Dimanche 11h30, quartier de Montparnasse. Curieux de constater les résultats de l’opération de communication de la Ville de Paris sur la journée sans voitures à Paris, je prends le bus de la ligne 91 tout au long du Boulevard Montparnasse.
Je constate que, loin, très loin de la communication du site de la Ville de Paris, point d’enfants courant dans les rues, point de foules aux terrasses des cafés. Il me semble même qu’il y a moins de monde que les autres dimanches.
Deux personnes âgées à l’arrêt du bus en communication avec leur portable constatent que l’attente est de 21 minutes pour leur bus, ce qui semble fortement les contrarier. Un vélo sur le trottoir déambule. Des voyageurs affairés avec leurs valises vont et viennent à pied. Une forte densité de taxis « maraude » en attente du client, et quelques vélos complètent le panorama.
Fête du taxi, peut-être, car pour les parisiens assignés à résidence, il s’agit d’un dimanche bien morne. A la fin de la journée le bilan pour les restaurants et cafés du boulevard Montparnasse, n’est manifestement pas une hausse de la fréquentation, et plus particulièrement pour les restaurants emblématiques de Montparnasse: annulations, clientèles en baisse, ou bien très mécontentes car obligées de laisser leurs voitures bloquées, puis de prendre un taxi pour arriver à destination, donc plutôt une opération ville morte, avec comme conséquence une « évaporation » du chiffre d’affaires.
Une journée sans voiture est le type d’opération clivante entre les pour et les contre, et n’est pas de nature à adoucir les positions. Mais au-delà des clivages politiques ou de position, ne s’agirait-il pas de la tentation des politiques et des services de communication de créer des événements pour fédérer leurs « aficionados », mais pas de nature à régler les problèmes, en l’occurrence ceux de la pollution.
Ce qui est en effet frappant c’est la contradiction du discours et de la méthode. L’argument massue « stop aux véhicules polluants » n’est pas exact, car l’interdiction de circuler s’applique aussi aux voitures et motos électriques. Ainsi donc le leitmotiv d’Anne Hidalgo ne serait pas la pollution, mais plutôt les déplacements individuels. Il suffit, pour s’en rendre compte, de prendre une voiture électrique pour constater la difficulté pour trouver des bornes afin de les recharger sur la voie publique, et surtout s’apercevoir qu’il est tout aussi impossible de se garer sur la voie publique que pour tout autre véhicule dit polluant.
En concentrant son discours et son action sur les voitures et deux roues motorisés, Anne Hidalgo, n’intervient pas sur la plupart des causes de la pollution à Paris et en région parisienne. Les usines d’incinération, les centrales thermiques, le trafic des poids lourds, le chauffage urbain font partie au premier chef des causes déterminantes du niveau de la pollution. La Ville de Paris fait porter aux citoyens sur leurs propres temps et deniers la totalité du poids des mesures décrétées. Or ces importants efforts financiers ainsi imposés ne permettront malheureusement pas de résoudre les problèmes de pollution.
Ce type de politique spectacle est plus de nature à augmenter le clivage entre les politiques et les citoyens, car après les discours, les promesses et les comptes-rendus triomphalistes, le parisien constate que les problèmes ne sont pas résolus et que son quotidien est rendu plus difficile et plus coûteux.
Jean Cousin