News, Politique 13/03/2017

François Fillon: Le délicat exercice de la présentation de son programme à la presse

by Rédaction

Lundi 13 mars:  Après son coup de poker de la dernière chance place du Trocadéro, François Fillon présente son programme pour les présidentielles 2017, dans son QG de campagne près de la porte de Versailles. Il a fait face aux dissensions qui étaient apparues au sein du parti qu’il préside, et la réussite de l’événement lui a permis de poursuivre sa campagne. Son programme, édité sur 95 pages, est sobrement  intitulé  « Mon projet pour la France » . Deux leitmotivs:  « L’urgence est de libérer notre force économique », et  « Mon projet est pour chaque Français, pour nos enfants ».

Lors de son intervention François Fillon a tenu à faire part de son ambition pour la France en indiquant : « Ce projet est un projet de croissance »,  « C’est un projet pour les jeunes », avec trois objectifs: libérer, protéger, réconcilier.

De fait la retraite à 65 ans, l’augmentation de deux points de la TVA, la diminution /suppression de 500 000 fonctionnaires, le rétablissement des 35 heures sont pour François Fillon un moyen de permettre de présenter « Un projet qui se distingue radicalement de celui de mes concurrents. En s’attaquant enfin aux vrais verrous qui paralysent notre économie, il ramènera la France vers des niveaux de croissance de 2% et plus ».

Par ailleurs, ce qui était dans le programme des primaires une réduction des charges salariales, devient une réduction fixe de 350 euros, auquel s’ajouterait une augmentation du quotient familial. Mais tout cela est largement contre-balancé par une augmentation de 2% de la TVA et une réduction des aides sociales (évaluée à 40 milliards lors de la primaire). Ce qui fait que dans le cadre d’une projection pour un célibataire au SMIC bénéficiant d’aides sociales comme l’aide au logement , le gain de pouvoir d’achat ne pourrait être « in fine » que de l’ordre d’une centaine d’euros. Et, selon la configuration dans laquelle il se trouvera, le gain au final pourrait s’avérer être une perte de pouvoir d’achat au cas où la baisse de son allocation logement dépasserait les 350 euros par an.

Le candidat aux présidentielle des LR envisage en outre, tant pour l’Europe que pour la France, « une véritable stratégie industrielle » avec la déclaration « J’assume ainsi une forme de « patriotisme économique » renouvelé, et modernisé. Il ne s’agit pas de protectionnisme mais de défense et de promotion de nos intérêts, dans le respect de la réciprocité. Toutes les grandes puissances ont cette volonté. J’estime que nous devons lutter à armes égales ». Il affirme aussi:  » Il n’est pas normal que dans certains de nos secteurs d’excellence industrielle comme la défense ou les équipements de transport, le marché européen soit ouvert à tous, alors que les grands marchés nord-américains ou asiatiques sont fermés à nos entreprises ».
Mais l’ex-premier ministre qui a gardé son poste  durant près de cinq ans de mai 2007 à Mai 2012, et a fait preuve  d’une rare longévité dans le poste sous la V ème république – seul George Pompidou en gardant la fonction plus de 6 ans a gouverné la France plus longtemps- s’aventure à préciser « Je me battrai donc pour que l’Europe s’attaque enfin à ces déséquilibres, avec la volonté politique dont elle a souvent manqué jusqu’à présent ».

Idem au plan intérieur, la volonté politique  de garantir une amélioration substantielle du niveau de vie des Français  semble  limitée si ce n’est obérée par les mesures envisagées. En effet, comment évaluer les résultats de la réforme du droit du travail, de la suppression des 35 heures, de la baisse des charges pour les entreprises, de la réforme de  la fiscalité, de la réforme des retraites, d’une « forfaitisation » des charges salariales, de l’augmentation des petites retraites, du relèvement du quotient familial, de la baisse des dépenses publiques et la simplification des procédures administratives, au plan financier pour les Français?

Un dispositif complexe, des mesures tous azimuts qui permettraient d’atteindre, selon les objectifs du « cadrage économique » du programme de François Fillon, une croissance de 1,7% en moyenne sur le quinquennat avec une inflation en moyenne de 1,7% . Cela pose question car ceci est d’une part déjà bien en-dessous des progressions  prévues dans le programme de la primaire qui était de 2,1% sur 5 ans avec une inflation inférieure, et tenderait à laisser penser qu’il n’y aurait pas de croissance hors inflation. D’autre part ce n’est surtout pas de nature à répondre à la préoccupation majeure des Français pour l’emploi, car  il est généralement affirmé que l’on ne peut renverser la courbe du chômage à moins de 2% de croissance.

Jean Cousin, Pierre Cusson

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