelle les batik de Java et songket de Sumatra. Hoda Haddad est reconnue pour sa « hoda touch » grâce à ses traditionnels caftans transformés dès lors en caftan couture. Tom Abang Saufi garde la silhouette traditionnelle des femmes de son pays mais soumet les batik à un travail d’une complexité remarquable.
L »association des tissus qui foisonnement de couleurs renforce la richesse graphique des motifs. En préservant une authenticité culturelle et construisant une autre image de la femme, ces créateurs donnent l’image d’une mode très différente, mais d’un raffinement incontestable. Luxuriance des associations chromatiques, drapés sculpturaux des coiffes, alternance de pièces très structurées et de flou, compositions en trompe-l’oeil, manteaux de lainages ceinturés d’or, audacieuses associations d’impressions géométriques, de motifs stylisés ou de bestiaires surdimensionnés . De cet opéra visuel surgit une mode aussi précieuse que les bijoux qui l’accompagnent. Avec ces cinq créateurs c’est une autre vision de la femme, un métissage de tradition et modernité,
Ainsi, après les influences japonaises ou coréennes voici un nouveau design où les motifs ne sont plus des emprunts exotiques exploités par un couturier ou un créateur occidental mais deviennent l’essence même de la création. C’est dans le monde de la mode l’émergence d’une authentique. identité créatrice.
Dominique Grimardia
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