A Nice l’opposition est en grande forme. Pour preuve, la dernière conférence de presse de Patrick Allemand intitulée « Le budget des mensonges et des reniements ».
Sont en effet mises en cause d’une part la vente des parts de la Métropole de Nice dans le capital de la société aéroportuaire de la ville, et la mise en oeuvre d’un taux métropolitain de 6,4% d’autre part, nouvelle taxe sur le foncier. Une nouvelle taxe qui constitue un sujet particulièrement sensible dans une agglomération où la majeure partie des propriétaires fonciers est constituée de seniors. Des projets qui confirment des besoins de financements à court terme de plus en plus pressants, cela afin d’ équilibrer des budgets en constante augmentation et des ressources trop peu pérennisées.
Pour Patrick Allemand, il s’agit d’une gestion construite sur une succession de mauvaises décisions, qui a entraîné ces dérives budgétaires. La Métropole de Nice, créée en 2012, présente une dette de près de 1,4 milliard d’euros avec une capacité de désendettement approchant les 11,3 ans. De surcroît les annuités de la dette sont passées de 84 millions d’euros en 2013 à 120 millions en 2018.
Les possibilités de manoeuvre budgétaires sont donc particulièrement réduites pour Christian Estrosi. Et pourtant, dans le même temps, Christian Estrossi déclare à Nice-Matin que la dette ne serait que de 636 millions d’euros, une déclaration à tout le moins contradictoire.
De fait la situation financière de Nice et sa métropole est réellement préoccupante compte-tenu du niveau stratosphérique de l’endettement de cette ville et de sa Métropole. Un encours de près de 2 milliards a été constitué en quasi totalité lors des deux mandats de Christian Estrosi à la tête de ces collectivités locales. De plus les investissements liés à cette dette n’ont pas permis de réduire le chômage ni non plus d’augmenter de manière significative les rentrées fiscales. Tout cela est de nature à déstabiliser durablement Christian Estrosi.
Et, dans un contexte où les résultats de sa gestion le fragilisent sur le plan électoral, le mouvement « La France Audacieuse » lancé en octobre 2017, et dont Christian Estrosi était le porte-parole, peut apparaître comme une manoeuvre destinée à lui offrir une pérennité politique.
Concomitamment Eric Ciotti déclare « réfléchir » à se présenter aux élections municipales niçoises de 2020, une position à rapprocher de la déclaration de Valérie Pécresse qui, lors du congrès national du LR, le samedi 27 janvier 2018 à la salle de La Mutualité à Paris, annonça: « Nous soutenons la candidature d’Eric Ciotti ». Lors de la conférence de presse du 5 mars 2018 celui-ci a fait part de sa demande «personnelle» à Christian Estrosi « de renoncer à cette augmentation qui va lourdement pénaliser nos concitoyens qui subissent déjà une pression fiscale forte, que le gouvernement Macron continue d’accentuer ».
Eric Ciotti n’ignore pas que la décision d’imposer une taxe supplémentaire sur les contribuables locaux est absolument nécessaire à son potentiel futur rival. Cette taxe supplémentaire représente une rentrée fiscale complémentaire de 63 millions d’euros et éviterait la mise sous tutelle de la Métropole de Nice.
Cette éventualité est en effet parfaitement possible lorsque la capacité de désendettement d’une collectivité atteint plus de 12 ans. Et, de fait, comme l’a confirmé Patrick Allemand par un échange de courriers, le système d’alerte locale aurait bien été actionné par le préfet des Alpes Maritimes. Ambiance…