Le chemin fut long pour François Bayrou pour arriver à ce mercredi matin, où il put au Conseil des Ministres présenter son projet de la loi sur la moralisation de la vie publique.
Il y a 10 ans en effet, lors de sa dernière conférence de presse avant le premier tour de l’élection présidentielle en 2007, François Bayrou fit une longue déclaration sur le « plafond de verre ». Ce fut fait avec une telle sincérité que plus d’un journaliste présent resta songeur. Dans le même temps les instituts de sondages émettaient estimation sur estimation lui prédisant sa future présence au second tour. Pourquoi ces déclarations pour le challenger de cette élection? La réponse dix ans plus tard. Il y a une dizaine de jours, le Garde des Sceaux fraîchement nommé fit une longue déclaration sur les refus que lui opposèrent les banques françaises malgré les sondages qui garantissaient un remboursement des frais de campagnes par l’Etat, et un patrimoine immobilier solide en garanties. Des difficultés telles que, selon François Bayrou, ces faits ont pu représenter un handicap certain, car « Il est insupportable qu’une banque privée ait droit de vie ou de mort sur un parti. Je ne suis pas souvent en accord avec Mme Le Pen, mais sur ce point, il y a un sujet ». D’où peut-être un projet de loi assez musclé, et la création d’une banque destinée au financement des campagnes des partis politiques.
Depuis lors les problèmes s’accumulent autour de François Bayrou: mise en cause de Murielle Marnez, mise en cause du Modem, mise en cause de l’affection des taches des assistants parlementaires. Ensuite l’avis consultatif rendu par le Conseil d’Etat (mais que le gouvernement n’est pas tenu de suivre) selon lequel l’étude d’impact du gouvernement sur cette disposition était « beaucoup trop sommaire » , arrivée trop tardivement. Ce même Conseil se demande encore en quoi cette nouvelle banque « serait nécessaire afin de garantir la transparence du financement de la vie politique», alors que Français Bayrou a précisé qu’il s’agissait de s’opposer aux financements par des banques étrangères, ou bien a des faux prêts jamais remboursés. En outre le Conseil d’Etat appuie son avis sur le fait que la loi crée déjà directement, aux mêmes fins, un médiateur du crédit aux candidats et aux partis politiques ».
Dans le même temps, en ce qui concerne l’affaire des « assistants parlementaires » du MoDem, une enquête préliminaire pour abus de confiance et recel a d’ores et déjà été ouverte par le parquet de Paris, suite à une dénonciation anonyme, émanant finalement d’un ancien salarié du MoDem, qui apparemment travaille à la Mairie de Paris. Cette déclaration spontanée plusieurs années après les faits, aurait-elle un rapport avec les prochaines élections municipales? Telle est la question que l’on peut légitiment se poser. En tout cas, le MoDem et son président assurent toutefois n’avoir rien à se reprocher…
Coïncidences, suite logique des affaires qui entourent les partis, maladresses dans la gestion du MoDem. Pourtant certains faits avaient déjà été évoqués succinctement par Corinne Lepage dans son livre « Les mains propres ». Elle y avait noté que la cheffe de cabinet de François Bayrou était l’une des assistantes parlementaires de Marielle de Sarnez. Cela est malgré tout regrettable, car cette loi était attendue par tous les Français. En tout cas François Bayrou n’en a, semble-t-il, toujours pas fini avec les plafonds de verre.
Jean Cousin