News, Politique 22/02/2017

François Bayrou: « La solution inédite »

by Rédaction

Mercredi 16h30: ambiance des grands jours dans la grande salle du siège du mouvement Les Démocrates dont François Bayrou est le président. Un journaliste commente en directeur une chaine que, depuis les présidentielles de 2012, celle-ci n’avait pas été aussi pleine. Une remarque de bon sens, compte-tenu de l’impossibilité de trouver le moindre siège disponible ce qui, même en 2012, était d’ailleurs possible. Les spéculations vont bon train. Rien n’a filtré de la teneur de la déclaration de François Bayrou. Se présente-t’il ? Se rallie-t’il? A qui? Se tient-il à distance de la présidentielle?

François Bayrou nous a en effet habitué à des revirements spectaculaires, celui par exemple du deuxième tour des élections présidentielles de 2012 lorsqu’il annonça qu’il voterait pour François Hollande, afin de dépasser les clivages et faire une nouvelle politique. Le coût de ce ralliement fut très lourd. Malgré l’élection de François Hollande, François Bayrou se retrouva sans mandat électif aux législatives qui suivirent les présidentielles, et ne retrouva un mandat à Pau que lors des élections municipales de 2014. François Bayrou n’avait pas une seule seconde envisagé que François Hollande souhaitât mette en oeuvre une politique plutôt de centre droit que de gauche. Cinq ans plus tard le calcul du Président de la République s’est avéré un échec qui lui a imposé de ne pouvoir se représenter, plus parce qu’il a donné aux français le sentiment de ne pas avoir mis en oeuvre la politique pour laquelle il avait été élu, que pour de mauvais résultats économiques et sociaux pour la France.

Ce mercredi donc les premier mots de François Bayrou furent: » Je veux vous dire la gravité de la situation « . Il poursuivit son discours en évoquant « le dévoilement des affaires », « des candidatures qui posent toutes question ». Lorsqu’il affirma avec un accent gaullien qu’ « un peuple qui ne croit plus à sa vie publique est un peuple en danger », sa candidature à la présidentielle sembla se confirmer. Et lorsqu’il évoqua les dangers de l’extrême droite, le spectre de « la déchirure peut-être définitive de l’Union Européenne », lorsqu’il insista sur « cette situation dans laquelle /il/ mesurait sa responsabilité personnelle et celle du courant politique dont /il/ a la charge », le sentiment général fut que François Bayrou était bien candidat.
Eh bien non! Deux voies lui semblaient possibles. Car du moment où le choix initial de « l’accord dont il avait rêvé avec Alain Juppé » n’était plus envisageable, il ne lui restait plus que « celui de sa candidature ou encore la recherche d’une solution inédite »

Cette solution inédite est donc une alliance proposée officiellement par voie de presse à Emmanuel Macron, assortie de quatre exigences: la « volonté d’un vrai changement de pratique (…) et non un recyclage des pratiques antérieures », une loi sur la moralisation de la vie publique, l’engagement afin que la France « résiste à la pente universelle qui cherche à réduire sans cesse la rémunération du travail », et l’élection à la proportionnelle « pour que le pluralisme qui est la véritable expression du pays soit enfin respecté ».

La realpolitik de François Bayrou apparaît clairement dans son éloge d’Emmanuel Macron, un homme « brillant, dont les intuitions et la qualité de l’approche lui ont permis de réaliser une importante percée dans les sondages ». Tactiquement c’est parfait. François Bayrou dispose d’une expérience de poids en matière présidentielle: trois candidatures, un siège politique confortable, un parti en ordre de marche. Et assurément Emmanuel Macron dispose, selon les instituts de sondages, d’un socle de 14 à 20% d’intentions de votes, un score proche des 18,45% de votes obtenus par François Bayrou à la présidentielle de 2007. Mais il reste sans parti, sans expérience d’élections, puisqu’il s’agit de sa première confrontation aux votes des Français.

Toutefois bien que François Bayrou évoque qu’il est « du coté du rassemblement » – ce qui est effectivement une constante chez lui, mais généralement après avoir tenté une échappé en solo- et insiste sur le fait « que l’heure exige de dépasser les intérêts personnels et partisans, pour construire l’avenir que la France mérite », il n’en demeure pas moins que l’on serait tenté de constater que la construction intellectuelle qu’il nous présente se rapproche plus d’une stratégie destinée à coller au plus prés du leader du peloton, après le retrait forcé de l’ancien leader qu’était Alain Juppé.

Alors OPA ou volonté politique sincère? Les prochaines semaines nous permettront peut-être de le discerner.

Jean Cousin, Dominique Grimardia

Print Friendly, PDF & Email
Leave a comment