Concomitamment à deux expositions, l’une, l’année dernière, au château de Tours, l’autre, cette année, au Jeu de Paume, un livre de photos est consacré à une période particulière de la carrière de photographe de Franck Horvat. Ce livre retrace la période d’un travail plus orienté reportage que mode. Des photos prises à Rabat attirent immédiatement l’attention.
De fait, il s’agit d’une partie peu connue de la carrière de Franck Horvat. Franck Horvat a eu un retentissement important pendant la période correspondant à ses parutions dans les journaux de mode. Pour résumer, Franck Horvat est un photographe important, mais relativement peu médiatisé. Ce livre couvre la période des années 50 aux années 1965. 250 photographies sont présentées, de celles du début de sa carrière à celles de son envol créatif au sein des rédactions des magazine de mode jusqu’aux années 65.
Ces photos sont différentes de celles qui couvrent la fin des années 60 et de celles des années 70. Le choix des travaux et tirages photographiques améliore la vision de ce que nous connaissions de son travail. Il est intéressant de pouvoir plonger dans l’univers des photographes de mode des années 68 à 76. Le commissaire d’exposition indépendant et spécialistes de l’histoire de la photographie a donc défini un prisme conduisant à un choix particulier. Il est exceptionnel de rencontrer une activité à cheval entre le travail de reporter et celui de photographe de mode. Il s’agit plutôt de photos réalisées avant que Franck Horvat ne devienne une star de la photographie de mode dont les plus grands journaux cherchaient à obtenir la collaboration.
Sinon, que retenir de ces années d’après-guerre? Le talent de Franck Horvat s’établit sur sa vision du quotidien des quartiers où il vit. C »est une prise de vue mode. A-t’il choisi l’angle de réaliser plutôt des photos de reportage? Les conçut-il pour correspondre à une mise en scène classique? À l’époque.
Franck Horvat choisit donc de quitter les studios pour capter une vie fondée sur le quotidien de la rue, et délaisser les classiques photos en studio.
Ce qui est regrettable, en fin de compte, c’est que ce livre édité sur son travail photographique le soit après sa mort. Alors qu’il était un homme intelligent et cultivé, nous avons perdu la possibilité de réaliser des interviews qui eussent affiner la compréhension de sa vision de photographe. Pourquoi donc attendre la mort d’un photographe pour présenter son œuvre au public ?
Jean Cousin