Grand raout à Menton pour le Conseil national décentralisé du LR. Laurent Wauquier a voulu démontrer que le parti LR était en ordre de marche et se préparait à entamer un cycle glorieux de victoires. Après l’allocution de Jean-Claude Guibal, maire de Menton, l’ élection de la Haute Autorité eut lieu. Ce qui fut fait à l’unanimité et à l’applaudimètre plutôt que par un vote à bulletins ou à main levée. Mais, apparemment, d’après les explications confuses données alors, un vote avait
déjà eu lieu à Paris: les bonnes habitudes du RPR perdurent.
Mais l’essentiel était que le premier message de cette journée du Conseil National passe: le LR est « une famille »,
et surtout une »famille unie ».
Ce ne furent pourtant pas les premiers mots clés, ni les derniers, que cette journée apporta. Différentes tables rondes se succédèrent en effet, depuis le thème « L’Europe nous protège » qui, par un léger glissement sémantique opéré par Rachida Dati puis Nadine Morano, devint « L’Europe qui se protège ». L’intervention de Nadine Morano sur le sujet de l’émigration s’appuya tout d’abord sur les mots » humanité », et » responsabilité » pour conclure par l’injonction « Afrique réveille-toi ». Ce fut, en quelque sorte, exprimer le souhait que ce continent puisse offrir des opportunités suffisantes pour décourager les candidats en direction de l’Europe.
Vint ensuite la présentation des sept piliers de ce qui va devenir le socle de la campagne européenne. Les propositions vont de » la préférence
européenne et réciprocité » au » refus de la concurrence déloyale », en passant par une « Europe des projets pas des normes ». En substance, la position du LR est que les « normes nationales » ne soient pas plus contraignantes que celles édictées par « Europe ». Il faut « sortir des postures ». Malheureusement cette remarque pleine de
bon sens ne fut pour le moins pas réellement suivie ni par Valérie Pécresse, ni, encore moins, par Christian Estrossi.
Lors de la table ronde animée par Jean Leonetti, Valérie Pécresse évoqua une « Europe menacée ». Et celle qui cherchait plus à faire valoir ses différences, développa une vision anxiogène de la situation, usant d’ éléments clés. Ce fut sa vision des ennemis « Trump, Poutine et l’EI » réunis aux portes de l’Europe. De même il n’était pas nécessaire de laisser à Emmanuel Macron le « message européen », car la « situation » était « plus grave », et qu’il ne fallait pas « de table rase ». Lors de la prochaine élection européenne « il faut que l’on soit conquérant », et qu’elle, Valérie Pécresse, est « pour une Europe qui protège ».
Ainsi qu’au sein « d’une Europe de la Défense », Valérie Pécrese, présidente du mouvement politique « Libres », conclut son intervention sur l’expression « Patriotes et Européens ». Elle quitta ensuite immédiatement lePalais de la Médittérannée après n’ avoir accordé qu’un peu plus d’une heure de présence à ce Conseil National.
Mais la palme de l’évanescence peut être accordée sans retenue au président de « La France Audacieuse », Christian Estrossi, qui vint moins de dix minutes lors de la pause du déjeuner. Le Maire de Nice expliqua à la presse , qui était arrivée à le suivre, son apparition fugace par un emploi du temps surchargé par l’inauguration
d’une ligne tramway à Nice, qui, d’après ses explications, lui prenait toute sa journée et n’ autorisait aucune autre activité.
Il est nécessaire de souligner l’intervention de Brice Horetefeux, retardé parce que « Menton c’est beau, mais c’est loin », qui rappela qu’il fallait faire cesser le « chaos migratoire ». Le député de Nice, Eric Ciotti fut fortement acclamé par les 400 délégué(e)s présent(e)s lorsqu’il évoqua ceux qui « ont trahi pour un poste » tout en rappelant en filigrane ceux qui n’en n’avaient pas obtenu malgré leurs gestes d’allégeance.
L’intervention de Laurent Wauquier clôtura cette journée, et adressa ses remerciements au maire de Menton Jean-Claude Guibal, et à Eric Ciotti, des remerciements
accompagnés de déclarations sur « la belle image de la famille des LR », comme sur « la construction européenne qui est mortelle », ou insistant encore sur le fait qu’il est nécessaire « d’entendre les inquiétudes », pour conclure par la constatation que nous avons « une Europe trop lointaine, trop technique, trop peu protectrice ».
Le Président des LR s’appuya aussi sur de nombreuses citations. Charles Péguy: « Le plus difficile est d’avoir le courage de voir ce que l’on voit et de dire ce que l’on voit ». Bertold Brecht: « Si le peuple a mal voté, eh bien! il ne reste plus qu’a dissoudre le peuple ». Sans oublier l’évocation de Hobbes, Montesquieu, Voltaire, Dante, Maupassant, François Villon, Sandor Marai et Kant. Une énumération qui, en fin ce compte, souhaitait démontrer que l’Union européenne ne doit pas être qu’une construction technique et abstraite, mais être le fruit de notre culture commune depuis des siècles.
Jean Cousin