Histoire naturelle de L’Architecture: une nouvelle approche

by Rédaction

Philippe Rahm occupe une place à part dans le monde de l’architecture. Architecte et docteur en architecture, sa thèse lui a permis d’avancer une réflexion pertinente sur les fondements de l’urbanisme et l’habitat. L’exposition à l’Arsenal reprend les thématiques de l »Histoire Naturelle de L’Architecture. L’approche du fait architectural s’appuie sur les faits climatiques et les technologies. Cette démarche ouvre des perspectives différentes,  s’écarte des paradigmes plus classiques fondés sur la politique, les interconnexions sociales ou les liens culturels.

Le facteur climatique a toujours été une préoccupation constante pour la gestion de  l’habitat, qu’il soit nomade ou sédentaire. Comme l’énonce Philippe Rahm,  » l’objectif a toujours été la création d’une petite bulle », avec en corolaire l’affirmation que « l’architecture crée les conditions de confort humain. Un exemple : les chasseurs cueilleurs en fonction des saisons, avec des constructions faite de bois assez faibles en terme énergétique ». Historiquement cette première approche de l’architecture s’est faite au niveau de la Jordanie actuelle. Le facteur déclenchant fut l’apparition d’une nouvelle variété de blé. La sécurité alimentaire s’impose comme un fondement majeur, qui a permis la création de structures urbanistiques et sociales différentes, novatrices pour les populations qui se sédentarisent.

De là des structures administratives apparaissent autour des pôles de stockage : « administration, gardes, autorités religieuses, en sont les exemples principaux. L’apparition de menaces extérieures, comme les Vikings, transforme l’architecture avec la création des châteaux forts, mais toujours constitués autour des stocks de blé ».

A la Renaissance, l’apparition des sociétés marchandes modifie l’organisation architecturale. Il n’y a plus besoin de cette défense locale. Cela entraîne une destruction ou une mise à l’écart des places fortes. Un nouveau type de villes naît autour des échanges commerciaux.

L’espace public doit aussi gérer les conditions climatiques. Les basiliques romaines et leurs vastes coupoles en sont un exemple. L’espace important sous les dômes n’a pas qu’une fonction destinée à créer un sentiment de spiritualité pour les fidèles. Il remplit aussi une fonction de renouvellement de l’air, accompagnée d’un rafraichissement, puisque l’air chaud monte, remplacé par de l’air frais. De même la création de places ouvertes. Ce modèle est intéressant puisqu’il s’agit de préserver des intempéries. Les matériaux utilisés comme le marbre permettent une régularité thermique.

Le Moyen Age est une période particulière pour Philippe Rahm. Il y a une révolution structurée par le Bas et le Haut Moyen Age. Caractérisé par l’effondrement de la civilisation romaine, l’époque voit les modifications de l’architecture : d’abord caractérisées par une perte des modèles de construction, avec, corrélativement, la disparition des sources d’approvisionnement en matériaux.

Cette stratégie climatique des espaces publics repose sur une démarche constante. Les lieux dépendent et répondent à des besoins simples : convivialité et confort. Au XIX siècle, les cafés avaient à la fois une vocation sociale d’espace public et offraient la possibilité de se réchauffer en hiver, car les chauffages des particuliers étaient fortement déficients. De même la décoration des pièces d’apparat des places fortes faites de tapisseries, boiseries, tapis et tentures, permettaient de créer des isolations, en sus de montrer la richesse du seigneur.

Les découvertes plus récentes du pétrole, de la climatisation présentent des conséquences induites comme l’émission de Co2, et façonnent aussi notre habitat et nos villes. Le pétrole permet de créer des villes dans le désert. La climatisation, qui représente près de 10 % de la consommation électrique dans le monde, favorise un cadre de vie moderne.

Les dimensions sociologiques, techniques, marchandes constituent, pour Philippe Rahm, les paradigmes de l’évolution de l’architecture et de l’urbanisme moderne. Pouvons-nous utiliser ces clés, et prévoir ce que sera l’architecture de demain, confrontée aux défis des enjeux énergétiques à venir ?

Jean Cousin

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