A la conférence de presse du 18 juin. Jean-Christophe Cambadélis, satisfait semble-t’il de la tournure prise par les événements, a communiqué la décision à l’unanimité du conseil national du Parti Socialiste d’adouber sa proposition de primaire ouverte aux partis du gouvernement, conformément au projet de « Primaire de la Belle Alliance Populaire », proposé par lui la veille. Assurément cette proposition et cette décision ont permis de mettre fin aux débats internes du PS.
Car si certains caciques de ce parti, les plus proches de l’Elysée, semblaient privilégier une candidature du chef de l’Etat, sans primaire, et accessoirement sans débat, une majorité semblait par contre prête à en découdre pour son organisation. Hasard du calendrier, face à des sondages délicats pour le chef de l’Etat, Jean-Christophe Cambadélis choisit une stratégie démocratique de reconquête pour la gauche. S’agissait-il d’un remake de l’Appel du 18 juin, non à Londres, mais à Paris et au PS. Une fois cette décision acquise à l’unanimité du conseil national du PS, la stratégie habile de Jean-Christophe Cambadélis le présente attentif à toutes les factions, et comme le plus à même de défendre les intérêts du Parti Socialiste.
L’objectif est d’assurer les intérêts du PS. En effet avec un dépôt des candidatures mi-décembre pour la primaire de gauche, le candidat LR à la présidentielle sera déjà connu fin novembre. Compte tenu de la multiplicité des candidats, tant au sein du LR que des autres partis, il est difficile à ce jour pour les caciques du PS, de disposer d’une cartographie claire de la situation politique. En décembre les sondages seront des curseurs des plus significatifs pour déterminer, parmi les candidats à la primaire PS, celui qui apparaîtra comme le plus à même d’être présent au second tour, face au candidat LR.
Aux yeux de certains il s’agit plutôt d’un soutien à François Hollande. Celui-ci peut ainsi attendre décembre pour faire part de son intention de se représenter et, si tel est le cas, défendre son bilan dès la fin de l’année. Et, dans ce bilan, le chiffre du chômage frémissant à la baisse est un atout, même si le chef de l’Etat avait initialement envisagé une modification plus significative de cette courbe. Ces chiffres en demi-teintes sont à pondérer à l’aulne des résultats des autres pays de l’union européenne qui subissent une augmentation plutôt qu’une décrue de leur taux de chômage. De même l’annonce d’une croissance légèrement en augmentation, estimée à 1.6% par l’INSEE qui avait initialement tablé sur une croissance de 1,5% en début d’année, est de nature à conforter le bilan du gouvernement.
La décision de cette primaire surprise offre des atouts à François Hollande. Elle peut lui permettre, en cas de victoire, de lui donner un nouvel élan auprès de l’électorat de gauche déçu et critique envers la politique du gouvernement, avant les présidentielles et la bataille contre la droite et l’extrême-droite. Cette primaire pourrait resserrer les rangs du PS, dont les principaux courants peuvent désormais envisager d’avoir un candidat issu de leur rang.
Jean Cousin